Rechercher
Rechercher

À La Une - Irak

Tourisme en berne au Kurdistan irakien à la suite d'un attentat

Le renforcement des mesures de sécurité entrave l'afflux de visiteurs dans la région.

A Erbil, les boutiques de vêtements, de pâtisseries ou les marchands d'épices attendent le client dans un marché qui en temps normal, à l'approche de l'Aïd, est très fréquenté par les touristes. AFP PHOTO / SAFIN HAMED

Les strictes mesures de sécurité prises au Kurdistan après un attentat meurtrier, phénomène rare dans cette région autonome d'Irak, découragent les touristes du reste du pays à quelques jours de la plus grande fête musulmane, déplorent responsables du secteur et commerçants.


Alors que c'est le climat de sécurité qui en temps normal attire les visiteurs irakiens, c'est aujourd'hui paradoxalement le renforcement des mesures de sécurité, intervenu après l'attentat, qui entrave le tourisme dans cette région du nord du pays. Le 29 septembre, sept personnes ont été tuées et plus de 60 blessées dans un attentat suicide contre le siège des services de sécurité à Erbil, la capitale du Kurdistan. 


Les autorités kurdes ont fait état samedi de l'arrestation de trois suspects pour cette attaque qui avait été revendiquée par el-Qaëda. Il s'agissait de la première du genre à frapper cette ville depuis six ans, alors que les violences continuent de faire des dizaines de morts quotidiennement dans le reste de l'Irak. 


Depuis, les autorités locales ont renforcé les mesures de sécurité, qui touchent notamment les Irakiens arabes, venant d'autres régions du pays. Toutes les voitures portant une plaque minéralogique de Bagdad sont systématiquement fouillées, et les passagers ne sont même pas sûrs d'obtenir l'autorisation d'entrer dans la ville.
Quelque 500 voitures attendaient samedi après-midi à l'entrée d'Erbil, de passer les contrôles de sécurité, selon un journaliste de l'AFP. L'attente peut parfois durer huit heures.
Le Kurdistan dispose de ses propres forces de sécurité et contrôle ses frontières.


A trois jours de la fête de l'Adha, la fête du sacrifice qui commence mardi, les hôteliers à Erbil font état de centaines de réservations annulées.
"Le secteur du tourisme a été affecté par cet acte terroriste (...) les réservations dans les hôtels ont chuté de 50% par rapport à la même période l'an dernier" pour la fête, explique Hearsh Ahmed Karem, qui dirige l'association des hôteliers et restaurateurs du Kurdistan.
"Les mesures de sécurité strictes ont été prises pour protéger la vie des touristes en premier lieu", explique Nadir Rasti, porte-parole de l'Office du tourisme d'Erbil. "Cela est dans l'intérêt des habitants d'ici mais aussi des Irakiens" en général, affirme-t-il.

 

Des réservations annulées ou reportées
Le Kurdistan est une destination touristique prisée grâce surtout à un climat sécuritaire bien meilleur que dans le reste de l'Irak, outre un riche patrimoine historique et des infrastructures touristiques meilleures. Cette région bénéficie du fait que sa population est relativement homogène du point de vue ethnique et religieux, contrairement à de nombreuses autres provinces du pays où des violences opposent notamment chiites et sunnites.

Plus de 2,2 millions de visiteurs, pour la plupart irakiens, ont visité en 2012 le Kurdistan.
Selon l'Office du tourisme d'Erbil, plus de 100.000 personnes venant d'autres régions d'Irak ont visité la ville pour la fête du Fitr (fin du ramadan) en juillet dernier, et plus de 400.000 visiteurs ces trois derniers mois.


Mais les chiffres "ont considérablement diminué au cours de ce mois (d'octobre), des réservations ayant été annulées ou reportées", déplore Nancy Salameh, propriétaire de l'hôtel Bella Roma à Erbil.
Mme Salameh, qui gère également deux restaurants, estime néanmoins que les mesures de sécurité renforcées seront bénéfiques pour la région. "Cela ne nous dérange pas que notre travail soit affecté pendant deux ou trois semaines ou un mois, car nous savons que les choses à Erbil sont en train de rentrer dans l'ordre", explique-t-elle.


Près de la citadelle, les boutiques de vêtements, de pâtisseries ou les marchands d'épices attendent le client dans un marché qui en temps normal, à l'approche de l'Aïd, est très fréquenté par les touristes.
Mais cette année, les seuls endroits bondés sont les cafés et les restaurants.
"L'année dernière, c'était plein avant l'Aïd", se rappelle Saad Abdelrazzaq, 37 ans, assis devant sa boutique, expliquant que ses ventes ont chuté de 40 à 50% "en raison des mesures de sécurité". Mais "je ne suis pas contrarié, car les choses vont certainement aller mieux. La sécurité est dans l'intérêt de tout le monde", assure ce vendeur de pâtisseries.

 

Reportage

« On a du pétrole, mais on n’a pas d’électricité »

 

Pour mémoire

Sadr City tentée par la vengeance


Les Bagdadis privés de voitures

 

Le nouveau visage d’el-Qaëda en Irak 

 

Les strictes mesures de sécurité prises au Kurdistan après un attentat meurtrier, phénomène rare dans cette région autonome d'Irak, découragent les touristes du reste du pays à quelques jours de la plus grande fête musulmane, déplorent responsables du secteur et commerçants.
Alors que c'est le climat de sécurité qui en temps normal attire les visiteurs irakiens, c'est aujourd'hui...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut