Les responsables libanais ont condamné, mardi, l'attentat perpétré vers 11h à Bir el-Abed, un fief du Hezbollah dans la banlieue sud de Beyrouth.
Cet attentat à la voiture piégée qui a fait une cinquantaine de blessés, dont deux graves, vise à destabiliser le Liban, ont averti la plupart d'entre eux.
Cet "attentat montre que les criminels poursuivent leur plan visant à propager la violence au Liban sans faire de distinction entre une région et une autre", a déclaré le Premier ministre démissionnaire, Nagib Mikati.
Le Premier ministre libanais désigné, Tammam Salam, a lui aussi dénoncé un "crime odieux" visant "à destabiliser le Liban".
Le ministre démissionnaire de l'Intérieur Marwan Charbel, lui, s'est rendu sur les lieux de l'attentat, une visite au cours de laquelle le responsable a été malmené par des résidents en colère. Des projectiles ont notamment été jetés en direction du ministre, et des membres de la sécurité du Hezbollah ont tiré en l'air pour qu'il puisse être évacué.
Le ministre a néanmoins réussi à dénoncer un "acte criminel" dont l'objectif est de "détruire le pays". "Ils veulent engendrer un conflit entre sunnites et chiites", a estimé M. Charbel qui a ajouté : "Nous allons laisser les autorités enquêter avant de donner plus de détails".
Le ministre de l'Intérieur lors de sa visite mouvementée sur les lieux de l'attentat. Reportage MTV
"Nous condamnons l’attentat qui nous rappelle les épisodes noirs de la guerre libanaise et que les Libanais veulent effacer de leur mémoire", a déclaré, de son côté, le président libanais Michel Sleiman dans un communiqué. Le chef de l’Etat a appelé "au dialogue entre les Libanais et au respect de la Déclaration de Baabda" qui stipule la distanciation du Liban des crises régionales, notamment syrienne. Il a également appelé "les services de sécurité à démasquer les coupables".
Le président des Forces libanaises (FL) Samir Geagea a également appelé à la mise en oeuvre de la politique de distanciation vis à vis de la crise syrienne. "Il n'y a pas de sécurité au Liban si la politique de distanciation (à l'égard de la crise syrienne) n'est pas mise en œuvre", a-t-il martelé.
Le député Kataëb, Samy Gemayel, a, lui aussi, estimé que l’attentat de Bir el-Abed est le résultat de l’implication des Libanais dans le conflit syrien. "Il s’agit d’une sonnette d’alarme contre toute implication dans le conflit syrien. Les Libanais ne peuvent plus supporter de voir ces scènes à la télévision", a déclaré M. Gemayel à la LBCI.
"Il faut que les responsables reconnaissent leurs erreurs et reviennent sur leurs décisions. La violence engendre la violence", a-t-il ajouté.
Le président de la Chambre, Nabih Berry, a, de son côté, appelé les Libanais "à l’unité et à la vigilance". "Cet attentat visait à semer la mort et des destructions. Cet attentat visait à provoquer des dissensions entre les Libanais", a-t-il averti
"Cet attentat vise à propager les dissensions de la région au Liban. Nous devons tous prendre conscience de la dangerosité de la situation et s’unir pour éviter tout débordement", a déclaré, quant à lui, le député du Courant patriotique libre (CPL), Alain Aoun, à la presse. Il a appelé à la formation rapide d’un gouvernement d’union nationale.
(Diaporama : Les images du drame ici)
L'empreinte d'Israël
"Cet attentat vise à porter atteinte à tout le Liban. La banlieue sud restera une place forte de la résistance contre l’ennemi", a déclaré le député du Hezbollah, Ali Mokdad. Un peu plus tôt, son collègue du même parti, Ali Ammar, avait accusé mardi Israël d’être derrière l’attentat. "Cet acte lâche porte l’empreinte d’Israël et de ses alliés", a déclaré M. Ammar à la presse. "Personne ne réussira à porter atteinte aux engagements de la résistance", a-t-il dit.
L'ancien Premier ministre Saad Hariri a, lui aussi, évoqué Israël. "L'ennemi israélien tente d'engendrer une dissension (au Liban) en menant des opérations terroristes", a-t-il déclaré. M. Hariri a estimé que l'attentat d'aujourd'hui prouve qu'il faut renforcer l'union nationale "afin de garder le Liban à l'écart des conflits régionaux et d'éviter que le Liban ne soit entraîné dans une nouvelle guerre". "Cet acte criminel qui a visé un quartier résidentiel de la banlieue-sud est condamné par tous les Libanais (...)", a-t-il encore dit, appelant à la retenue et au calme face aux dangers dans la région.
Un nuage du fumée noire au dessus de la banlieue sud de Beyrouth peu après qu'une explosion ait été entendue mardi 9 juillet vers 11h. Photo Elie Wehbé
Ces derniers mois, le Liban a été le théâtre de nombreux incidents sécuritaires liés aux débordements de la crise syrienne. Ces incidents ont lieu aux frontières libano-syriennes, mais également à travers tout le pays.
Dernier violent incident en date, les affrontements meurtriers qui ont opposé les partisans du cheikh salafiste libanais Ahmad el-Assir, partisan de la rébellion syrienne, à l'armée libanaise, dans une banlieue de Saïda, au Liban-Sud.
Des affrontements meurtriers opposent également souvent les quartiers historiquement rivaux de Bab el-Tebbaneh, à majorité sunnite et anti-régime syrien, et de Jabal Mohsen, à majorité alaouite et pro-Assad, à Tripoli, au Liban-Nord.
Le 26 mai dernier, deux roquettes Grad de 122 mm avaient explosé dans la banlieue-sud de Beyrouth, faisant des blessés. Et dans la nuit du 20 au 21 juin, une roquette de type Grad également s’est abattue sur un pylône électrique supportant des câbles de haute tension entre Bsous et Jamhour, sans faire de blessés.
A de nombreuses reprises, la rébellion syrienne a menacé le Hezbollah de représailles, en raison de son engagement dans les combats en Syrie, notamment à Qousseir, aux côtés des troupes de Bachar el-Assad.
Le conflit en Syrie divise profondément les Libanais entre partisans et opposants du président Bachar el-Assad, et exacerbe les tensions confessionnelles. La majorité des chiites, emmenés par le Hezbollah, sont favorables au régime syrien, tandis que les sunnites, qui représentent la majorité de la population en Syrie, soutiennent la cause de l'opposition.
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11 h 53, le 10 juillet 2013