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À La Une - Liban

Après Roueiss, « le plan sécuritaire du Hezbollah »

L’enquête préliminaire a permis d’écarter hier l’hypothèse d’un attentat commis par un kamikaze.

Aux différentes entrées de la banlieue sud, le Hezbollah a dressé des barrages de contrôle dont les effets se sont fait sentir bien au-delà de la zone contrôlée par le parti chiite. Photo Michel Sayehg

Tandis que les travaux de déblayage du lieu de l’attentat de Roueiss se sont poursuivis hier, l’association Jihad al-Bina’ a lancé hier la campagne de reconstruction et de réhabilitation des bâtiments endommagés ou détruits par l’explosion de jeudi dernier, qui avait fait au total 27 morts (dont cinq Syriens), tous identifiés (parmi lesquels quinze ont nécessité un test d’ADN). Tandis que des ouvriers dégageaient le site, sous la supervision de militaires et en coordination avec le Haut Comité de secours, de nouveaux restes humains ont pu être découverts. Le directeur du Comité islamique de la santé, Mehdi Halbawi, a précisé que ces restes ont été identifiés par référence à l’endroit où ils se trouvaient. À la suite de l’identification des corps, le commissaire adjoint du gouvernement près le tribunal militaire, le juge Sami Sader, a décidé de remettre les corps à leurs proches.


Par ailleurs, l’enquête préliminaire, menée de pair par la police militaire, la police judiciaire et le service central d’inspection criminelle, a permis d’écarter hier l’hypothèse d’un attentat commis par un kamikaze. Des sources judiciaires favorisent le scénario d’une bombe à retardement ou télécommandée à distance. Rappelons que la voiture piégée est de type BMW (modèle 2002) et de couleur noire. Les enquêteurs n’ont pu déduire jusque-là s’il s’agit d’une voiture volée ou non.

 


Les barrages du Hezbollah
Parallèlement à l’enquête sur l’attentat de Roueiss, plusieurs barrages ont été établis par le Hezbollah sur les routes menant à la banlieue sud. Aux entrées et sorties de cette région, le parti de Dieu a pris l’initiative de déployer ses miliciens, « la plupart des adolescents », selon des témoins cités par le site d’information nowlebanon. Ces éléments fouillent les voitures « selon leur flair sécuritaire et interrogent les chauffeurs et passagers sur les raisons de leur déplacement, en comparant leurs papiers d’identité avec une liste de noms en leur possession », ajoutent les témoins. Ces barrages ont causé des embouteillages monstres sur les axes menant vers la banlieue sud, notamment au niveau du carrefour Galerie Semaan-Chevrolet, jusqu’à l’hôtel Habtoor. Les mesures prises par le Hezbollah ont été fortement critiquées par certains politiques du 14 Mars. Ces barrages ont été accompagnés de perquisitions de domiciles menées par le Hezb, toujours en banlieue sud.


En outre, l’armée a pris des mesures de sécurité strictes sur la route menant vers Nabatiyeh. Mais des sources citées par l’agence al-Markaziya ont fait état d’un vaste plan sécuritaire mené par le Hezbollah au Liban-Sud, dans le prolongement des mesures prises à Beyrouth, à la lumière d’informations sur sept voitures piégées qui auraient été acheminées vers le Sud. Certaines de ces voitures porteraient des plaques d’immatriculation de Damas et d’autres seraient sans plaque, mais toutes auraient été conduites jusqu’au Sud par des ressortissants syriens. Dans ce cadre, le parti a établi des barrages à l’entrée de Nabatiyeh, inspectant les voitures à l’aide de dispositifs électroniques.
Entre-temps, les services de sécurité continuent leur chasse aux voitures piégées, sur fond de psychose collective. Notons que le président de la République Michel Sleiman s’est montré hier particulièrement soucieux du cas des roquettes lancées sur le Hermel dimanche, appelant le commandement de l’armée à « repérer la source des tirs et régler l’affaire par les moyens adéquats ».

 

 

 

La société civile a organisé lundi une veillée aux chandelles en solidarité avec les habitants de Roueiss et pour exprimer le refus de la violence. Photo M. Assaf

 



Naamé, entre les FSI et la SG
S’agissant en outre de l’enquête sur la voiture piégée retrouvée dimanche à Naamé, la Sûreté générale a publié les photos passeport de deux hommes, Saïd Mohammad Bahri (né en 1985, habitant Dohet Aramoun) et Mohammad Kassem al-Ahmad (né en 1983, habitant Naamé), soupçonnés d’avoir créé un réseau terroriste. La SG a précisé hier dans le même communiqué les détails de l’opération de perquisition de la voiture (de type Audi, contenant 250 kg d’explosifs), soulignant que « l’opération s’est faite en coopération avec le reste des services de sécurité, et sous la supervision du procureur général près le tribunal militaire ». En outre, un Libanais et deux Palestiniens frères ont été arrêtés.

 

Les photos des deux suspects Saïd Mohammad Bahri et Mohammad Kassem al-Ahmad.

 


Il convient toutefois de relever qu’une source citée par le site d’information nowlebanon a tenu à préciser que ce n’est pas la SG qui a repéré la voiture piégée à Naamé, mais les services de renseignements des Forces de sécurité intérieure, « qui d’ailleurs mènent l’enquête sur l’affaire ». « La SG n’a fait que rendre publique l’opération », a ajouté la source.


Il reste que la mobilisation sécuritaire ne se passe pas sans paranoïa parmi les civils. Hier, les habitants de Chadra (Akkar) ont été pris de panique devant une valise abandonnée, soupçonnée faussement de contenir des explosifs.
S’agissant par ailleurs de l’enquête sur les deux roquettes qui avaient été lancées sur la banlieue sud, une source sécuritaire citée par le site d’information nowlebanon a démenti les informations sur l’arrestation du Palestinien Ahmad Taha dans le village de Douress-Baalbeck, qui serait soupçonné d’avoir lancé les roquettes. La source a estimé que ces informations font partie de la vague de « rumeurs » véhiculées au cours des deux derniers jours.

 

 

 

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