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Syrie : Hollande veut livrer des armes à l’ASL

Aazaz tombe aux mains d’el-Qaëda ; ses habitants se plaignent à l’ASL.

La Syrie n’est pas en « guerre civile », mais confrontée à une « nouvelle sorte de guerre » menée par des « dizaines de milliers de jihadistes » étrangers, selon Assad. JM Lopez/AFP

Le président russe Vladimir Poutine s’est imposé hier une énième fois comme défenseur de Bachar el-Assad, se disant confiant que le président syrien respectera ses engagements sur le démantèlement de son arsenal chimique. « Tout ce que nous avons vu jusqu’à présent nous donne confiance dans le fait que cela va être le cas. Je l’espère », a déclaré le président russe, répétant qu’il avait de bonnes raisons de croire que l’attaque à l’arme chimique du 21 août dernier près de Damas avait été le fait de rebelles.
Devant des experts étrangers au forum de discussion de Valdaï, le président russe a assuré que le mode de fabrication du gaz sarin utilisé dans l’attaque le 21 août laissait penser qu’il s’agissait d’une arme artisanale et non d’une arme utilisée par l’armée gouvernementale syrienne, qualifiant de « provocation habile » cette attaque des rebelles. Auparavant, le président russe Vladimir Poutine a souhaité « rappeler » que l’arsenal chimique du régime syrien était apparu « comme une alternative à l’arme nucléaire d’Israël ». 

 

(Lire aussi: Les écoles publiques libanaises n’ont pas la capacité d’absorber tous les petits réfugiés syriens)


Pour sa part, Bachar el-Assad s’est dit déterminé à appliquer l’accord sur le démantèlement de son arsenal chimique dans une interview accordée à la chaîne de télévision américaine Fox News. Le chef de l’État a par ailleurs assuré qu’il remettrait ces armes à tout État prêt à prendre le risque de les accepter, mais nie toujours toute responsabilité de l’armée dans le bombardement au gaz sarin du 21 août. Quant à son vice-Premier ministre Qadri Jamil, il a assuré que le régime syrien demanderait un cessez-le-feu en cas de nouvelle conférence internationale baptisée Genève 2. Selon M. Jamil, le conflit entre le régime et les rebelles a abouti à une « impasse » et aucune des deux parties n’a les moyens de l’emporter.
La Russie accueillerait-elle ces armes et s’engagerait-elle à les détruire ? Le ministre russe de la Défense, Sergueï Shoïgu, a déclaré que « cela nécessite une décision ». Il a toutefois souligné que la Russie disposait des installations pour effectuer ce genre de travail.


En attendant, c’est François Hollande qui a créé la surprise. De Bamako où il se trouvait hier, le président français a assuré que la France livrerait des armes à l’Armée syrienne libre (ASL), mais « dans un cadre contrôlé » et « élargi avec un ensemble de pays ». S’exprimant lors d’une conférence de presse, M. Hollande a déclaré : « Les Russes livrent régulièrement (des armes), mais nous, nous le ferons dans un cadre élargi, avec un ensemble de pays et dans un cadre qui peut être contrôlé car nous ne pouvons pas accepter que des armes puissent aller vers des jihadistes » et non à « l’ASL ».

Une résolution ce week-end ?
Parallèlement, l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) se réunira dimanche matin à La Haye afin de discuter de la « destruction des armes chimiques syriennes », a-t-on appris auprès de son porte-parole, Michael Luhan. Plusieurs fois reportée, la réunion doit permettre aux 41 États membres du conseil exécutif d’examiner l’adhésion de la Syrie à la Convention sur les armes chimiques et le début du programme de destruction. Après l’accord de Genève, la Syrie s’est engagée à fournir dans un délai d’une semaine – qui s’achève samedi – une information complète sur son arsenal chimique. 

