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Liban - Cérémonie

Michel Moawad lance un appel à la formation d’un « front de la modération arabe » contre tous les extrémismes

Commémoration du 24e anniversaire de l'assassinat du premier président de l'après-Taëf, René Moawad.

Moawad : « La modération et nous formons la majorité ». Photo ANI

« La modération et nous formons la majorité ». C'est autour de cette idée que sous-tend une volonté de former un front pluriel de démocrates modérés dans un Moyen-Orient ravagé par deux fléaux, les tyrannies barbares et les extrémismes sanguinaires, que le Mouvement de l'indépendance a choisi hier de commémorer le 24e anniversaire de l'assassinat, le 22 novembre 1989, du premier président de l'après-Taëf, René Moawad. C'est dans ce contexte que trois allocutions préenregistrées de l'ancien Premier ministre irakien Iyad Allaoui, l'ancien secrétaire général égyptien de la Ligue arabe, Amr Moussa, et surtout du président de la Coalition nationale syrienne, Ahmad Jarba, ont été diffusées (voir encadrés) devant un parterre archiplein de personnalités politiques et religieuses. C'est également dans ce cadre que le chef du Mouvement de l'indépendance, Michel Moawad, a adressé un message particulièrement musclé au Hezbollah. Le ton général du meeting a d'ailleurs incité le représentant de l'ambassade iranienne à se retirer du Palais des congrès de Dbayé, où se déroulait l'événement.

 

Ali el-Amine
Après la diffusion symbolique de l'allocution du président René Moawad pour l'indépendance, quelques heures avant son assassinat, et les allocutions de l'ancien directeur des FSI, Achraf Rifi, et de la journaliste Gisèle Khoury, selon qui l'assassinat de René Moawad annonce « le protocole meurtrier de la tutelle (syrienne) à venir », le journaliste Ali el-Amine (démocrate, opposé au Hezbollah), a pris la parole pour qualifier sans ambages l'assassinat de René Moawad de « Karbala pour la paix civile et de Golgotha des souffrances libanaises qui n'en finissent pas ». « René Moawad était un centriste face à deux extrémismes : celui de l'animosité à la région arabo-islamique et ses causes, et celui du fusionnement et du suivisme à l'égard de ses régimes despotiques iniques. C'est pour cela qu'il a été tué, a-t-il dit. Il n'était pas chef de milice ou guerroyeur. C'était un homme d'État qui ambitionnait de parachever le rêve du chéhabisme et son projet d'édifier un État de droit souverain. Il a exprimé, durant quelques jours passés à la présidence, la volonté d'un peuple d'en finir avec les guerres absurdes et l'État des milices. Il a voulu recouvrer l'État. C'est pourquoi son assassinat était celui du projet de l'État (...) », a souligné Ali el-Amine.
« Aujourd'hui, les peuples arabes, notamment le peuple syrien, ont décidé d'en finir avec ces régimes, a-t-il ajouté. Nous commémorons le martyr René Moawad à l'heure où les Syriens enterrent leur régime despotique et meurtrier. Celui qui les a assassinés, et qui continue de les tuer, est aussi l'assassin de René Moawad, qui avait rejeté l'équation selon laquelle le Liban n'est qu'une ruelle syrienne, et qui avait refusé que le pays reste un ensemble de ruelles qui s'entre-tuaient. Il a été tué pour que les ruelles restent plongées dans un combat fratricide, pour que les frontières avec la Syrie ne soient pas tracées. À travers son assassinat, l'on cherchait à fonder un Liban où triompherait (...) le non-État sur l'État, la tutelle et l'occupation sur la souveraineté et l'indépendance, la tyrannie sur la démocratie. (...) René Moawad a été tué parce que ses angoisses n'étaient pas chrétiennes au sens sectaire et étroit, mais libanaises. S'il avait été un tenant de la thèse de l'alliance des minorités, il aurait réchappé à la mort... », a conclu Ali el-Amine.

