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Liban - La situation

La digue du Hezbollah commence-t-elle à céder ?

Des hommes du Hezbollah. Photo archives AFP.

Il y a quelques semaines, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, expliquait lors de l'une de ses innombrables prestations télévisées que son parti était prêt, à titre de concession ultime, à accepter un gouvernement selon la formule des « 9/9/6 » (neuf ministres pour le 14 Mars, neuf pour le 8 Mars et six pour les centristes).
À l'époque, tout le monde a considéré que cette position reflétait un sentiment de puissance chez les responsables du Hezb qui avaient tout lieu d'être satisfaits, dans l'ensemble, des bonnes nouvelles les concernant en provenance de Syrie.


Aujourd'hui, le parti de Dieu s'est brusquement replié sur la formule dite des « trois 8 » (huit ministres pour le 14 Mars, huit pour le 8 Mars et huit pour les centristes) que Hassan Nasrallah avait dédaigneusement rejetée.
La différence entre les deux formules ? La première accorde le tiers de blocage aux deux grands camps en présence ; la seconde ne la concède effectivement qu'au 14 Mars, la part revenant au Premier ministre désigné, Tammam Salam, devant en principe être répertoriée parmi le lot des centristes, alors même qu'il est issu des rangs de l'alliance.


Certes, en dépit de cette concession, clairement formulée mardi devant le président de la République par les deux Khalil (Ali Hassan et Hussein), négociateurs du tandem chiite Amal-Hezbollah, le 8 Mars espère toujours pouvoir manœuvrer en parlant d'« arrondir les angles », ce qui pourrait se traduire par le rajout d'un « ministre-roi » par ci ou d'un cinquième homme par là, ou même carrément par le maintien de M. Salam dans le lot de huit consacré au 14 Mars, les huit ministères qui reviennent au centre devant alors être partagés uniquement entre le président Michel Sleiman et le chef du PSP, Walid Joumblatt.


Cependant, que la manœuvre puisse aboutir paraît à ce stade assez problématique. Et la concession est énorme en soi : c'est la première fois que le Hezb accepte de se départir d'un atout qu'il considère comme stratégique, à savoir le tiers de blocage qui lui permet de garder un pouvoir de contrôle décisif sur les décisions gouvernementales importantes.
Et ce n'est pas la seule concession. Pour la première fois aussi (depuis Taëf), le Hezbollah envisage un gouvernement dont la déclaration ministérielle ne comporterait pas le fameux triptyque « armée-peuple-résistance » ou quelque chose qui ressemble à cette formule. Enfin, cerise sur le gâteau, il est d'accord sur le principe de l'alternance à la tête des différents ministères, cher à M. Salam.
Il est vrai que là aussi, le 8 Mars tente de s'aménager une marge de manœuvre. Pour lui, la déclaration ministérielle devrait tout aussi bien ne pas inclure la moindre mention sur la déclaration de Baabda et il est toujours hors de question de lier la mise sur pied du cabinet à la participation du Hezb à la guerre en Syrie. En outre, il ne s'est pas prononcé sur le détail de la rotation des ministères.


Face à ce tableau, le 14 Mars se montre pour l'instant extrêmement prudent, voire circonspect. Le manque total de confiance, la surprise devant des concessions faites de façon aussi soudaine, la crainte à l'égard des capacités de manœuvre de l'adversaire restent pour l'instant dominants au sein de l'alliance, par-dessus les nuances traditionnelles entre « colombes » et « faucons ».
De sources concordantes, on affirme qu'en dépit de la tonalité très sceptique et même négative des communiqués publiés hier par le secrétariat général du 14 Mars et le bloc du Futur, Saad Hariri ne serait pas opposé lui-même à ce que la percée dans le dossier gouvernemental aille à son terme. À condition toutefois que des garanties solides puissent être obtenues, notamment sur l'alternance, qu'il n'y ait pas de tiers de blocage déguisé et que la déclaration de Baabda soit au centre de l'agenda gouvernemental.


Dans les milieux centristes, on n'écarte pas la possibilité d'un accord en dernier ressort sur ce dernier point, accord aux termes duquel la déclaration de Baabda serait prise en compte, ce qui permettrait au 14 Mars de ne plus réclamer l'immédiateté du retrait de Syrie des combattants du Hezbollah, le principe de ce retrait étant dès lors avalisé par tout le monde.


