Rechercher
Rechercher

À La Une - Syrie

De « paria », Assad est devenu « partenaire »

Lavrov juge les menaces de l’opposition « révoltantes » ; l’armée loyaliste reprend le village chrétien de Sadad.

À Alep, des rebelles catapultant des grenades en direction des forces loyalistes. Saad Abobrahim/Reuters

L’émissaire international pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, est arrivé hier à Damas pour la phase la plus délicate de sa mission visant à organiser en novembre une conférence internationale de paix. L’émissaire international s’était auparavant rendu dans tous les pays de la région, y compris la Turquie et l’Iran, à l’exception notable de l’Arabie saoudite, hostile au projet russo-américain de conférence de paix dite Genève 2. « Après une crise comme celle-ci, on ne peut pas revenir en arrière », a prévenu M. Brahimi dans une interview publiée hier après-midi sur le site du journal Jeune Afrique. « Le président Assad peut donc contribuer utilement à la transition vers une nouvelle République de Syrie, mais pas la diriger. »
Cependant, depuis l’accord sur la destruction de l’arsenal chimique syrien, M. Assad est passé de « paria » à « partenaire », a relevé le diplomate algérien.
Sa mission s’annonce aussi extrêmement difficile depuis que 19 importantes factions rebelles ont menacé de traduire les opposants qui oseraient se rendre Genève devant leurs tribunaux pour « trahison », laissant clairement entendre qu’ils seraient exécutés. Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a d’ailleurs jugé hier ces menaces « révoltantes ».

 


Rejet quasi total
Pour Thierry Pierret, un expert de l’islam en Syrie, les groupes signataires du communiqué « représentent un pan très large de l’opposition armée, allant des salafistes radicaux du Front islamique syrien à des groupes beaucoup plus modérés qui constituent des piliers de l’Armée syrienne libre (ASL) ». « On peut affirmer que Genève 2 fait l’objet d’un rejet quasi total dans les rangs des insurgés, ce qui signifie qu’une bonne partie de l’opposition politique ne prendra pas le risque de participer à une réunion qui lui coûterait ce qui lui reste de légitimité auprès des groupes armés », a-t-il estimé. Et « quand bien même des opposants participeraient à Genève 2 et aboutiraient à un accord, ce dernier n’aurait aucune valeur », a-t-il relevé. Ce rejet intervient alors que les relations entre Riyad et Washington se sont dégradées depuis que les États-Unis ont renoncé à frapper la Syrie après l’attaque chimique. « Parmi les signataires figurent plusieurs groupes nettement prosaoudiens », note Thierry Pierret. « Les Saoudiens rejettent désormais totalement l’approche américaine du conflit syrien et le font savoir. »


Au niveau humanitaire, la Commission européenne a annoncé hier à Bruxelles avoir débloqué une nouvelle enveloppe de 85 millions d’euros pour des programmes de santé en Syrie, pour venir en aide aux réfugiés en Jordanie et pour soutenir les étudiants syriens en Europe.


Un peu plus tôt, à Genève, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso avait estimé que la souffrance des Syriens « est une tache sur la conscience du monde », après une rencontre avec le président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Peter Maurer, soulignant que 6,8 millions de Syriens ont besoin d’aide humanitaire, dont la moitié sont des enfants.


Sur le terrain, l’armée a repris le contrôle du village chrétien de Sadad, dans la province de Homs, après plusieurs jours d’âpres combats contre des rebelles et des jihadistes, a affirmé l’agence officielle SANA. L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a confirmé l’information, précisant que les forces antigouvernementales s’étaient repliées sur Mahin, où se trouve un énorme dépôt d’armes dont voudraient s’emparer les insurgés.
Par ailleurs, un député sunnite syrien a été enlevé dimanche par des combattants islamistes à la suite d’un accrochage avec des membres de sa tribu prorégime dans la région de Deir ez-Zor, a annoncé hier l’OSDH.

 

 

Lire aussi

Les belles manières se perdent

 

Vers une participation arabe consistante à Genève 2 ?

 

Refus officiel libanais à l’enterrement d’armes chimiques syriennes au Liban

 

Commentaire

Guerre civile en Syrie : une définition mensongère
L’émissaire international pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, est arrivé hier à Damas pour la phase la plus délicate de sa mission visant à organiser en novembre une conférence internationale de paix. L’émissaire international s’était auparavant rendu dans tous les pays de la région, y compris la Turquie et l’Iran, à l’exception notable de l’Arabie saoudite, hostile au projet...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut