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Liban - La situation

Étalage de muscles... en privé

Dans la banlieue sud meurtrie par le sanglant attentat de Roueiss, jeudi dernier, le malaise paraît évident ces jours-ci chez une population qui se croyait jusque-là à l’abri de tout, hormis les matraquages de l’aviation israélienne.


C’est dans la perspective de ce choc douloureux qu’il convient de comprendre le formidable étalage de muscles auquel s’est livré le Hezbollah au cours des dernières quarante-huit heures dans la banlieue sud de Beyrouth et sa périphérie.
La psychose des attentats avait, il est vrai, gagné de nombreuses régions du pays, nourrie par les dernières découvertes des services de sécurité officiels à ce sujet. Hier, il a même été question toute la journée d’un véhicule prêt à exploser incessamment en un lieu quelconque de la banlieue sud.


Dès lors, il paraissait normal que la formation détenant la réalité du pouvoir sur le terrain dans ce secteur n’attende guère que l’État se manifeste pour que ses hommes se déploient en force dans les rues, dressent des barrages de contrôle et surveillent chaque recoin et chaque voiture qui entre et qui sort. Au point que d’inextricables bouchons se sont formés bien au-delà de la banlieue sud.


Sécurité privée ? Certes, mais en appoint de celle de l’État, souligne-t-on dans les rangs du Hezbollah et du 8 Mars. Pas du tout ! Il s’agit, en quelque sorte, d’un nouveau 7 mai (2008), réplique-t-on dans les milieux adverses. N’était-ce pas, prétendument, pour « pallier les carences de l’État » que certaines milices privées avaient vu le jour avant la guerre civile, en 1975 ?


Quoi qu’il en soit, ce nouvel étalage de muscles de la part du Hezbollah semble d’une certaine façon être lui-même une étape nécessaire et normale de l’engrenage dans lequel le parti chiite se trouve pris. Le Hezb est, en effet, dans l’impossibilité de se sortir par lui-même des sables mouvants de la guerre en Syrie, la décision de l’y plonger ayant vraisemblablement été prise à Téhéran et non pas au Liban. Or il y a, hélas, un prix à payer pour cette participation directe à la boucherie syrienne. L’attentat de Roueiss le prouve. Du coup, à côté de son besoin de rassurer son public et de montrer sa force à l’adversaire, il y a pour le Hezbollah une urgence : celle de parer effectivement à tout nouvel attentat. D’où cette occupation massive de la rue constatée hier dans la banlieue sud et qui est appelée à se poursuivre et à s’étendre sur d’autres zones d’influence du parti, notamment au Liban-Sud.


Sur ce plan, on évoque d’ailleurs, de sources sécuritaires officielles, un véritable « plan de sécurité » qui aurait été mis au point par le Hezbollah pour les régions où il est présent.


Comment ces développements dramatiques se répercutent-ils sur le dossier gouvernemental ? Pour le moment, une chose est sûre : le gouvernement n’est pas pour demain ni même pour après-demain. Le Premier ministre désigné, Tammam Salam, prend trois ou quatre jours de vacances à l’étranger, ce qui ne signifie nullement qu’à son retour la situation serait appelée à s’éclaircir.
Dans les milieux proches de M. Salam, on soulignait d’ailleurs hier que l’heure est à la « prudence » et que c’est le traitement sécuritaire qui prime à l’heure actuelle, non le politique. De ces propos il ressort que certaines prévisions avancées ces jours derniers, fixant la mise en place d’un cabinet « de fait accompli » à la fin du mois d’août, se révèlent exagérément optimistes.


Le même constat ressort également des résultats de la visite des émissaires du chef du PSP, Walid Joumblatt, en Arabie saoudite, son fils Taymour et le ministre sortant des Affaires sociales, Waël Bou Faour. Les deux hommes ont rencontré le prince Bandar ben Sultan, le responsable en charge, entre autres, du dossier libanais à Riyad. Ce dernier s’est montré toujours aussi résolument hostile à une entrée du Hezbollah au gouvernement, du fait de sa participation à la guerre en Syrie, et il a, semble-t-il, appelé à temporiser pour ce qui est de la formation du cabinet.


De l’autre côté, le parti de Dieu et ses alliés n’en démordent pas pour ce qui est de réclamer un gouvernement d’« union nationale » regroupant l’ensemble des blocs parlementaires. Même les milieux aounistes, qui pourtant donnent l’impression de vouloir couper le cordon avec le parti chiite, ne parviennent décidément pas à se distinguer de lui sur ce plan.


