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À La Une - Liban

Le Grand Beyrouth congestionné : les chauffeurs de camions sont en grève

Le syndicat suspend sa grève après une réunion "positive" avec les responsables.

Les camions garés en file à l'entrée du port de Beyrouth. Photo Caren Abbas

Entrée nord de Beyrouth, heure de pointe un mardi matin : un embouteillage monstre paralyse la route maritime vers la capitale. S'agit-il d'un nouveau barrage pour la sécurité, d'un accident, d'une manifestation

 

Non. Cette fois, c'est au tour du syndicat des propriétaires de camions de bloquer la route dans le cadre d'une grève ouverte visant à mettre la pression sur les responsables afin d'obtenir la concrétisation des demandes des chauffeurs, en attente depuis des années. 

 

Les grévistes, qui ont décidé de garer leurs camions en file indienne à l'entrée du port de Beyrouth afin de protester, s'étaient dit prêts lundi à poursuivre la grève "jusqu’à ce que le ministère des Transports négocie avec le syndicat".
Ces négociations n'ont pas tardé : une réunion "positive" a eu lieu mardi matin entre le ministre sortant des Transports Ghazi el-Aridi et les syndicalistes. Ces derniers ont ensuite rencontré les responsables du port de Beyrouth afin de discuter de leurs demandes. 

Les chauffeurs réclament notamment la "récupération de la surface confisquée du parking pour camions, la mise en place de deux portes de sortie et d’entrée, l'annulation des horaires de travail matinaux pour les camions transportant de la marchandise et la prolongation de la circulation sur les routes les samedis jusqu’à 16 heures".

A la suite de ces entretiens, le syndicat a diffusé mardi après-midi un communiqué dans lequel il annonce la suspension de la grève "après les promesses faites par le ministre des Transports et en attendant des résultats concrets sur le terrain".

Une annonce qui devrait ravir les automobilistes qui ont vécu l'enfer mardi, la grève des conducteurs de camions ayant engendré des bouchons monstres tout au long de la journée mardi le grand Beyrouth, notamment à l'entrée nord de la capitale.

Interviewé mardi matin par Lorientlejour.com, un chauffeur faisait également d'une autre plainte, non mentionnée sur la liste des revendications publiée par le syndicat : la compétition avec les chauffeurs syriens dans le domaine.

"Les chauffeurs syriens travaillent pour un salaire moindre et ne négocient pas les conditions (de travail)", déplorait Sami*, d'un ton désespéré, tout en affirmant "comprendre" que les Syriens ont "besoin" de travailler.
"Nous ne sommes pas contre le fait qu'ils travaillent, mais leur travail doit être encadré et organisé", ajoutait ce chauffeur, interrogé par Lorientlejour.com.     


(Pour mémoire : Entre Libanais et réfugiés syriens, des rapports complexes et fiévreux)

Sami se plaint également du délaissement des camionneurs par le gouvernement et des conditions de travail. "Personne n'aide les chauffeurs, ils ne touchent que 650 dollars (488 euros) par mois et ne bénéficient pas de la sécurité sociale", se lamente-t-il. 

Le Liban accueille plus de 600.000 réfugiés syriens enregistrés auprès de l'ONU. Le ministère libanais de l'Intérieur estime que le nombre de réfugiés syriens au Liban est bien plus important.

En plus des problèmes sécuritaires, la crise syrienne pèse sur l’économie du pays notamment en ce qui concerne le commerce avec les pays arabes par voie terrestre.
Les camions libanais ne sont plus capables de traverser la Syrie pour transporter de la marchandise arrivée au port de Beyrouth ou exporter des produits libanais.

(Pour mémoire : Le fret maritime à la rescousse de l'agriculture libanaise)

Dans le même temps, de nombreux Libanais déplorent la perte de leur emploi, surtout dans le secteur de l'agriculture et de l'industrie, les chefs d'entreprises préférant embaucher des Syriens qui acceptent un salaire inférieur à celui demandé par les Libanais.  

En outre, de nombreux Syriens ont illégalement ouvert des commerces dans le pays du Cèdre, mais le ministère de l’Économie a récemment ordonné la fermeture de ces magasins, dénonçant une "concurrence déloyale".

Dans un récent sondage, 82% des Libanais accusent les Syriens de prendre leurs emplois et près de 70% ne souhaiteraient pas partager un repas avec eux. En outre, 54% des Libanais interrogés estiment que le Liban devrait fermer ses portes aux réfugiés.

 

 

*Le prénom a été changé.

 

 

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commentaires (1)

Ah Dieu merci. Au moins aujourd'hui on sait pourquoi il y a de l'embouteillage. Demain il y aura d'autres raisons

Henoud Wassim

13 h 20, le 20 août 2013

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Commentaires (1)

  • Ah Dieu merci. Au moins aujourd'hui on sait pourquoi il y a de l'embouteillage. Demain il y aura d'autres raisons

    Henoud Wassim

    13 h 20, le 20 août 2013

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