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Le Liban en 2013 - Rétro 2013

No man's land

Était-ce donc l'année de tous les blocages, de l'inexorable descente aux abîmes d'un État exsangue, du décès d'un système politique original, de l'ouverture, totale et définitive, du pays à tous les vents... ?

En ce moment précis, cela y ressemble, en effet, même si l'on doit se dire que les superlatifs font cliché et qu'il est toujours nécessaire d'ajouter la nuance au regard que l'on porte aux événements de la vie d'un État certes tout petit, mais archi-compliqué.

Partant de là, il serait peut-être plus exact de préciser qu'à l'heure actuelle, le Liban se trouve dans la situation de celui qui franchit un terrain farci de mines et que, réellement, nul ne sait ce qu'il pourrait advenir de lui dans quelques mois.

De grands mouvements, parfois contradictoires, se produisent aujourd'hui dans le monde, spécialement celui qui nous entoure. Plus que jamais bloquée de l'intérieur par de véritables preneurs d'otages, la vie politique libanaise évolue donc au gré de ce tourbillon extérieur.

Le bouleversement survenu dans les rapports entre l'Iran et l'Occident, et, ce qui est plus important encore, la nouvelle donne américano-russe qui autorise un retour en force de la diplomatie moscovite en Orient détermineront sans aucun doute la direction que prendra ce pays dans les prochains mois. Mais celle-ci n'est pas tout à fait claire à ce stade. Toutes les options restent donc ouvertes.

Dans l'intervalle, l'abominable guerre en Syrie s'invite au pays du Cèdre et contribue grandement à en pourrir l'atmosphère. Au problème des populations syriennes déplacées, qui prend des proportions dramatiques sur tous les plans et ne reçoit qu'un traitement très partiel, s'ajoutent les retombées de l'implication ouverte, insolente et catastrophique du Hezbollah dans le conflit syrien.

Sur le plan sécuritaire intérieur, le Liban a ainsi connu en 2013, et en particulier dans la seconde moitié de l'année, une détérioration quasiment sans précédent depuis la fin de la guerre. Une part importante de cette dégradation est à mettre, directement ou indirectement, sur le compte de la politique adoptée par le Hezb, propre à exacerber les tensions sectaires.

Seule l'absence chez l'ensemble des protagonistes intérieurs comme extérieurs d'une volonté de susciter une explosion générale a fait que le Liban n'a pas sombré jusqu'ici dans la guerre. En sera-t-il toujours ainsi ? On n'en sait rien, mais on peut risquer d'affirmer qu'il n'y a pas lieu d'être pessimiste à cet égard.

Cependant, s'il n'est pas question, à ce stade, d'un conflit armé généralisé, cela ne signifie pas pour autant que le peuple libanais court vers son bonheur. Tous les indicateurs économiques et sociaux demeurent dans le rouge, plombés une première fois par la guerre en Syrie et une seconde fois par l'échec patent du Liban à se mettre à l'écart de ce conflit. Là aussi, la responsabilité du Hezbollah et des parties qui assurent une couverture politique à son intervention en Syrie est évidente.

Certains croient se dégager de cette responsabilité en invoquant d'autres interventions à partir du Liban en faveur de l'opposition syrienne. Serait-il abusif de dire que le parallèle entre les retombées des diverses interventions est difficilement constatable ?

Reste le domaine politico-institutionnel. Et là, si ce n'est guère encore le désastre définitif, celui-ci n'est plus très loin. Durant la première moitié de 2013, la République s'était littéralement noyée dans les marais de la loi électorale, après avoir été tiraillée dans tous les sens par des populismes destructeurs.

Puis ce fut, à partir de la démission du gouvernement Mikati et de l'annonce quasi simultanée de l'intervention du Hezbollah en Syrie, la lente marche vers le néant. Désormais, les pouvoirs législatif et règlementaire sont figés. Reste la présidence de la République, mais elle est menacée à l'horizon de mai prochain.

Ne serait-on pas en droit de suggérer qu'un lien est probable entre tous ces blocages et la demande de Constituante formulée il y a quelques mois par le secrétaire général du Hezbollah ?

Était-ce donc l'année de tous les blocages, de l'inexorable descente aux abîmes d'un État exsangue, du décès d'un système politique original, de l'ouverture, totale et définitive, du pays à tous les vents... ?
En ce moment précis, cela y ressemble, en effet, même si l'on doit se dire que les superlatifs font cliché et qu'il est toujours nécessaire d'ajouter la nuance au regard que...

commentaires (1)

"Ne serait-on pas en droit de suggérer qu'un lien est probable entre tous ces blocages et la demande de Constituante formulée il y a quelques mois par le secrétaire général de ce hézébbb-làh ?". That is the question ! Wa hâ houwâ baïtoul Kassîd ; et le voilà le fond du problème/sujet !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

03 h 28, le 03 janvier 2014

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Commentaires (1)

  • "Ne serait-on pas en droit de suggérer qu'un lien est probable entre tous ces blocages et la demande de Constituante formulée il y a quelques mois par le secrétaire général de ce hézébbb-làh ?". That is the question ! Wa hâ houwâ baïtoul Kassîd ; et le voilà le fond du problème/sujet !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    03 h 28, le 03 janvier 2014

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