Dans ces conditions, le bout du tunnel reste pour le moment invisible dans le processus gouvernemental. Des sources diplomatiques occidentales, citées par notre correspondant au palais Bustros, Khalil Fleyhane, s’en émeuvent et préviennent contre le maintien du pays sans cabinet jusqu’à l’échéance présidentielle de 2014.
Et ces mêmes sources de mettre en cause le 8 Mars dans ce nouveau blocage.

 

 

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C’est dans la perspective de ce choc douloureux qu’il convient de comprendre le formidable étalage de muscles auquel s’est livré le...

commentaires (3)

Ce n'est pas un étalage de muscle que le Hezbollah a effectué mais bien souligné sa faiblesse et son incapacité devant la haine et les inimités qu'il a créé. Les miliciens dans les rues représentent plus une démonstration de la peur qui s'insinue et s'installe, en bonne et due forme, dans les esprits de nos concitoyens. Ce n'est plus contre un ennemi visible qu'il a a faire mais a des fantômes. Il peut bloquer, verrouiller ou envahir les quartiers qu'ils contrôle et malgré cela il y aura toujours des bombes qui lui exploserons entre les pieds. Depuis 2005, plus de 300 personnes ont été arrêté pour espionnage et la grande majorite pour ne pas dire presque tous furent des personnes de son propre camps. N'est ce pas une indication du ras le bol du peuple de ses pratique anti-Libanaise? Tant que le Hezbollah fixera son regard vers Qom, nous n'aurons pas de paix. Lorsque le Hezbollah regardera vers le Cèdre, alors seulement nous pourrons tous clamer "Koulouna ..." et avec fierté. Nous y arriverons, mais avec ou sans la destruction du pays? La réponse est entre les mains du Hezbollah et du Hezbollah seul!

Pierre Hadjigeorgiou

09 h 27, le 20 août 2013

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Commentaires (3)

  • Ce n'est pas un étalage de muscle que le Hezbollah a effectué mais bien souligné sa faiblesse et son incapacité devant la haine et les inimités qu'il a créé. Les miliciens dans les rues représentent plus une démonstration de la peur qui s'insinue et s'installe, en bonne et due forme, dans les esprits de nos concitoyens. Ce n'est plus contre un ennemi visible qu'il a a faire mais a des fantômes. Il peut bloquer, verrouiller ou envahir les quartiers qu'ils contrôle et malgré cela il y aura toujours des bombes qui lui exploserons entre les pieds. Depuis 2005, plus de 300 personnes ont été arrêté pour espionnage et la grande majorite pour ne pas dire presque tous furent des personnes de son propre camps. N'est ce pas une indication du ras le bol du peuple de ses pratique anti-Libanaise? Tant que le Hezbollah fixera son regard vers Qom, nous n'aurons pas de paix. Lorsque le Hezbollah regardera vers le Cèdre, alors seulement nous pourrons tous clamer "Koulouna ..." et avec fierté. Nous y arriverons, mais avec ou sans la destruction du pays? La réponse est entre les mains du Hezbollah et du Hezbollah seul!

    Pierre Hadjigeorgiou

    09 h 27, le 20 août 2013

  • Ce Bandar de quoi j'me mêle ? L'auteur ne s'est meme pas posé cette question ? Wallawwwww

    Chadarev

    08 h 07, le 20 août 2013

  • LA SITUATION. Aux moments les plus tragiques, il faut quand même garder un peu de sang froid et même, s'il le faut, recourir à un peu d'humour noir, sinon on craque ou on s'enfonce dans les erreurs tragiques, comme le fait le Hezbollah dans la guerre syrienne. Le Hezb en effet "est dans l'impossibilité de sortir de par lui-même des sables mouvants de la guerre en Syrie, la décision d'y plonger ayant sans aucun doute (le mot "vraisemblablement" est sûrement une erreur d'impression) été prise à Téhéran et non au Liban". De ce fait le Hezbollah s'attendait à recevoir en retour des roses perses, et voilà qu'il reçoit des voitures piégées. C'est un grand malheur non seulement pour la communauté chiite, mais -en toute sincérité- pour tout le Liban. Néanmoins on ne peut que constater que dans tout le périmètre de sécurité du Hezbollah règne une "psychose des attentats et un étalage de muscles du Hezb" pour contrôle de tout ce qui y bouge ou ne bouge pas. Quant à la formation du gouvernement, le Hezbollah ne bronche pas : il continue d'exiger un gouvernment d'union nationale comme celui de ses chemises noires.

    Halim Abou Chacra

    06 h 00, le 20 août 2013

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