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À La Une - L’éclairage

Début de solution ou ferment de guerre civile ?

La suppression du phénomène Ahmad el-Assir à Saïda sera-t-elle un jalon dans le processus de traitement du dossier des armes non légales ou bien va-t-on aller vers une grande crise et semer le ferment de la discorde, en dépit des tentatives de l’armée d’étouffer ce mal dans l’œuf ?


Après la fin des opérations militaires à Abra et la prise de contrôle du QG du cheikh Assir, qui a disparu avec ses familles dans des circonstances qui ne sont pas sans rappeler le précédent de Chaker el-Absi, le chef de Fateh el-Islam, en 2007, la question qui revient sans discontinuer dans un certain nombre de milieux, en particulier sunnites, est de savoir si l’armée va continuer la mission qu’elle a entamée.
On sait déjà qu’à la suite d’images prises à Tripoli et Saïda, et notamment d’un cliché montrant des combattants armés de la tête aux pieds passant impunément sous les yeux des soldats, le commandement de l’armée avait procédé ces dernières semaines à des permutations dans les rangs des officiers commandant les diverses brigades et donné aux nouveaux chefs des instructions strictes sur la nécessité d’interdire toute manifestation armée non légale.
Mais après l’affaire de Saïda, cela ne suffira pas, d’autant plus que dans les milieux sidoniens, on ne cache pas que des éléments armés relevant du Hezbollah et du mouvement Amal se sont déployés massivement dans le secteur entourant le QG du cheikh Assir et qu’il y a même eu participation de leur part aux affrontements.


C’est pour cela que les chefs de gouvernement réunis lundi au Grand Sérail ont appelé l’armée à parachever ce qu’elle a commencé sans sélectivité, accordant pour cela à la troupe et à son état-major tout le soutien et la couverture politique nécessaires.


De son côté, l’ex-Premier ministre Fouad Siniora a réclamé de l’armée, au nom des composantes du 14 Mars, de régler de manière radicale le dossier des appartements des « Brigades de la résistance », à l’origine de la tragédie de Saïda. Il a dans le même temps clairement exprimé le soutien total du 14 Mars à la troupe, exactement comme lors de la bataille de Nahr el-Bared, en 2007.


Dans les milieux quatorze-marsistes, on souligne que si l’armée s’abstenait de poursuivre son action et de retirer les éléments des Brigades de la résistance, ce qu’elle a accompli serait considéré comme sélectif et constituerait un projet de crise dans le pays. Si, au contraire, elle persévérait dans ses mesures en direction des fameux appartements, ce serait le début d’une solution globale au niveau de toute la nation.


La rue sunnite, par le biais de ses chefs religieux et politiques, et ses pôles d’influence, s’est bel et bien rangée aux côtés de l’armée, mais pour elle, seul l’État est à même d’exploiter les sacrifices consentis par les militaires, notamment sur le plan politique, ce qui devrait se traduire par la formation d’un gouvernement ainsi que le voudrait le Premier ministre désigné, Tammam Salam, sans conditions ni demandes de toutes sortes.
Beaucoup de milieux sunnites redoutent en effet que le Hezbollah ne soit tenté de considérer la chute de cheikh Assir comme une nouvelle victoire pour lui, ce qui le porterait à hausser davantage les enchères pour ce qui est du gouvernement.
Car en dépit du soutien accordé à l’armée par tout l’establishment sunnite, il est à craindre que le sentiment de frustration au sein de cette communauté ne vienne à s’aggraver. En 1975, on avait le sentiment, en milieu sunnite, que l’armée était « chrétienne », aujourd’hui on pense qu’elle est « chiite ».


Pour empêcher toute dérive, il faut donc deux choses pour le moment : d’abord que l’armée donne clairement l’impression qu’elle s’attaque à toutes les présences armées non légales, ensuite que l’on libère la question gouvernementale de l’hégémonie du tandem chiite Amal-Hezbollah. Force est d’admettre que ce tandem fait preuve de beaucoup de jalousie dès lors qu’il s’agit de la présidence de la Chambre et cherche à empêcher tout vide à ce niveau, contrairement à ce qui se passe en ce qui a trait à la présidence du Conseil.
Quoi qu’il en soit, il se pourrait que l’onde de choc envoyée par les événements de Saïda puisse paradoxalement aider à la formation du cabinet. Des sources proches du Premier ministre désigné pensent que ce dernier pourrait s’y atteler dès la semaine prochaine, même s’il faudrait qu’il ne prenne pas en compte le point de vue de son allié Walid Joumblatt.

 

Reportage

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