Un nouvel attentat a été perpétré, mercredi vers 9h30, dans la banlieue sud de Beyrouth. L'attentat, une double attaque suicide, a eu lieu à Bir Hassan et visait le Centre culturel iranien, qui se trouve près de l'ambassade du Koweït.
Selon l'armée libanaise, une BMW conduite par un kamikaze a foncé sur un barrage à proximité du Centre culturel iranien. Quasi simultanément, une Mercedes, également conduite par un jihadiste, a explosé à 50 mètres du premier attentat. L'agence de presse iranienne IRNA a confirmé que l'attentat s'était déroulé à proximité d'un centre culturel iranien, des bureaux d'IRNA et de la chaîne de télévision iranienne Irib à Beyrouth. Selon l'armée, 165 kilos d'explosifs étaient répartis entre les deux voitures.
Le ministre de la Santé Waël Bou Faour a fait état d'un bilan définitif de six morts et de plus de 129 blessés, précisant que les identités des victimes sont connues. Il a ajouté qu'il existe aussi "des restes humains et la moitié d'un corps".
Les Brigades Abdallah Azzam ont rapidement revendiqué le double attentat sur leur compte Twitter. "Vos frères des Brigades Abdallah Azzam, compagnie Hussein ben Ali, revendiquent le double attentat suicide contre le centre culturel iranien" à Beyrouth, affirme le groupe. La référence à "Hussein ben Ali" a été choisie, semble-t-il, pour se moquer des chiites majoritaires en Iran et représentant un tiers de la population du Liban, car Hussein est un personnage central de la martyrologie chiite, dont la mort est commémorée chaque année lors de l'Achoura.
Les Brigades indiquent que l'attaque visait le Centre culturel iranien en représailles à l'implication du Hezbollah, soutenu par l'Iran, dans les combats en Syrie. "Nous poursuivrons nos attaques contre l'Iran et le Hezbollah jusqu'au retrait des combattants du parti chiite de Syrie et la libération de nos détenus dans les prisons libanaises", écrit le groupe jihadiste sur son compte Twitter. "Votre sang est le nôtre", lancent encore les Brigades aux Syriens, ajoutant "le parti iranien au Liban (Hezbollah, ndlr) ne sera pas en paix tant que vous ne serez pas en sécurité en Syrie".
Ce groupe jihadiste lié à el-Qaëda avait déjà revendiqué la double attaque suicide, perpétrée à Beyrouth le 19 novembre dernier contre l'ambassade d'Iran au Liban ainsi que d'autres attentats qui ont visé ces derniers mois des bastions du Hezbollah.
Dans une vidéo mise en ligne le 12 février, les Brigades Abdallah Azzam avaient déjà averti : "le Hezbollah iranien et ses intérêts au Liban sont pour nous des cibles légitimes".
Il y a une semaine, l'armée annonçait l'arrestation d'un commandant de ces brigades, Naïm Abbas. Suite à cette arrestation, l'armée avait intercepté plusieurs voitures piégées à Beyrouth, mais aussi dans la Békaa. Des voitures destinées à exploser dans les fiefs du Hezbollah. L'attentat de Bir Hassan est le neuvième perpétré dans un fief du Hezbollah depuis que le mouvement chiite libanais a annoncé qu'il combattait aux côtés des forces gouvernementales syriennes contre la rébellion sunnite. Le dernier attentat remonte au 3 février, quand un kamikaze s'était fait exploser dans un minibus à Choueifat, au sud de Beyrouth. L'homme voulait se rendre dans la banlieue sud de Beyrouth.
(Témoignages : "Nous vivons dans la peur, tous les jours")
L'attentat de Bir Hassan intervient également trois jours après un discours du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, lors duquel il a promis à ses partisans la "victoire" face aux groupes "extrémistes". Il réaffirmé que, face aux groupes jihadistes comme l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) ou comme le Front Al-Nosra, qui combattent en Syrie, "c'est une bataille décisive, historique (...) et son horizon, c'est la victoire".
En avril 2013, le parti chiite libanais a publiquement reconnu envoyer des combattants aider l'armée syrienne, un engagement qui divise profondément le Liban et qui a provoqué l'ire des rebelles syriens, en majorité des sunnites.
Le parti affirme défendre le Liban de la menace "extrémiste", tandis que ses détracteurs l'accusent d'entraîner le pays dans le bourbier syrien.
Cet attentat intervient enfin, alors que les opérations contre les rebelles se sont intensifiées ces derniers contre la petite ville de Yabroud, principal fief des insurgés dans Qalamoun d'où, selon le Hezbollah mais aussi de l'armée libanaise, des voitures piégées sont parties pour exploser dans des bastions du parti au Liban.
Le Hezbollah est engagé dans les combats du Qalamoun.
Voir aussi, les images de l'attentat
Selon l'armée libanaise, une BMW conduite par un kamikaze a foncé sur un barrage à proximité du Centre culturel iranien. Quasi simultanément, une...
commentaires (9)
Comme par hasard, on n'a point vu cette fois-ci sur les boulevards une distribution de pâtisseries orientales !
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
00 h 24, le 20 février 2014