La visite du Premier ministre désigné, Tammam Salam, jeudi à Baabda, et les propos qu’il a tenus au sujet de ses démarches pour mettre en place son équipe ministérielle ont été interprétés dans divers milieux politiques comme un double message à travers lequel le successeur de Nagib Mikati a voulu faire comprendre qu’il n’attendra pas indéfiniment pour former le nouveau gouvernement.
Mais c’est surtout le slogan qu’il a collé à son équipe, à savoir « un gouvernement d’intérêt national », qui a fait sursauter l’équipe du 8 Mars. M. Salam avait en effet indiqué que les Libanais en ont assez du vide institutionnel, en ajoutant que les revendications de la population lui tiennent particulièrement à cœur et que sa loyauté va en priorité aux Libanais et à leurs intérêts. L’appui exprimé par le président Michel Sleiman aux positions du Premier ministre désigné n’a guère rassuré non plus le camp du 8 Mars qui s’est mobilisé pour essayer d’en savoir davantage sur les intentions de Tammam Salam, d’autant que le Hezbollah redoutait un marché qui serait conclu avec le chef du PSP, Walid Joumblatt, pour l’amener à soutenir à nouveau la formation d’un gouvernement apolitique.
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Des cadres du parti de Dieu se sont ainsi empressés de prendre contact avec M. Joumblatt qui les a rassurés, selon ces milieux, sur le fait que ses positions par rapport au gouvernement restent inchangées et qu’il n’est pas favorable à un cabinet duquel le tandem chiite Amal-Hezbollah serait exclu.
Dans le même temps, le mouvement Amal dépêchait à Mousseitbé le ministre démissionnaire de la Santé, Ali Hassan Khalil, qui a été reçu hier en fin d’après-midi par Tammam Salam, pour des concertations étendues sur le gouvernement et sur l’initiative du président de la Chambre, Nabih Berry, supposée en faciliter la formation, pendant que le chef du bloc parlementaire du courant du Futur, Fouad Siniora, décidait de se rendre à Djeddah pour des concertations avec Saad Hariri. Celui-ci doit aussi recevoir sous peu un émissaire de Walid Joumblatt. Ce dernier, indique-t-on de sources informées, devrait essayer de convaincre le chef du courant du Futur de renoncer à son veto à la participation du Hezbollah au gouvernement, en contrepartie de l’abandon par ce dernier de son attachement à la minorité de blocage.
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Mais si le tandem chiite s’est empressé de réagir, ce n’est pas seulement à cause des déclarations faites jeudi à Baabda, mais parce que des informations circulent de plus en plus sur le fait que Tammam Salam en a ras le bol et que, fort du soutien du chef de l’État, il envisagerait à nouveau de former un gouvernement de fait accompli, étant donné que ses tentatives de former son équipe sur base des critères qu’il s’était fixés se sont toutes soldées par un échec. M. Salam souhaite, comme on le sait, une équipe formée sur base du principe des trois huit (huit ministres pour chacun des deux camps du 8 et du 14 Mars et huit portefeuilles pour le courant centriste) au sein de laquelle aucune des trois composantes n’aurait la minorité de blocage. Il insiste également à confirmer le double engagement du Liban à la déclaration de Baabda et à la politique de distanciation par rapport à la guerre en Syrie dans le texte de la déclaration ministérielle.
Selon certaines informations, M. Salam se serait donné un délai de dix jours supplémentaires afin d’engager d’ultimes contacts avec les différentes formations politiques : soit elles accepteraient ses critères, soit il finira par annoncer une équipe réduite et neutre, à même, selon son entourage, de bénéficier de l’appui des Libanais.
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