 

Michel Moawad
Dans son discours, Michel Moawad a d'abord renvoyé dos à dos les velléités hégémoniques de l'Iran et d'Israël d'une part, et, de l'autre, l'extrémisme des mouvances jihadistes sunnites et de ceux qui, au service de Téhéran, « massacrent leur peuple par les armes chimiques, nous assassinent et menacent chaque jour de nous couper les mains ».
« Comment certains veulent-ils encore nous ramener sous le contrôle de Bachar el-Assad, sous prétexte de défendre les chrétiens des takfiristes, alors qu'Assad vit ses derniers jours ? Comment certains veulent-ils nous convaincre que, pour faire face au danger israélien qui menace le territoire du Liban, il faille se soumettre à la tutelle iranienne qui menace l'identité et la liberté du Liban ? » s'est-il interrogé.
« Nous n'accepterons ni l'occupation israélienne, ni le despotisme iranien, ni la protection du régime syrien, ni l'extrémisme sunnite ou chiite, ni aucune autre forme de radicalisme. (...) Même si elles s'affrontent, ces forces obscurantistes restent deux faces d'une même médaille : chacune justifie l'existence de l'autre. N'est-ce pas là la nature de la relation entre Bachar el-Assad, l'EIIL et le Front al-Nosra ? Assad ne les biberonne-t-il pas ? N'a-t-il pas fait sortir les leaders de ces formations de ses prisons pour terroriser le monde avec leur aide et justifier ainsi son maintien au pouvoir en dépit de la volonté de son peuple ? » a poursuivi Michel Moawad, dénonçant également la collusion syro-israélienne au Golan depuis 1973 ou encore les « lignes rouges » posées en 2007 par Hassan Nasrallah à l'armée pour empêcher toute intervention étatique contre le Fateh el-Islam à Nahr el-Bared, ou encore l'aide apportée par un député du Hezbollah en 2010 pour la libération du prédicateur sunnite Omar Bakri de prison...


« Tous ceux-là considèrent le Liban comme une carte, ou une arène de règlements de comptes. Tous représentent un danger pour le Liban, a-t-il dit. Mais le plus dangereux et ce que nous ne pouvons comprendre, c'est qu'un parti libanais, qui devrait être notre partenaire national, puisse œuvrer pour spolier la décision nationale et mettre en œuvre l'intérêt de l'Iran et de Bachar el-Assad. Lorsqu'il établit son hégémonie sur les décisions souverainistes, les institutions constitutionnelles et les secteurs vitaux, l'aéroport, le port et autres, ou lorsqu'il les paralyse ; (...) lorsqu'il déclare franchement sa volonté de déformer notre identité et de modifier notre mode de vie pour que le Liban ressemble et s'élève enfin au niveau de sa résistance, le Hezbollah se transforme en force d'occupation », a souligné Michel Moawad, estimant que même Israël et la Syrie n'avaient pu porter atteinte au mode de vie libanais, en dépit de leurs efforts dans ce sens.


Et M. Moawad de poursuivre : « La doctrine du Hezbollah est restée la même : le Liban doit être une République islamique satellite du wilayet el-faqih en Iran. C'est un parti qui n'a besoin de la couverture de personne et qui n'a cure de qui que ce soit. Il veut nous soumettre et nous appelle à nous rendre, tantôt par la menace et l'intimidation, et le terrorisme intellectuel et médiatique, tantôt par le passage aux actes, et tantôt en s'appuyant sur les négociations sur le nucléaire. Nous avons toujours pensé que les États-Unis étaient le grand Satan. Voilà que nous découvrons que nous sommes à leurs yeux un plus grand Satan que les USA ! (...) Il s'est avéré que le vrai projet de ce parti n'était pas de résister à Israël, mais d'établir sa mainmise sur le Liban. Ils veulent que l'on se soumette ? Nous ne l'avons jamais fait, même lorsque toutes les forces du monde ont conclu un accord à nos dépens, durant trente ans d'occupation et de tutelle ! » a-t-il ajouté.

 

« Oui à la confrontation »
« Non à la soumission, non au divorce, oui à la confrontation », a lancé Michel Moawad, mettant Hassan Nasrallah en garde contre le fait qu'il mène le pays, par sa politique, à la destruction totale. « Nous sommes pour la mise en place d'un front de la modération entre chrétiens, sunnites, druzes et chiites – lesquels chiites sont désormais un carburant pour des guerres régionales et qui paient le prix de la dépendance au Hezbollah et à ses options meurtrières en voitures piégées et opérations-suicide au cœur de la banlieue sud. Oui, une confrontation civile pour protéger le Liban, son pacte, son entité, son identité et sa formule pluraliste ; pour imposer l'attachement à la déclaration de Baabda et à la neutralité du Liban ; pour établir un monopole de la violence et de la décision souveraine aux mains de la légalité ; pour faire tomber le blocus établi autour de notre Constitution, recouvrer nos institutions constitutionnelles et souligner notre droit à la démocratie, aux urnes et à l'alternance (...) », a indiqué Michel Moawad.


