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À La Une - Liban

La fermeture des magasins ouverts illégalement dans la Békaa par des Syriens débutera lundi

Une vague de xénophobie vise les réfugiés syriens dans certains pays arabes, comme l’Égypte ou le Liban.

Des Syriennes triant des tomates, dans le village de Khiam, au Liban-Sud. REUTERS/ Jamal Saidi

Les différents pôles du pouvoir et organismes étatiques concernés s’apprêtent à mettre en application les mesures décidées au début de la semaine par le gouvernement afin de contrôler l’afflux des réfugiés syriens au Liban, d’une part, et de mettre un terme à la concurrence déloyale à laquelle se livrent de plus en plus les Syriens dans plusieurs secteurs économiques, notamment au niveau de l’activité commerciale.


Dans ce cadre, le ministre de l’Économie et du Commerce, Nicolas Nahas, a indiqué hier que la fermeture des établissements commerciaux ouverts illégalement par des Syriens dans la Békaa débutera lundi prochain. Pour M. Nahas, les Syriens ont le droit de travailler « mais pas dans le commerce et les affaires », arguant une « concurrence déloyale » après le recensement de 377 activités économiques illégales.
Le ministre a d’autre part souligné que la proposition d’ouvrir des camps de réfugiés pour juguler l’afflux de Syriens est encore à l’étude, précisant qu’il soutient une telle suggestion.
De son côté, le ministre de l’Intérieur Marwan Charbel a examiné hier le dossier des réfugiés syriens avec la représentante de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés, Ninette Kelley.

Relents xénophobes
Il convient d’indiquer dans ce cadre que l’AFP a rapporté hier qu’une vague de xénophobie vise les réfugiés syriens dans certains pays arabes comme l’Égypte ou le Liban, où ils sont taxés d’ingérence politique ou de concurrence déloyale.
L’AFP fait état notamment d’un récent sondage effectué au Liban qui montre que 82 % des Libanais accusent les réfugiés syriens de prendre leurs emplois et près de 70 % seraient incommodés de partager leur repas avec eux. En outre, 54 % estiment que le Liban devrait fermer ses portes aux réfugiés.

 

(Pour mémoire : Entre Libanais et réfugiés syriens, des rapports complexes et fiévreux)


Dans plusieurs localités, des banderoles ont demandé l’imposition d’un « couvre-feu » aux Syriens après 18 heures, suscitant l’indignation sur les réseaux sociaux. Des remarques se multiplient en outre contre « ces Syriens » qui « violent nos filles », « transmettent des maladies » ou encore « volent les transats à la plage ». L’AFP relève que de tels propos « contrastent avec l’accueil accordé par de nombreux Libanais aux réfugiés, une générosité louée par des organisations internationales ». Des ONG locales, note-t-on, ont rejeté de tels sentiments xénophobes. « Les Libanais ont connu la guerre sous toutes ses formes, affirme l’Observatoire libanais des droits des ouvriers et employés. Nous savons parfaitement ce que veut dire le mot réfugié. Le peuple syrien nous a accueillis dans le passé, nous devons faire de même. »

 

(Pour mémoire : 54 % des Libanais ne veulent plus de réfugiés syriens)

Le cas de l’Égypte
Ces relents de xénophobie, souligne l’AFP, sont également perceptibles en Égypte où les médias accusent les réfugiés syriens d’avoir participé « par centaines » aux manifestations de soutien au président Mohammad Morsi, destitué par l’armée le 3 juillet après des manifestations massives.


« Nous devons boycotter les magasins syriens car ils utilisent notre argent pour nous terroriser », lit-on dans un tract relayé sur les réseaux sociaux. « De nombreux chômeurs syriens ont touché 300 livres (43 dollars) du bureau du guide des Frères musulmans pour participer aux manifestations » pro-Morsi, indique le texte. Le tract va jusqu’à accuser des Syriens d’avoir utilisé des armes fournies par la rébellion combattant le régime de Damas lors des heurts entre pro et anti-Morsi.


À la télévision égyptienne, le ton est résolument agressif. « Si vous restez aux côtés des Frères (musulmans), le peuple détruira vos maisons », a lancé le présentateur Tewfik Okacha, sur la chaîne privée al-Faraïn. « Le peuple n’est pas prêt d’accepter que des agents ou des espions sapent sa victoire (contre Morsi). »
Sur la très populaire ONTV (privée), le journaliste Youssef el-Husseini a prévenu : « Syrien, si tu te mêles de nos affaires, nos bottes te frapperont en pleine rue. » La chaîne et M. Husseini se sont ensuite excusés pour l’émoi suscité.
Une association de journalistes syriens anti-Assad a appelé à ne pas « généraliser et stigmatiser des centaines de milliers de réfugiés syriens en quête de sécurité », mais selon Abou Yasser al-Chami, jeune Syrien en Égypte, « pour les Égyptiens aujourd’hui, Syrien équivaut à Frères musulmans ».
Le célèbre satiriste égyptien Bassem Youssef, pourtant virulent critique de M. Morsi, a fustigé le sentiment antisyrien, accusant « certains libéraux, qui haïssent les Frères musulmans, de reproduire le même fascisme et le même racisme ».


Dans ce climat, Le Caire a imposé au début du mois un visa aux Syriens, tandis que l’ONU s’est inquiétée d’informations sur des déportations vers leur pays ravagé par la guerre.

 

 

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