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Liban - L’éclairage

Les velléités hégémoniques du tandem chiite torpillent tout redressement politique

Les développements aussi bien politiques que sécuritaires l’illustrent et le confirment presque tous les jours : le conflit latent, et chronique, entre sunnites et chiites se fait ressentir à un rythme sans cesse croissant, jour après jour, à tous les échelons du pouvoir et à différents niveaux de la vie politique sur la scène locale. Ce profond clivage, qui ne cesse de se creuser, s’est dangereusement accentué avec la bataille de Qousseir, l’éradication du phénomène créé par cheikh Ahmad el-Assir, et surtout par les prises de position du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui ne cesse de souligner, sans ambages, que son parti entend poursuivre sa participation active aux combats en Syrie aux côtés des forces pro-Assad.

Parallèlement aux retombées particulièrement néfastes des développements sur le terrain et de l’attitude guerrière du Hezbollah, la ligne de conduite politique du tandem chiite Hezbollah-Amal et les velléités hégémoniques de ces deux formations torpillent pratiquement toute tentative de redressement politique sur la scène locale, plus particulièrement au niveau des pouvoirs législatif et exécutif.

Au plan exécutif, d’abord, l’axe Hezbollah-Amal continue d’imposer des conditions rédhibitoires qui entravent la formation du nouveau gouvernement. Le Hezbollah insiste en effet à obtenir, contre vents et marées, le tiers de blocage au sein du cabinet que le Premier ministre désigné, Tammam Salam, s’emploie à mettre sur pied. Le tandem chiite refuse, en outre, l’un des principes définis dès le départ par M. Salam, à savoir l’alternance dans l’attribution des portefeuilles-clés aux composantes communautaires, en ce sens que certains ministères ne devraient pas être l’apanage exclusif de certaines communautés ou factions politiques. Or le Hezbollah et Amal refusent que le ministère des Affaires étrangères échappe à leur contrôle.

Ces conditions imposées par Amal et le Hezbollah s’accompagnent d’un véritable chantage milicien et d’une vaste opération d’intimidation ayant pour toile de fond le poids des armes. Dans le but d’accroître la pression sur le Premier ministre désigné et sur le leader du PSP Walid Joumblatt – qui joue un rôle central dans les tractations en cours pour la formation du gouvernement –, le Hezbollah aurait effectué un redéploiement de ses forces miliciennes dans la région de la Montagne (le Chouf et Aley, notamment), avec comme objectif évident de tenter de forcer la main au Premier ministre désigné.


Mais les manœuvres du tandem chiite ne se limitent pas à l’exécutif et à la mise en place de la nouvelle équipe ministérielle. Elles se manifestent depuis quelques jours dans l’action du pouvoir législatif. La décision de Nabih Berry de convoquer la Chambre à une séance plénière à partir de lundi prochain, et pendant trois jours, a ajouté un nouveau facteur de tiraillements politiques internes et de tension entre factions sunnite et chiite. Cette séance plénière devrait permettre le vote de plusieurs projets et propositions de loi, dont notamment celui autorisant le report d’un an, à titre exceptionnel et pour une seule fois, de la mise à la retraite des chefs sécuritaires actuellement en place, en l’occurrence, dans le cas présent, le commandant de l’armée, le général Jean Kahwagi, et son chef d’état-major. 

 

(Lire aussi : Vaste débat sur la légalité de la séance plénière convoquée par Berry)

La question soulevée sur ce plan dans certains milieux est de savoir si le Parlement a le droit de se réunir et de légiférer en présence d’un gouvernement démissionnaire, d’une part, et sans l’ouverture d’une session extraordinaire de la Chambre, d’autre part. À ces deux interrogations, le tandem Hezbollah-Amal apporte sans équivoque une double réponse positive. Ce point de vue n’est nullement partagé, toutefois, par une source judiciaire digne de foi qui affirme qu’à l’ombre d’un gouvernement sortant chargé d’expédier les affaires courantes, le Parlement ne peut se réunir et légiférer que pour débattre de grandes questions nationales de haute importance ou pour se prononcer sur des dossiers liés à des échéances bien précises.

Cette position est partagée par les milieux sunnites et elle a été plus particulièrement exprimée par les anciens et actuels Premiers ministres lors de la réunion extraordinaire qu’ils ont tenue jeudi soir au Grand Sérail. Les ténors sunnites contestent en effet le caractère légal et constitutionnel de sessions plénières qui se tiendraient en présence d’un gouvernement démissionnaire. Ils rejettent dans ce cadre la décision de M. Berry de convoquer la Chambre au début de la semaine prochaine afin de ne pas créer un précédent en la matière, permettant ainsi au pouvoir législatif de court-circuiter l’exécutif.

Le législatif étant la chasse gardée de la composante chiite du pouvoir, on comprend mieux dans le délicat contexte présent le véritable enjeu de la tenue de réunions parlementaires plénières en l’absence d’un gouvernement exerçant pleinement ses prérogatives. Un enjeu qui ajoute une nouvelle pièce au puzzle des tensions sunnito-chiites qui paralysent la gestion du pays et entravent le redressement national à tous les niveaux.

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Et étendent le malheur sur ce pays.

Antoine-Serge KARAMAOUN

11 h 15, le 29 juin 2013

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Commentaires (2)

  • Et étendent le malheur sur ce pays.

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    11 h 15, le 29 juin 2013

  • j'ai du mal à comprendre...à comprendre pourquoi le Hezb et son allié Amal,assurés qu'ils sont d'avoir la force de leur côté, continuent à faire preuve d'une telle intransigeance. J'ai du mal à comprendre les attaques contre la Présidence de la République aussi. Le vrai fort, celui qui pense être assuré de son bon droit a-t-il pas pour rôle de tendre la main? De rechercher les voies de la concorde? de l'entente? j'ai du mal à comprendre...attiser les démons déjà si présents du confessionnalisme de rue ne peut pas être une solution...

    GEDEON Christian

    11 h 11, le 29 juin 2013

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