À en croire ces mêmes milieux, il reste encore une semaine pour les concertations. Au-delà, s'il n'y a toujours pas de consensus, le tandem Sleiman-Salam procèdera alors, comme l'avait suggéré le président de la République lundi dernier, à l'annonce d'un gouvernement de « non-partisans » (de préférence à « neutre ») dont la mouture serait déjà prête. Il est vrai que le Premier ministre a dernièrement remis au chef de l'État pas moins que trois listes, une de quatorze ministres, la deuxième de vingt et la troisième de vingt-quatre (les « trois 8 »).
Les mêmes sources, qui attribuent les concessions faites par le 8 Mars aux évolutions et transformations en cours dans la région, affirment d'ores et déjà que le ministère des Affaires étrangères serait attribué à une personnalité grecque-orthodoxe du 14 Mars ou apparentée (c'est elle alors et non plus Adnan Mansour qui représenterait le Liban le 22 janvier à Montreux).
Les Finances feraient le chemin inverse et atterriraient dans l'escarcelle du tandem chiite. L'Intérieur irait au courant du Futur. Les Télécoms passeraient de l'autre côté (14 Mars). Quant à l'Énergie, elle ferait partie du lot joumblattiste. Le poids du bloc aouniste est pour l'instant inconnu.
Il reste qu'en dépit de cette percée, un certain nombre d'observateurs continuent de se montrer sceptiques quant aux chances de formation d'un gouvernement dans les jours qui viennent.

 

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Il y a quelques semaines, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, expliquait lors de l'une de ses innombrables prestations télévisées que son parti était prêt, à titre de concession ultime, à accepter un gouvernement selon la formule des « 9/9/6 » (neuf ministres pour le 14 Mars, neuf pour le 8 Mars et six pour les centristes).À l'époque, tout le monde a considéré...
commentaires (10)

Le titre est fort et peut faire penser par erreur à autre chose. La digue des formules politiques est semi-mouvante et le hezb comme il l'a toujours démontré est fléxible sur celle-ci dans la mesure de ses possibilité quand elle peuvent contribuer à trouver un consensus rassembleur des Libanais.. cela devrait-etre apprécié! Par contre je crois que sa digue des principes n'est prete à céder.

Ali Farhat

15 h 12, le 09 janvier 2014

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Commentaires (10)

  • Le titre est fort et peut faire penser par erreur à autre chose. La digue des formules politiques est semi-mouvante et le hezb comme il l'a toujours démontré est fléxible sur celle-ci dans la mesure de ses possibilité quand elle peuvent contribuer à trouver un consensus rassembleur des Libanais.. cela devrait-etre apprécié! Par contre je crois que sa digue des principes n'est prete à céder.

    Ali Farhat

    15 h 12, le 09 janvier 2014

  • J'aime bien le titre dramatique a la Hamlet de l'article... Non, chers amis, la digue du Hezbollah n'est pas en train de ceder. Tranquillisez-vous! Ce que vous ne savez pas encore, et cela est dramatique (!), c'est que Sayyed Hassan Nasrallah est trop sage, trop intelligent et, surtout, trop prudent pour ouvrir ses cartes devant les faucons qui sont presents sur la scene politique locale et internationale...

    Michele Aoun

    14 h 44, le 09 janvier 2014

  • ...Manœuvres de basse cour...oublions!

    CBG

    14 h 41, le 09 janvier 2014

  • Seules les concessions du 8 ou 14 mars aussi pourront en effet sauver le pays du naufrage . Espérons.

    Sabbagha Antoine

    11 h 43, le 09 janvier 2014

  • Un rien les rend fou de joie à ces 14 evanescent ... lol...

    FRIK-A-FRAK

    11 h 22, le 09 janvier 2014

  • ça ressemble beaucoup à Munich 1938. Vous connaissez la suite ....

    FAKHOURI

    10 h 51, le 09 janvier 2014

  • Si les libanais croient à cette mascarade essentiellement à base de Hezbollah, alors nous sommes fichus.

    FAKHOURI

    10 h 49, le 09 janvier 2014

  • GOUVERNEMENT D'UNION NATIONALE SANS LE TIERS DE BLOCAGE "DEVRAIT ÊTRE SANS MANIPULATIONS ET CHOIX DES MINISTÈRES" ET SANS LE SLOGAN DU TRIPTYQUE... C'EST QU'ON COMMENCE À REVENIR À LA RAISON. IL MANQUE ENCORE LE DIALOGUE NATIONAL SUR TOUT CE QUI SÉPARE LES LIBANAIS... ET L'ENTENTE ! ALLEZ, TOUS, UN PEU PLUS DE LOGIQUE !!! ET UN CONSEIL : RENOUVELEZ, VOUS TOUS LES AUTO-RENOUVELÉS ET AUTO ALLONGÉS ET RALLONGÉS " QUE LE PEUPLE N'A POINT ÉLUS" LE MANDAT DU PRÉSIDENT MICHEL SLEIMANE, UN VRAI LIBANAIS ET HOMME DE BONNE FOI... SINON, AMINE GÉMAYEL !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 44, le 09 janvier 2014

  • LA SITUATION. Rien à faire ! Le Hezb-anomalie a transformé le Liban, de manière définitive, en pays aux gouvernements de tiers de mensonges, d'hypocrisie, de trahison, des tryptiques de perfidie et de supercherie !

    Halim Abou Chacra

    08 h 39, le 09 janvier 2014

  • "La digue de ce hézébbb commence-t-elle à céder ?". Évidemment que oui, logiquement ; mais pas encore de son point de vue, car il en est toujours au niveau de sa Sournoise "Ttakkïyâh" !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    03 h 05, le 09 janvier 2014

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