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Relents xénophobes contre les Syriens dans des pays arabes

Une vague de xénophobie vise les réfugiés syriens dans des pays arabes comme l'Egypte ou le Liban, où ils sont taxés d'ingérence politique ou de concurrence déloyale.

Soupçonnés d'appuyer dans leur pays d'accueil un camp politique contre un autre, d'ôter le pain de la bouche des locaux, ils sont accusés de tous les maux.

En Egypte, des médias les accusent d'avoir participé "par centaines" aux manifestations de soutien au président Mohamed Morsi, destitué par l'armée le 3 juillet après des manifestations massives.

M. Morsi appartient aux Frères musulmans, confrérie dominante au sein de l'opposition syrienne.

"Nous devons boycotter les magasins syriens car ils utilisent notre argent pour nous terroriser", lit-on dans un tract relayé sur les réseaux sociaux.

"De nombreux chômeurs syriens ont touché 300 livres (43 dollars) du bureau du Guide des Frères musulmans pour participer aux manifestations" pro-Morsi, prétend le texte.

Le tract va jusqu'à accuser des Syriens d'avoir utilisé des armes fournies par la rébellion combattant le régime de Damas lors des heurts entre pro et anti-Morsi.

A la télévision, le ton est résolument agressif.

"Si vous restez aux côtés des Frères, le peuple détruira vos maisons", a lancé le présentateur Tewfik Okacha, sur la chaîne privée Al-Faraïn. "Le peuple n'est pas prêt d'accepter que des agents ou des espions sapent sa victoire (contre Morsi)".

Sur la très populaire ONTV (privée), le journaliste Youssef el-Husseini a prévenu: "Syrien, si tu te mêles de nos affaires, nos bottes te frapperont en pleine rue". La chaîne et M. Husseini se sont ensuite excusés pour l'émoi suscité.

Une association de journalistes syriens anti-Assad a appelé à ne pas "généraliser et stigmatiser des centaines de milliers de réfugiés syriens en quête de sécurité", mais selon Abou Yasser al-Chami, jeune Syrien en Egypte, "pour les Egyptiens aujourd'hui, Syrien équivaut à Frères musulmans".

Le célèbre satiriste égyptien Bassem Youssef, pourtant virulent critique de M. Morsi, a fustigé le sentiment anti-syrien, accusant "certains libéraux, qui haïssent les Frères musulmans de reproduire le même fascisme et le même racisme".

Dans ce climat, Le Caire a imposé au début du mois un visa aux Syriens, tandis que l'ONU s'est inquiétée d'informations sur des déportations vers leur pays ravagé par la guerre.

Boucs émissaires

"Dans ce genre de situation, on cherche toujours des boucs émissaires", explique à l'AFP Sari Hanafi, professeur de sociologie à l'Université américaine de Beyrouth (AUB).

"En Egypte, se mêlent l'amalgame et le chauvinisme primaire. Pour expliquer la mobilisation dans (le camp Morsi), on accuse les étrangers".

Au Liban, qui accueillent 600.000 réfugiés, le ressentiment est lié aux problèmes socio-économiques.

Un récent sondage montre que 82% des Libanais les accusent de prendre leurs emplois et près de 70% seraient incommodés de partager leur repas avec eux. En outre, 54% estiment que le Liban devrait fermer ses portes aux réfugiés.

Mardi, le gouvernement a décidé de prendre des mesures plus strictes pour l'entrée des Syriens, alors que le Liban était le seul voisin de la Syrie à ne pas adopter de telles restrictions.

Pour le ministre de l'Économie, Nicolas Nahas, les Syriens ont le droit de travailler "mais pas dans le commerce et les affaires", arguant une "concurrence déloyale" après le recensement de 377 activités économiques illégales.

Si le conflit syrien a touché de plein fouet l'économie libanaise, de nombreux Syriens ont déposé leur argent dans les banques, loué des appartements et dépensent dans le pays.

Dans des localités, des banderoles ont demandé l'imposition d'un "couvre-feu" aux Syriens après 18H00, suscitant l'indignation sur les réseaux sociaux.

Les remarques se multiplient contre "ces Syriens" qui "violent nos filles", "transmettent des maladies" ou encore "volent les transats à la plage".

Des propos qui contrastent avec l'accueil accordé par de nombreux Libanais aux réfugiés, une générosité louée par des organisations internationales.

Des campagnes ont rejeté ce racisme. "Les Libanais ont connu la guerre sous toutes ses formes", affirme l'Observatoire libanais des droits des ouvriers et employés.

"Nous savons parfaitement que veut dire le mot réfugié. Le peuple syrien nous a accueilli dans le passé, nous devons faire de même".
Une vague de xénophobie vise les réfugiés syriens dans des pays arabes comme l'Egypte ou le Liban, où ils sont taxés d'ingérence politique ou de concurrence déloyale.Soupçonnés d'appuyer dans leur pays d'accueil un camp politique contre un autre, d'ôter le pain de la bouche des locaux, ils sont accusés de tous les maux.En Egypte, des médias les accusent d'avoir participé "par...