 

(Repère : Principaux points de l'accord russo-US sur l'élimination des armes chimiques syriennes)


Pendant ce temps, Damas et Moscou s’évertuent d’empêcher toute résolution à l’ONU susceptible d’ouvrir la voie à un usage de la force contre la Syrie si elle ne se pliait pas à l’accord de Genève. Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité ont eu de nouvelles consultations sur ce projet. Si un compromis est trouvé entre les Occidentaux et le bloc pro-Assad, cette résolution pourrait être soumise au vote ce week-end.
C’est dans cette perspective-là que le secrétaire américain John Kerry a exhorté hier la Chine à jouer un rôle « positif et constructif » pour parvenir à une résolution des Nations unies sur la Syrie. Il a également appelé le Conseil de sécurité de l’ONU à voter « la semaine prochaine » une éventuelle résolution contraignant la Syrie à respecter un plan de démantèlement de son arsenal chimique.
De son côté, le secrétaire général de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen, a affirmé que l’option militaire devrait « rester sur la table » pour « entretenir la dynamique en faveur d’un processus diplomatique et politique ».

Des jihadistes internationaux
Sur le terrain, les violences n’ont cessé leur escalade macabre. Une bombe placée en bordure de route a explosé hier dans la province de Homs, dans le centre de la Syrie, faisant 14 morts parmi la communauté alaouite, rapporte l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). L’explosion visait deux bus près du village de Jabourin, à 13 km au nord de Homs, a précisé Rami Abdelrahman, directeur de l’OSDH. Citant une source dans un hôpital militaire, M. Abdelrahman a déclaré que neuf des victimes étaient des civils. Les autres victimes pourraient avoir appartenu aux Forces de défense nationale, un groupe de paramilitaires loyalistes. Selon Rami Abdelrahman, l’attentat aurait été suivi par des bombardements et des échanges de tirs qui ont fait six morts parmi les membres des comités populaires (supplétifs de l’armée) et un nombre indéterminé de victimes parmi les rebelles.

 

(Reportage : Les mille et une nuits de Damas pour oublier la guerre)


Par ailleurs, des combattants liés à el-Qaëda tenaient toujours hier la ville syrienne d’Aazaz près de la frontière turque, conquise aux rebelles non jihadistes, provoquant la colère d’une partie de ses habitants qui demandent leur départ. L’ASL a annoncé l’envoi de renforts dans la ville pour tenter de trouver une solution de compromis avec les combattants de l’État islamique d’Irak et du Levant (EIIL). C’est ainsi que la Turquie a provisoirement fermé hier le poste-frontière d’Oncüpinar proche d’Aazaz selon les rebelles non jihadistes.


L’attaque contre Aazaz intervient au moment où le président Bachar el-Assad a assuré que la rébellion est formée en majorité d’affiliés du réseau extrémiste. Dans une interview à Fox News diffusée mercredi soir, il a affirmé que son pays n’était pas en « guerre civile », mais confronté à une « nouvelle sorte de guerre » menée par des « dizaines de milliers de jihadistes » étrangers.
Ce que vient confirmer le ministre français de l’Intérieur. Manuel Valls a déclaré hier à la radio publique France Inter que « plus de 130 Français ou résidents en France », souvent radicalisés, combattaient actuellement en Syrie, et s’est dit inquiet. 

 

(Lire aussi: Inquiétudes sur le sort des otages libanais en Syrie)


Scotland Yard a aussi indiqué que les deux jeunes Britanniques arrêtés en début de semaine à Douvres, en provenance du port français de Calais, étaient soupçonnés « d’activités terroristes en Syrie », en ajoutant avoir procédé à deux autres interpellations.

Le jihad du sexe
Pour leur part, des Tunisiennes sont parties en Syrie pour faire « le jihad du sexe » et y assouvir les besoins sexuels des combattants islamistes, a indiqué hier le ministre de l’Intérieur Lotfi ben Jeddou lors d’une audition devant les députés. « Après ces rapports sexuels qu’elles ont au nom du jihad al-nikah (“la guerre sainte du sexe”), elles reviennent enceintes », a-t-il ajouté à la tribune de l’Assemblée nationale constituante, sans dire combien de Tunisiennes étaient rentrées de Syrie dans cet état et dans quelles conditions elles avaient été prises en charge. D’après les médias locaux, des milliers de Tunisiens ont rejoint, via la Turquie ou la Libye, les rangs de jihadistes ces quinze dernières années à travers le monde, en Afghanistan, en Irak et désormais en Syrie.
Pour ce qui est de la crise des réfugiés, le Danemark a annoncé qu’il faciliterait l’obtention de l’asile aux Syriens, mais n’accorderait pas pour autant le droit de résidence à tous les réfugiés venus du pays en guerre contrairement à la Suède qui a, elle, décidé début septembre d’accorder l’asile à tout demandeur syrien.

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