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À La Une - Liban

"Ils ont fouillé nos valises, au milieu de la nuit, sur la route de l’aéroport de Beyrouth"

Salma raconte son passage par un barrage tenu par des hommes en civil dans la banlieue-sud de Beyrouth.

Un embouteillage, lundi soir, sur la route de Hadath. Des barrages érigés dans la banlieue sud de Beyrouth ont créé de gros embouteillages dans la région. Photo Michel Sayegh.

Le retour de vacances est rarement une partie de plaisir. Pour Salma et son époux Élie*, le retour à Beyrouth, dimanche dernier, après deux semaines en Europe, fut corsé.

 

C’est à 2h30 du matin, dans la nuit de samedi à dimanche, que Salma et Élie sont arrivés au Liban. Après avoir passé les formalités des douanes, récupéré leurs valises, les avoir fait scanner par les autorités aéroportuaires, ces deux jeunes Libanais embarquent à bord d'un taxi pour rentrer chez eux, dans le Metn.

 

A peine sorti du périmètre de l’aéroport, le taxi tombe dans un embouteillage, en plein milieu de la nuit. Le chauffeur explique que des barrages ont été érigés un peu partout dans la banlieue-sud de Beyrouth, fief du Hezbollah qui jouxte l’aéroport international de Beyrouth. C'est dans cette région, à Roueiss, qu'a été perpétré, quelques jours plus tôt, un attentat à la voiture piégée qui a fait 27 morts. Il s’agit de l’attentat le plus meurtrier, au Liban, depuis la fin de la guerre civile.

 

Depuis l’attentat de Roueiss, plusieurs barrages ont été établis par le Hezbollah, mais aussi par Amal, une autre formation chiite, sur les routes menant à la banlieue-sud.

 

Au bout de quelques minutes, Salma et Élie tombent sur la cause de l’embouteillage nocturne : un barrage tenu par deux ou trois hommes en civil qui ne paraissent pas armés. "A aucun moment, les hommes ne se sont présentés en tant que membres du Hezbollah, et pour tout dire, nous n'avons pas demandé. Pour nous, des hommes en civil à un barrage établi dans un bastion du Hezbollah, ne peuvent être que des membres du parti", raconte Salma à Lorientlejour.com.

 

"Ils nous ont demandé de sortir les valises du coffre et nous ont expliqué, en s’excusant, qu’ils devaient les fouiller. Mon mari s’est montré coopératif, nous avons sorti les valises. Ils les ont ouvertes sur l’asphalte et ont commencé à les inspecter avec une lampe torche au milieu de la nuit. Mais quand un des hommes a voulu fouiller à la main ma valise, j’ai dit non. Ils m’ont laissé fouiller dedans devant eux, puis se sont arrêtés après avoir inspecté trois de nos sept valises", ajoute-t-elle.

 

Selon la jeune femme, les hommes n’étaient pas agressifs mais refuser de les laisser procéder ne semblait pas être une option, poursuit Salma. "Ils n’arrêtaient pas de dire qu’ils étaient désolés, mais que ces barrages étaient préférables à de nouveaux attentats et à de nouveaux morts", rapporte Salma.

 

L’opération a duré entre 5 et dix minutes, estime la jeune femme, qui dit bien vouloir se montrer compréhensive, mais ne peut comprendre pourquoi des hommes en civil sont chargés de la sécurité. "Si l’armée avait procédé à cette fouille, je n’aurais eu aucun problème. Là, nous étions vraiment confrontés à un État dans l’État. En plus, nos valises étaient déjà passées pas les scanners de l’aéroport et donc avaient été, en quelque sorte, déjà fouillées par les autorités légitimes".

 

Si la jeune Libanaise affirme comprendre la peur et la panique face aux voitures piégées, elle reste ébahie par la « folie » de toute la situation. "Ces barrages sont absurdes. Que vont-ils faire, fouiller toutes les voitures ? Avec une lampe torche ? Je ne comprends pas…".

 

Mardi matin, des membres du mouvement Amal ont ouvert le feu en direction d’une voiture, une Range Rover aux vitres teintées, qui ne s’était pas arrêtée à un de leurs points de contrôle établis dans le quartier Farhat dans la banlieue-sud de Beyrouth, ont rapporté des médias libanais.


 

*Les prénoms ont été changés à la demande de l'interlocutrice.

 

 

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commentaires (3)

CONTENTS QUE VOUS ÊTES TOUJOURS LÀ POUR LE DIRE !

SAKR LOUBNAN

16 h 32, le 20 août 2013

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Commentaires (3)

  • CONTENTS QUE VOUS ÊTES TOUJOURS LÀ POUR LE DIRE !

    SAKR LOUBNAN

    16 h 32, le 20 août 2013

  • Si l’armée avait procédé à cette fouille un souhait toujours un souhait dans un pays ou la securité se joue toujours à l'amiable . Nazira.A.Sabbagha

    Sabbagha A. Nazira

    13 h 46, le 20 août 2013

  • L´histoire se répète... en 75 c´était sur le boulevard de la cité sportive où des hommes armés vérifiaient les voitures et occupants... autre temps autres factions..au milieu de la nuit au su et au vu des ´autorités´soit dites. Je me rappelle qu´un Ingénieur n´a pas voulu stopper et on lui avait tirer dessus... C´est le prix de l´absence de l´Autorité et la prolifération des armes

    Isbir

    13 h 24, le 20 août 2013

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