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À La Une - Liban

L'espoir de paix toujours entravé à Tripoli

« Une armée ne peut tirer sur son propre peuple », commente un officier supérieur, pour expliquer la lenteur de l’opération.

« Une armée n’ouvre jamais le feu sur son propre peuple. »  Joseph Eid/AFP

Après une semaine de violences ayant fait au total 14 morts et plus de 80 blessés, l’armée a commencé à se déployer hier, à Tripoli, sous le feu des tireurs embusqués.Dans le quartier sunnite de Bab el-Tebbaneh, des blindés et des jeeps sont entrés par le nord, après s’être déployés à Jabal Mohsen. Toutefois, leur progression a été ponctuée puis ralentie par des tirs de francs-tireurs auxquels les soldats ont riposté.
Trois militaires, dont un officier, ont été superficiellement blessés par ces tirs, entraînant l’arrêt du déploiement, en attendant que les contacts nécessaires soient pris avec le groupe récalcitrant. Des hommes armés ont également brûlé des pneus à Bab el-Tebbaneh pour empêcher l’armée d’avancer.
Une source de sécurité a affirmé que l’armée avait terminé de se déployer dans le quartier alaouite de Jabal Mohsen, qui domine et fait face à Bab el-Tebbaneh.

 


Scepticisme de la rue
Dans la rue de Syrie, qui sépare les enclaves ennemies, les habitants se montrent sceptiques. « Tout ceci est une farce. C’est la 18e fois depuis mai 2008 que l’on assiste à cela. En fait, l’armée fait un petit tour et s’en va. Il n’y a pas de solution », assure Moustapha al-Hajj, un retraité de 69 ans.
« Depuis huit jours, 400 familles ont quitté la rue de Syrie, dont la mienne, et nous dormons à la belle étoile, ma femme et mes trois enfants, dans un jardin de la ville. Chaque mois, c’est la même chose », peste-t-il.

 

 

(Témoignage : Entre Bab el-Tebbaneh et Jabal Mohsen, des Tripolitains "qui en ont marre")


L’armée et le peuple
« Une armée ne peut tirer sur son propre peuple », commente un officier supérieur, sous le sceau de l’anonymat. « Il est possible de pacifier Bab el-Tebbaneh et Jabal Mohsen en quelques heures, mais à quel prix ? poursuit-il. Qui donc accepterait qu’un seul enfant soit ne serait-ce que blessé dans une opération militaire lancée par l’armée libanaise contre les quartiers résidentiels à partir desquels partent les tirs ? »
« Nous ripostons assez vigoureusement aux tirs qui sont dirigés contre nous, ajoute la source, mais des pertes dans la population civile sont une ligne rouge que nous ne franchirons jamais. Ce qui exige de notre part beaucoup de patience et de sang-froid. Nous devons en outre faire preuve d’une parfaite neutralité. Nous sommes l’armée libanaise. » « Ceci dit, l’opération n’est pas finie », ajoute-t-il, laissant entendre que la troupe n’est pas à bout de ressources et que les tireurs ont été identifiés. Aidée par les SR de l’armée, la justice pourrait donc avoir son mot à dire à partir d’aujourd’hui.
« À condition que les ingérences politiques pour obtenir la libération des détenus ne commencent pas aussitôt qu’ils sont arrêtés », conclut la source.

 

 

(Pour mémoire : Une intégration des combattants de Tripoli au sein des forces de sécurité est-elle possible ?)

 


Écoles toujours fermées
Depuis le 21 octobre, six habitants du quartier de Jabal Mohsen, majoritairement alaouite et acquis au président syrien Bachar el-Assad, et huit de Bab el-Tebbaneh, largement sunnite ont été tués.
Le bilan plus élevé chez les sunnites s’explique par le fait que Jabal Mohsen domine géographiquement Bab el-Tebbaneh, un quartier plus dense, et par la mauvaise organisation des groupes de combattants sunnites face aux alaouites qui relèvent tous de la même formation : le Parti arabe
démocratique (PAD).
Cette dernière série de violences a débuté le 21 octobre, au moment où était diffusée à la télévision une interview de M. Assad. Par mesure de sécurité, les écoles et les universités de la ville sont fermées depuis le milieu de la semaine dernière.

 


Protestations
Le mufti de Tripoli, Malek Chaar, a protesté hier contre des propos tenus par cheikh Salem Rafei, qui avait laissé entendre que des combattants jihadistes de Jabhat el-Nosra et de l’État islamique en Irak et au Levant pourraient venir de Syrie prêter main forte aux habitants de Bab el-Tebbaneh. « Il n’est pas question de laisser une autre autorité que celle de l’État libanais s’exercer à Tripoli et au Liban-Nord », a dit cheikh Malek Chaar. Accuser Tripoli d’être une pépinière de jihadistes est sournois et mensonger.

 

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