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Liban - L’éclairage

Le Hezbollah à l’épreuve de son expédition syrienne

Les services de sécurité sont sur le qui-vive depuis l’attentat de Roueiss. Aussi ont-ils élevé leur niveau de coordination après que la direction de la Sûreté générale leur eut livré des informations précises sur des groupes terroristes en activité et des voitures piégées en cours de préparation, notamment après le discours jusqu’au-boutiste du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah. Ce dernier avait, rappelons-le, souligné sa volonté de poursuivre son aventure en Syrie, quitte à aller se battre personnellement en territoire syrien s’il le faut face aux jihadistes.
Les services de sécurité ont ainsi réussi à mettre la main sur une voiture piégée prête à servir dans le cadre d’un nouvel attentat, ainsi que sur des éléments d’un réseau terroriste islamiste qui mettait au point des explosifs pour les utiliser contre des cibles toujours indéterminées. La plupart des personnes qui ont été arrêtées par les forces de l’ordre ne sont pas de nationalité libanaise, mais sont en grande majorité des ressortissants arabes de diverses nationalités. Cette découverte sonne le clairon de la lutte sans merci contre le complot terroriste qui vise désormais à saper la stabilité sur la scène libanaise sous prétexte de répondre à l’ingérence du Hezbollah dans les combats en Syrie.
Selon des sources sécuritaires haut placées et bien informées, une coordination s’est également établie entre services de sécurité libanais et étrangers pour un échange et un recoupement des informations, compte tenu de l’importance des données sécuritaires minutieuses et graves recueillies par les forces de l’ordre ces dernières heures. Selon ces sources, cette coordination s’est avérée payante, puisqu’elle a permis de révéler des éléments de ce complot et de mettre le grappin sur des réseaux et des groupuscules terroristes. Les données recueillies prouveraient en effet l’existence de liens entre des mouvements extrémistes takfiristes opérant à partir de l’étranger, des groupes palestiniens et des groupuscules locaux qui seraient instrumentalisés à des fins sécuritaires. Le climat est donc à la consolidation de cette coordination sécuritaire, avec le retour d’une vieille idée sur le tapis, en l’occurrence la création d’une cellule d’opérations commune des services, un secrétariat général qui centraliserait toutes les données et permettrait de les recouper.
De source ministérielle, on indique que les informations obtenues par les services prouvent que la série d’attentats est appelée à se poursuivre et à frapper certaines régions bien précises du pays, notamment celles qui sont sous la domination du Hezbollah, en l’occurrence le « périmètre de sécurité » de la banlieue sud. Une sorte d’effet boomerang qui n’est pas sans évoquer l’abcès de fixation sécuritaire qui était autrefois constitué par les régions à dominance pro-14 Mars. L’État, malgré toute sa bonne volonté, s’était à l’époque montré impuissant, et les attentats et assassinats de personnalités politiques s’étaient succédé. Un ancien ministre craint qu’en raison de l’aventure syrienne, le tour du 8 Mars ne soit vraiment venu...
De son côté, le 14 Mars, loin de se réjouir de ce retournement de rôle, estime au contraire que le dernier discours de Hassan Nasrallah a constitué un véritable défi à la logique de l’État, au principe de souveraineté, à la Constitution et à la règle de droit, en dépit des appels répétés au Hezbollah du président de la République, Michel Sleiman, à mettre fin à son équipée syrienne et à rentrer au bercail. Selon un ministre du cabinet Mikati, si le chef de l’État avait donné une couverture légale et légitime à la présence des combattants du Hezbollah en Syrie, il aurait été contraint de bénir par la même occasion l’action des forces islamistes qui soutiennent l’opposition sur le terrain. Sinon, il aurait été accusé de partialité, lui, le père de l’idée de la neutralité. Or le président Sleiman est plus que jamais attaché à la politique de distanciation vis-à-vis de la crise syrienne et il reste attaché à la déclaration de Baabda, fondée sur le principe de neutralité du Liban à l’égard des conflits régionaux et internationaux, à l’exception du conflit israélo-arabe, c’est-à-dire de la cause palestinienne, puisque le Liban est en état de lutte avec Israël et qu’il ne peut donc pas se distancier de ce conflit. Il s’agit là de la réponse présidentielle aux arguments développés par le Hezbollah et alliés pour rejeter la déclaration de Baabda, sur fond de rejet de la logique de la neutralité au nom de l’attachement à la poursuite de la lutte contre Israël...
Pour le chef de l’État, le salut du Liban ne peut provenir que d’une adoption explicite par toutes les parties du principe de la politique de distanciation et de la déclaration de Baabda dans l’ensemble de ses clauses, qui n’est plus « de l’encre sur du papier », comme l’a déclaré le chef du bloc parlementaire du Hezbollah, Mohammad Raad, la semaine dernière, mais fait progressivement son chemin en tant que « bloc de légitimité » de plus en plus incontournable, même au niveau des textes. D’ailleurs, les dernières positions radicales de Nasrallah ont glané un lot de mécontentement au plan local, du chef du courant du Futur Saad Hariri au patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, en passant même par l’homme le plus proche politiquement du Hezbollah, le chef du bloc du Changement et de la Réforme, Michel Aoun. Même ce dernier n’a pas été sans exprimer une certaine gêne vis-à-vis de ce discours et sur l’insistance du secrétaire général à s’obstiner dans son aventure syrienne, affirmant qu’il était contre cette démarche particulière au chef du Hezbollah, laquelle répond, selon lui, à des considérations et des calculs personnels à ce dernier. Une position exprimée à travers la presse qui a nécessité l’envoi hier de Ghaleb Abou Zeynab à Rabieh pour une nouvelle tentative de replâtrer des relations de plus en plus fissurées au fil des mois, au fur et à mesure que les fantasmes de repositionnement et d’indépendance du général Aoun se font pressants et manifestes.
Selon un ancien ministre, le Hezbollah commence à perdre beaucoup au niveau du soutien libanais dont il dispose encore, ainsi qu’au niveau de sa superbe, dans les régions qui se trouvent sous son autorité. Cela pourrait éventuellement le conduire à réévaluer ses positions. Le Hezbollah ne peut pas se retirer de Syrie, selon cet ancien responsable, parce qu’il n’est pas maître de cette décision, qui relève de Téhéran et des gardiens de la révolution. Aussi, ne pouvant contredire ces ordres, persistera-t-il dans sa défense du régime syrien quels qu’en soient les résultats. Cependant, il pourrait tenter de revoir sa philosophie de participation à la guerre syrienne, dans une tentative d’améliorer sa position au plan interne, au lendemain de la décision ferme du 14 Mars de ne pas participer à un cabinet au sein duquel se trouverait le parti chiite. Le Hezbollah serait aussitôt contraint de reprendre le dialogue interne pour trouver un point d’entente avec les autres composantes de la société libanaise.
En attendant ce moment onirique de sortie de crise, le tout est de ne pas se laisser entraîner dans la spirale du dérapage sécuritaire...
Les services de sécurité sont sur le qui-vive depuis l’attentat de Roueiss. Aussi ont-ils élevé leur niveau de coordination après que la direction de la Sûreté générale leur eut livré des informations précises sur des groupes terroristes en activité et des voitures piégées en cours de préparation, notamment après le discours jusqu’au-boutiste du secrétaire...

