Une délégation du Fonds monétaire international (FMI) est attendue à Beyrouth la semaine prochaine pour une visite de « quelques jours », a affirmé une source au sein de l’institution contactée mercredi par L’Orient-Le Jour.
Il s’agira d‘une « staff visit » (visite de personnel). La délégation sera composée de membres du Fonds chargés de suivre le dossier des réformes demandées aux autorités libanaises dans le cadre de l’accord préliminaire signé le 7 avril 2022 (Staff-Level Agreement ou SLA, ou Accord au niveau du personnel) et sur lequel peu de progrès ont été réalisés en plus de deux ans. En crise depuis 2019, le Liban a commencé à approcher le FMI dans le sillage de son défaut de paiement sur sa dette publique en dollars en mars 2020, pour tenter de souscrire à un programme d’aide devant financer son redressement, mais en vain jusqu’ici. Le pays subit en outre le contrecoup de la guerre de Gaza qui a éclaté le 7 octobre et qui déborde depuis au Liban-Sud.
Le chef de mission pour le Liban est Ernest Ramirez Rigo, qui a pris ses fonctions début 2022, et dont le dernier passage à Beyrouth remonte à septembre dernier. Le calendrier précis de la visite n’a pas été communiqué. L’institution internationale doit en principe programmer une seconde visite cette année, qui s’inscrira cette fois dans le cadre de sa mission d’observation de ses membres prévue à l’article IV de ses statuts, selon la même source.
Un mois après la visite à Washington
Cette visite interviendra un mois après la participation de plusieurs responsables politiques et monétaires libanais aux réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale (BM) à Washington, au cours desquelles leurs interlocuteurs ont mis en avant le retard dans la mise en œuvre de réformes.
Lors de son passage en septembre, le FMI avait pesté une nouvelle fois sur l’incapacité des dirigeants libanais à mettre en œuvre les réformes nécessaires au déblocage des aides internationales, mais avait aussi salué les changements opérés par le gouverneur par intérim de la Banque du Liban (BDL), Wassim Manssouri, qui a pris la relève de Riad Salamé fin juillet 2023.
Pour beaucoup de partenaires du Liban, à l’image de la France, « le FMI est la seule solution viable pour le Liban », comme l’a souligné lors de plusieurs interventions publiques le chef du service économique régional à l’ambassade de France à Beyrouth, François Sporrer. Si le programme que le FMI juge adapté à la situation libanaise prévoit le déblocage de 3 milliards de dollars sur quatre ans, François Sporrer a aussi rappelé que son déclenchement « entraînera le retour de la confiance des bailleurs internationaux et des grandes entreprises internationales ».
En avril dernier, le vice-président du Conseil des ministres, Saadé Chami, a déclaré à L’Orient Today que le Liban n’était toujours pas près de remplir sa part du contrat vis-à-vis du FMI malgré certains progrès enregistrés dans la mise en œuvre des réformes.
Sur son site, le FMI rappelle ses attentes, qui s’articulent sur 4 piliers : renforcer la gouvernance en luttant contre la corruption, améliorant les performances des entreprises publiques ou encore auditant les comptes de la BDL et d’Électricité du Liban (EDL) ; mettre en œuvre une stratégie budgétaire viable qui prévoit la restructuration de la dette publique ; restructurer le secteur bancaire, et mettre en place une politique monétaire crédible.
La structure actuelle du pouvoir est dans l'incapacite totale d'envisager la realisation de la premiere exigence du FMI : "renforcer le gouvernance pour lutter contre la corruption".
10 h 13, le 16 mai 2024