Et d'ajouter : « La confrontation est une décision. Nous ne pouvons affronter l'extrémisme et les dictatures que par une décision audacieuse de créer un front de la modération au Liban et dans la région, qui fonderait une alliance de principes sur les valeurs de la démocratie et des libertés, de la préservation du pluralisme, de la diversité et de l'ouverture, de la défense de la liberté de croyance et d'expression, du respect de l'homme en tant que valeur culturelle, et de l'accompagnement de la modernité et du développement. Il s'agit d'une décision ferme de faire face à l'extrémisme, d'un projet de vie, de stabilité, de développement face à l'extrémisme, qui est un projet d'explosion et de suicide ; d'un projet de pluralisme, de diversité et d'acceptation de l'autre face à l'extrémisme, qui constitue un projet totalitaire visant à rejeter et éliminer l'autre. »


Il a ensuite appelé les forces du 14 Mars à être les pionniers dans la fondation d'un front de modération arabe multicommunautaire, et les chrétiens à être au cœur de ce projet et à rejeter « toute protection de la part de minorités ou de majorités ». « Soyons les traits d'union, le lien solide et interactif entre les modérés de toutes les communautés », a-t-il souligné, à l'adresse des chrétiens.

 

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« La modération et nous formons la majorité ». C'est autour de cette idée que sous-tend une volonté de former un front pluriel de démocrates modérés dans un Moyen-Orient ravagé par deux fléaux, les tyrannies barbares et les extrémismes sanguinaires, que le Mouvement de l'indépendance a choisi hier de commémorer le 24e anniversaire de l'assassinat, le 22 novembre 1989,...

commentaires (7)

ÉBÉNE BAYYÔ CE MICHEL....

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

19 h 10, le 30 novembre 2013

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Commentaires (7)

  • ÉBÉNE BAYYÔ CE MICHEL....

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    19 h 10, le 30 novembre 2013

  • CE PETIT EST BRILLANT ET A UN GRAND AVENIR. MAIS, CHER MICHEL, APPELEZ D'URGENCE POUR UN FRONT CHRÉTIEN UNI, ET SI L'ISSIME OU TOUT AUTRE ISSIMISSIMO REFUSENT, ILS PAYERONT LE PRIX !

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 16, le 30 novembre 2013

  • L'idée semble louable ...mais des démocrates arabes ...de surcroit modérés...? ou c'est un pléonasme ou c'est une devinette qui cache une appréhension subliminale ...!

    M.V.

    11 h 24, le 30 novembre 2013

  • Que de choses vraies dans ce discours...mais commençons par un front de modération libanais, s'il vous plaît, et n'appelons pas à la confrontation, mais à la collaboration, dans le sens noble du terme, s'entend. Cependant, il est courageux, cet homme qui pointe du doigt les relations pour le moins glauques des pro-syriens avec les "takfiristes",tantôt protégés et choyés, tantôt voués aux gémonies et justifiant l'alliance des "minorités". Mais collaboration M. Moawad, dialogue, petits pas...pas confrontation.Paix à l'âme de M. le Président Moawad,qui aurait été,à n'en pas douter,un grand président pour le Liban,et tous les Libanais.

    GEDEON Christian

    10 h 57, le 30 novembre 2013

  • C'EST BIEN DIT. BRAVO MICHEL RENÉ MOÄWAD !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    10 h 44, le 30 novembre 2013

  • En procédant à l'assassinat du président René Moawad, la dictature de Damas confirme sa priorité la plus perverse, la plus vile et la plus criminelle : assassiner le Liban. Depuis 1976, pas un jour ne passe sans que ladite dictature n'exerce son assassinat de ce pays. De ce fait, ceux qui soutiennent et aident cette dictature assassine sont plus assassins qu'elle, car ils assassinent avec elle leur propre pays. On le voit à l'oeil nu.

    Halim Abou Chacra

    10 h 22, le 30 novembre 2013

  • LE SLOGAN EST BON CERTES... S'IL NE S'ADRESSAIT PAS AUX ARABES !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 52, le 30 novembre 2013

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