L'ancien ministre libanais et membre du Courant du Futur Mohammad Chatah a été tué vendredi matin dans un attentat perpétré dans le centre-ville de Beyrouth, a annoncé l'Agence nationale d'information (ANI, officielle). L'explosion s'est produite dans la zone de Starco, en face de la banque Audi, peu avant 9h30.
Mohammad Chatah, 62 ans, était un économiste. Il a été le conseiller des anciens Premiers ministres Fouad Siniora et de Saad Hariri. Il a également été ambassadeur du Liban aux Etats-unis et a occupé de hautes fonctions au FMI.
M. Chatah, originaire de Tripoli, se dirigeait vers la maison de Saad Hariri, où devait se tenir à 09H30 (07H30 GMT) une réunion de la coalition dite du "14-mars", hostile au régime de Bachar el-Assad et appuyant l'opposition syrienne. L'explosion, puissante et ressentie à travers la capitale libanaise, s'est produite dans une des artères du centre-ville menant à cette maison où la coalition tient régulièrement des réunions. Sa voiture a été "totalement détruite, c'est une ruine", a rapporté un témoin cité par Reuters.
Le secrétariat général du 14 Mars a appelé les Libanais à prendre part aux funérailles de l'ancien ministre dimanche après la prière de midi devant la mosquée al-Amine, Place des Martyrs, à Beyrouth. Sa famille recevra les condoléances les lundi et mardi à l'hôtel Quality Inn à Tripoli.
M. Chatah, marié et père de deux enfants, était considéré comme le représentant politique de M. Hariri, absent du Liban depuis 2011, date à laquelle le Hezbollah avait provoqué la chute de son gouvernement.
Dans un dernier tweet diffusé peu avant l'explosion, M. Chatah avait accusé le Hezbollah de vouloir contrôler le Liban comme l'avait fait le régime syrien durant 15 ans, avant le retrait de ses troupes du territoire libanais en 2005. "Le Hezbollah essaie d'imposer la logique qu'avait imposée le régime syrien pendant 15 ans : (obliger) l'Etat à abandonner sa souveraineté sur les questions sécuritaires et de politique étrangère".
#Hezbollah is pressing hard to be granted similar powers in security & foreign policy matters that Syria exercised in Lebanon for 15 yrs.
— Mohamad B Chatah (@mohamad_chatah) December 27, 2013
Après l'explosion, des ambulances et les forces de sécurité se sont ruées sur les lieux du drame. Une grosse colonne de fumée noire était visible dans le ciel de la capitale libanaise après l'explosion perpétrée à l'aide d'une voiture piégée. Les télévisions montraient des images de voitures en flammes et de victimes allongées sur le bitume. De nombreux débris jonchaient la rue.
Le directeur des opérations de la Croix-Rouge libanaise a fait état d'un premier bilan de cinq morts et une quinzaine de blessés. Le ministre sortant de la Santé, Hassan Khalil, a, lui, évoqué cinq tués, puis six tués, et plus de 70 blessés.
(Réactions : Hariri accuse implicitement le Hezbollah)
Beyrouth a été frappé par plusieurs attentats depuis l'été qui visaient pour la plupart des bastions du mouvement chiite Hezbollah, dont les hommes combattent les rebelles syriens aux côtés de l'armée du président Bachar el-Assad.
Le dernier en date remonte au 19 novembre lorsqu'un double attentat suicide revendiqué par un groupe lié à el-Qaëda avait visé l'ambassade d'Iran, un allié de Damas, dans un fief du Hezbollah à Beyrouth faisant 25 morts.
Le 9 juillet, un attentat a été perpétré à Bir el-Abed, un fief du Hezbollah dans la banlieue sud de Beyrouth, faisant un tué et des dizaines de blessés. Le 15 août, 27 personnes ont été tuées dans un attentat à la voiture piégée à Roueiss, également dans la banlieue sud de Beyrouth. Hassan Nasrallah a accusé les "extrémistes" musulmans en Syrie d'être à l'origine de ces attaques.
Le 23 août, un double attentat à la voiture piégée contre deux mosquées sunnites avait fait 45 morts à Tripoli, la grande ville du nord du Liban.
Le Liban, ravagé par une guerre civile de 1975 à 1990, est touché de plein fouet par le conflit chez son voisin syrien, notamment depuis que le Hezbollah a envoyé ses hommes aider l'armée syrienne à combattre les rebelles.
Le pays avait déjà été frappé, de 2005 à 2012, par une série d'attentats et d'assassinats visant des hommes politiques et des journalistes hostiles au régime syrien, ainsi que des responsables de l'armée et de la police considérés comme proches de ce camp.
En octobre 2012, un attentat avait notamment visé le chef des renseignements des Forces de sécurité intérieure (FSI) du Liban, le général Wissam al-Hassan, un musulman sunnite proche de Saad Hariri.
L'attentat le plus spectaculaire avait été celui qui avait visé en plein Beyrouth le 14 février 2005 l'ex-Premier ministre Rafic Hariri, père de Saad. Vingt-deux autres personnes avaient péri dans cette attaque suicide.
Le procès des responsables présumés de cet assassinat doit débuter le 16 janvier 2014.
Voir aussi
Attentat de Beyrouth : les images du drame
Mohammad Chatah, 62 ans, était un économiste. Il a été le conseiller des...
L'AVOCAT DU DIABLE : CE SERAIT UN COUP BÊTE SI ENTREPRIS PAR LA SYRIE OU LE HEZBOLLAH, À MOINS QU'ILS ONT PERDU COMPLÈTEMENT ET LES NERFS ET LA LOGIQUE. LA THÈSE DU COMPLOT D'OUTRE LES FRONTIÈRES DU SUD EST LA PLUS ADÉQUATE !
10 h 16, le 28 décembre 2013