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Le spectre du dérapage sectaire plane sur Tripoli après les agressions contre des alaouites

Des alaouites blessés après avoir été attaqués par des sunnites, le 2 novembre, à Tripoli. Photo AFP

Le phénomène reste, certes, relativement limité et isolé, pour l’heure, mais si rien n’est fait dans l’urgence pour le juguler et le stopper, il risque de provoquer un effet boule de neige... Tel un cristal en chimie qui grandit seul et automatiquement lorsque le processus de cristallisation est déclenché manuellement en laboratoire. La capitale du Nord est aujourd’hui lourdement menacée d’un phénomène semblable : la série d’agressions qui a pris pour cibles ces derniers jours des alaouites de Jabal Mohsen de passage au cœur des quartiers sunnites de Tripoli risque de déclencher des réactions en chaîne et d’entraîner Tripoli sur la voie dangereuse, et explosive, d’une spirale de discorde sectaire. D’où les promptes réactions émanant du président Michel Sleiman et des pôles du courant du Futur, en sus du mufti de Tripoli, Malek Chaar, et de l’ancien député Misbah el-Ahdab, qui, à l’unisson, n’ont pas tari de mots pour stigmatiser les agressions contre les alaouites, qualifiées d’ « actes criminels » et « suspects » (voir par ailleurs).


La dernière en date de ces agressions remonte à pas plus tard que samedi dernier lorsqu’un bus transportant des ouvriers alaouites a été intercepté dans le secteur sunnite de Bab el-Tebbaneh par des miliciens qui ont forcé neuf travailleurs à descendre du bus à un arrêt habituel à l’entrée du quartier. Après les avoir entraînés dans une ruelle interne, ils les ont battus et blessés par balles. Aucune des neuf victimes n’a toutefois été atteinte grièvement.
Un responsable sécuritaire a indiqué sur ce plan que « les hommes armés ont ouvert le feu sur le bus et ont ensuite frappé certains des travailleurs ». « Les neuf victimes, blessées par balles ou par des coups, ont été transportées à l’hôpital », a précisé la source en question qui a confirmé que « le bus dans lequel ils se trouvaient s’est arrêté à l’entrée du quartier de Bab el-Tebbaneh ». « C’est alors que les hommes armés ont attaqué », a-t-il ajouté.
Le responsable précité a rapporté dans ce cadre que la série d’attaques contre les alaouites a fait 19 blessés cette semaine dans les rangs de cette communauté à Tripoli. Trois alaouites ont notamment été blessés au couteau sur la place du Tall, dans le centre de la ville. Un autre homme, employé à la municipalité, a également été attaqué par un assaillant armé d’un couteau. Six autres alaouites avaient été d’autre part blessés au cours de la semaine dans des attaques.

Un suspect arrêté
Face à la gravité de la situation, l’armée n’a pas tardé à réagir et a arrêté un homme soupçonné d’avoir tiré sur les ouvriers. Dans un communiqué publié tard samedi, l’armée a indiqué avoir identifié plusieurs personnes, dont un Syrien, soupçonnées d’avoir participé à l’agression. « À la suite de nos recherches et enquêtes, nous avons identifié les hommes armés et tous ceux qui sont impliqués dans les tirs », indique le communiqué. « Des unités de l’armée ont effectué des descentes dans leurs repaires et arrêté Yehia Samir Mohammad (...) et s’efforcent de rattraper les autres suspects », précise le communiqué.

La peur s’installe
Au plan populaire, les dernières agressions ont créé une atmosphère de peur à Tripoli. Un jeune habitant sunnite de la ville a ainsi souligné sans ambages que « ce qui s’est passé aujourd’hui (samedi) est terrible et l’État doit arrêter ceux qui sont derrière ces attaques ».
Par ailleurs, un coiffeur de Jabal Mohsen a affirmé à l’AFP avoir peur de faire le trajet quotidien jusqu’à son salon de coiffure dans le centre-ville de Tripoli. « Depuis la dernière bataille, j’ai reçu des menaces par téléphone, j’ai peur de me déplacer dans le centre-ville, je songe à fermer mon salon », a-t-il expliqué, sous couvert d’anonymat.
Signalons enfin que deux incidents isolés se sont produits dans la soirée d’hier à Tripoli, faisant un mort (Ali Sidawi dans le secteur de Souweika) et un blessé à Kobbé (un soldat de l’armée, Daniel Chammas, qui était habillé en civil).

 

 

 

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