commentaires (2)

ELLE RISQUE D'ATTIRER D'AUTRES PLUIES DILUVIENNES !

SAKR LOUBNAN

16 h 15, le 20 août 2013

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Commentaires (2)

  • ELLE RISQUE D'ATTIRER D'AUTRES PLUIES DILUVIENNES !

    SAKR LOUBNAN

    16 h 15, le 20 août 2013

  • Le Hezbollah étant un parti théocratique a tendance dictatoriale et surtout a allégeance étrangère indubitable, il y a peu de chance qu'il change sa politique. Il n'y a que deux possibilités: 1- Soit il fait main basse sur le pays en l'occupant militairement et éliminant tous les opposants par le sang et l'exil. 2- Soit le Hezbollah subit une défaite militaire cinglante et ses membres, rescapés, se recycle et tournent enfin leur regard vers le pays des Cèdres. Comme la première solution est impossible en raison de son incapacité a le faire sur le terrain, il ne reste que la seconde. Ou, quand et comment, cela a commence avec son intervention en Syrie qui va durer le temps nécessaire jusqu’à son épuisement totale. Triste est le fait que sa décision est prisonnière des millions du Fakih et que ses partisans n'ont pas l'envergure voulue pour faire bouger les choses. Bien que le bout du tunnel existe, pour y arriver se sera long. Il a fallu 30 ans pour les Druzes et les Sunnites, donnons encore un peu de temps a nos amis chiites, ils se réveilleront bientôt.

    Pierre Hadjigeorgiou

    11 h 57, le 20 août 2013

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