Syrie: un important chef rebelle meurt de ses blessures

Le chef d'un des plus importants groupes rebelles syriens, blessé la semaine dernière dans un raid aérien, est décédé, ont annoncé lundi les rebelles et l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Le chef du groupe Liwa al-Tawhid, "Abdel Qader Saleh est tombé en martyr", affirme le mouvement sur sa page Facebook. "Abdel Qader Saleh, connu sous le nom de Hajji Marea, a succombé après avoir été touché jeudi dernier lors d'un raid aérien contre une base de la direction du groupe", a précisé l'OSDH. "Il avait été transporté en Turquie et est mort à l'hôpital. Sa dépouille est transférée en Syrie pour les funérailles", a déclaré à l'AFP le directeur de l'OSDH Rami Abdel Rahmane.

Le raid aérien de jeudi dernier mené par l'armée du régime avait aussi tué Youssef al-Abbas, connu sous le nom d'Abou al-Tayyeb, chef des renseignements du même groupe.

Les deux hommes se trouvaient à bord d'une voiture lorsque le raid s'est produit et un autre haut responsable du groupe rebelle Abdelaziz Salamé, a été blessé. Après l'attaque, Liwa al-Tawhid avait arrêté 30 personnes soupçonnées d'être des informateurs du régime de Bachar el-Assad.

Abdel Qader Saleh était le chef des opérations de cette organisation, et était considéré de fait comme son chef. Il était membre de l'état major de l'Armée syrienne libre (ASL, la principale composante de la rébellion syrienne), représentant le front du nord du pays. Liwa al-Tawhid, proche des Frères musulmans et financé par la Qatar, avait été le principal mouvement ayant participé à la prise de la métropole d'Alep (nord) en juillet 2012. L'organisation compte 8.000 hommes et avait rejeté l'autorité de la Coalition nationale de l'opposition, qui regroupe l'ensemble des mouvements d'opposition.

"C'était une personnalité très, très importante dans la région d'Alep, mais aussi il était considéré par beaucoup en Syrie comme une figure de la révolution", affirme Charles Lister, analyste à l'IHS Jane's Terrorism and Insurgency Centre. "Il venait d'un milieu modeste. Il était très pieux mais très ouvert (...) et il conservait de très bonnes relations avec la quasi-totalité des différents groupes", ajoute-t-il. Pour l'expert, "sa mort est un coup dur" pour l'opposition mais cela pourrait "pousser les rebelles à lancer une contre-attaque face à l'avancée du régime".

La mort d'Abdel Qader Saleh intervient en effet alors que l'armée a avancé dans la région d'Alep.

Sur le terrain, deux personnes ont, par ailleurs, été tuées lundi par des obus qui se sont abattus sur la place al-Mawassem à Qassaa, un quartier à majorité chrétienne dans le centre de Damas, a rapporté l'agence officielle syrienne Sana. Depuis des semaines, des obus tombent sur des quartiers de Damas, des tirs imputés par le régime aux rebelles.

(Analyse : Assad en position de force avant un hypothétique Genève 2)

Genève-2

Sur le front diplomatique, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a déclaré lundi à Vilnius qu'il prévoyait l'ouverture de la conférence de paix sur la Syrie, plusieurs fois reportée, à la "mi-décembre". "Je ne suis pas en mesure d'annoncer une date en ce moment. Notre objectif est la mi-décembre", a-t-il déclaré devant la presse.

Il a précisé que le médiateur international Lakhdar Brahimi tenterait de fixer cette date lors d'une rencontre avec des représentants américains et russes, le 25 novembre.

Le quotidien syrien al-Watan, proche du pouvoir, avait annoncé la semaine dernière que la conférence de paix dite Genève-2 sur la Syrie débuterait le 12 décembre à Genève. Aucune source officielle n'a toutefois confirmé cette date.

(Lire aussi : Mobilisation au Liban pour faire face à un nouveau flux de milliers de réfugiés syriens)

Parallèlement, la conseillère de Bachar el-Assad, Bouthaina Shaaban et le vice-ministre syrien des Affaires étrangères, Fayçal Moqdad, sont arrivés à Moscou pour avoir lundi des entretiens sur la préparation de la conférence Genève-2, ont annoncé les agences russes. Ils vont s'entretenir avec les vice-ministres russes des Affaires étrangères, Guennadi Gatilov et Mikhaïl Bogdanov, ont indiqué les agences, citant le ministère russe.

Une source officielle à Damas avait précédemment annoncé à l'AFP la visite à Moscou d'une délégation syrienne de haut niveau, comprenant également le responsable des Affaires européennes au ministère syrien des Affaires étrangères, Ahmad Arnous. Selon l'opposition syrienne, la Russie avait également invité le chef de la Coalition nationale syrienne, Ahmad Jarba, à se rendre à Moscou du 18 au 21 novembre. Celui-ci, tout en se disant "très intéressé", a décliné et demandé une nouvelle date pour ne pas se trouver dans la capitale russe en même temps que les responsables gouvernementaux.

La coalition d'opposition a accepté de participer à des pourparlers de paix à condition que ceux-ci mènent à une période de transition prévoyant le départ du président Assad.

Le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu, se rendra, par ailleurs, la semaine prochaine en Iran pour assister à une réunion internationale pendant laquelle la crise syrienne sera évoquée, a-t-on indiqué lundi de source diplomatique turque.

Eclairage

À l’Escwa, on planifie déjà la reconstruction de la Syrie d’après-guerre

La double apparition publique de Nasrallah, un message aux chiites

Lire aussi
Sit-in de la famille de Samir Kassab, le cameraman libanais enlevé en Syrie

Hezbollah et soldats syriens tentent de prendre Qara : la bataille de Qalamoun engagée