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Liban - En dents de scie

Pardonne-nous nos offenses

Quarante-huitième semaine de 2013.
Ce n'est même plus de la déchéance ni de l'agonie; ce n'est même plus ces souillures, infligées de partout, de dedans, dans ton ADN, et de dehors, cent et une fois par jour, tes muqueuses  gangbanged sans amour et sans pitié ; ce n'est même plus tes architectures qui (t')étouffent, ton urbanisme dont le plus pouilleux des bidonvilles se moquerait, ton patrimoine et ta mémoire dynamités, tes espaces verts nanisés, ridiculement sacralisés ; ce n'est même plus ton aéroport qui ne ressemble à presque rien, pratiquement laissé à l'abandon comme au pire des années 80, gangrené par des mafias miliciennes élevées de l'autre côté de la loi ; ce n'est même plus ces milices que tu as vues/faites grandir et qui retournent leurs armes contre tes quartiers dès que Hassan Nasrallah en donne l'ordre, ou qui vampirisent tes campus les plus prestigieux; ce n'est même plus que tes universités se vident parce que tes jeunes s'en vont, arraftouné en leitmotiv, crachant volontiers sur 8 et 14 Mars; ce n'est même plus que ces 8 et 14 sont devenus deux plaies, les premiers par leurs crimes contre l'État et les deuxièmes par leur inaction hallucinée ; ce n'est même plus tes artistes, tes peintres, tes cinéastes, tes romanciers, tes créateurs, tes architectes, tes médecins, tes avocats, toutes tes têtes, enfants d'éléphante, qui te quitteraient à la moindre occasion en te répétant, à raison, qu'ils ne peuvent pas vivre sans toi mais qu'ils se meurent avec toi ; ce n'est même plus tes vendeurs ou tes prestataires de services qui solderaient un rein pour quelques clients en plus par semaine ; ce n'est même plus tes générateurs électriques qui vont imploser tellement ils sont sollicités ; ce n'est même plus tes citernes d'eau, moyenâgeuses, terrifiantes de souvenirs putrides ; ce n'est même plus ton 3G et ton réseau de téléphonie, même fixe, qui crachent du sang pendant qu'un ministre des Télécoms totalement Casimir fait la pub du... 4G; ce n'est même plus ces réfugiés qui n'ont nulle part où aller, qui t'anschlussent pour ne pas mourir et que tu observes effarée, d'un œil bleui ; ce n'est même plus ces clichés pathétiques qui font fantasmer les quelques touristes amateurs d'exotisme : toi maman et putain, toi sainte et salope, toi tchador et minijupe, toi ski puis plongée sous-marine en trente minutes, toi mosquée et église côte à côte, toi phénix treize fois reborn de ses cendres; ce n'est même plus cette immonde démotivation à chaque coin de tes rues, même ton légendaire Je veux et je vais faire la fête est devenu poussif, désabusé, pas blasé, mais juste conscient de sa vanité ; ce n'est même plus ton manque terrifiant d'ambition(s), pire, ta résignation, toi millénaire, toi hiératique, devenue spectatrice de ta propre descente, interminable, aux enfers ; ce n'est même plus que tu assistes aux premières loges au spectacle des autres, bourrées d'argent certes et de pétrole, mais aussi d'idées, de folies, de danses de vie, tu les regardes s'envoler, créer, proposer, prospérer, elles n'ont pas le millième de ton élégance, de tes gènes, de ton savoir-faire et elles te bousculent dans tous les donjons et toi, triste et fière à en crever, tu ne bandouilles désormais que pour leurs succès, le succès des autres, tu applaudis gentiment Dubaï et son 2020 ou ses sœurs, tu ne te souviens plus que tu es Lauren Bacall ou Jeanne Moreau, qu'elles ne sont que des Natalie Portman ou des Marion Cotillard, tu oublies qui tu es et ce que tu es, tu abdiques les bras en croix ou en croissant, Iphigénie sur son autel; ce n'est même plus que tu pleures sur tes propres ruines, tu es drapée et empaillée dans ton passé et ton passé, tes ruines, tout le monde les a oubliés puisque même ton présent est mort, et ce n'est même pas de ta faute : si tu es aujourd'hui cette Beyrouth qui essaie de ne pas mourir, c'est uniquement de la nôtre, de faute, Libanais en général, Beyrouthins en particulier, pas de la tienne, tu vaux toutes les Cités du monde et nous, nous on s'en tape, fondamentalement, impérialement, avec le sourire, avec la certitude que tu ressusciteras encore une fois, une énième fois, on s'en tape pendant que toi, pauvre idiote, tu continues à nous (re)garder, mère ultime et scarifiée, à nous nourrir, à nous blanchir, à nous loger et à essayer de nous protéger, les uns des autres, essoufflée et rachitique, hagarde et sublime.
Il n'y a pas d'amour. Il n'y a que des preuves d'amour.

Quarante-huitième semaine de 2013.Ce n'est même plus de la déchéance ni de l'agonie; ce n'est même plus ces souillures, infligées de partout, de dedans, dans ton ADN, et de dehors, cent et une fois par jour, tes muqueuses  gangbanged sans amour et sans pitié ; ce n'est même plus tes architectures qui (t')étouffent, ton urbanisme dont le plus pouilleux des bidonvilles se...

commentaires (3)

Stakhanoviste de la plume comme d'autres le sont de la mitraille !! lol..

FRIK-A-FRAK

18 h 18, le 30 novembre 2013

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Commentaires (3)

  • Stakhanoviste de la plume comme d'autres le sont de la mitraille !! lol..

    FRIK-A-FRAK

    18 h 18, le 30 novembre 2013

  • SUPERBE!!!!

    Michele Aoun

    16 h 18, le 30 novembre 2013

  • Avec une Chine + ou - réveillée, une Inde qui ne considère + le développement comme 1 vache sacrée, une Afrique Pillée cuite à l'étouffée, un monde arabe écartelé entre des foules à épilepsie meurtrière qui épouvante et des dictatures qui puent à ce point le pétrole que le monde croit renifler les parfums d’Arabie. Ou cet Iran dont on ne prétend pas qu'il sera jamais, avec sa poignée d'ogives nucléaires surely en état de Non-marche et quelques versets moyenâgeux ou.... sataniques, un facteur d'équilibre. Et une Russie qui, sous "l’éclairé" Nain poutinien son petit timonier, a synthétisé les résidus du stalinisme et les maffieuses disgrâces du Fétide capitalisme : Où en est donc cette Beyrouth-là dans tout ce magma ? Qui, svp ? Bayroût ! Hyper hospitalisée la Belle, couchée de tout son long avec un cathéter, une canule et des emplâtres sur sa jambe de bois même pas Cédraie ; à diagnostic carrément inquiétant : perte de conscience et conservation relative de fonctions végétatives. Et y a de - en - de monde à son chevet car que viendrait-il y faire, le monde, à ce chevet en ces temps de "développement" ? Sauf maybe(h) attendre la "stratégie?" des champions de ce hézébbblàh qui, n'en doutons pas, ne saurait tarder ! D'ailleurs, si l’on croisait de tels pâmés dans les couloirs de cet hôpital libanais, on n'hésiterait pas à leur demander où en sont leurs divins Tocs et leurs divines tac....Tics. Ils adoreraient !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    14 h 17, le 30 novembre 2013

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