Le Liban en deuil, soutien unanime à l’armée

Le deuil pour les soldats tués de l’armée, tombés les deux derniers jours à Saïda dans les combats avec les hommes d’Ahmad el-Assir, a plané hier sur l’ensemble du territoire libanais. Les activités ont été suspendues pour une heure, à la Régie des tabacs, au ministère de l’Agriculture et dans toutes les institutions publiques de Tripoli, à la demande du Premier ministre démissionnaire Nagib Mikati. Le Conseil supérieur de la magistrature a quant à lui observé cinq minutes de silence en signe de deuil, en présence de nombreux responsables de la justice. Au Grand Sérail, Nagib Mikati, entouré du secrétaire général de la présidence du Conseil des ministres Souheil Bouji, des fonctionnaires et des journalistes, a observé cinq minutes de silence pour le repos des âmes des soldats et en solidarité avec leurs familles.
Par ailleurs, les derniers développements à Saïda et leurs répercussions sur la scène libanaise étaient au cœur des entretiens de M. Mikati, notamment avec le secrétaire général du Haut Comité de secours, le brigadier Ibrahim Bachir, qui a été appelé à procéder à une évaluation rapide des dégâts causés par les derniers incidents.
En guise de solidarité avec l’armée, un rassemblement se tiendra aujourd’hui place Sassine, à Achrafieh, à 17 heures.

Le député Michel Pharaon, le ministre Nicolas Sehnaoui, le conseil municipal de Beyrouth et les députés de Beyrouth 1 ont appelé à la participation à ce rassemblement organisé en collaboration avec des partis politiques et la société civile. De son côté, le président de l’Association des industriels, Nehmat Frem, a appelé tous les industriels à lever le drapeau libanais sur le toit de leurs usines durant toute la semaine en signe de soutien à l’armée. Les bâtonniers de Beyrouth et du Nord, Nohad Jaber et Michel Khoury, ont quant à eux annoncé la tenue aujourd’hui d’une manifestation des avocats pour soutenir l’armée, à Beyrouth comme à Tripoli.

Hier, l’armée a fait ses derniers adieux à cinq de ses soldats tombés à Saïda. Les localités de Machta Hammoud, Brital, Ras Baalbeck et Khoder ont pleuré Omar Youssef, Bilal Ali Saleh, Ali Adnane Hamzé et Ali Adnane Masri, ainsi que le lieutenant Georges Abou Saab, qui ont été accueillis en héros, en présence des représentants du ministre de la Défense et du commandant en chef de l’armée. Les obsèques du soldat Ahmad Gharib ont aussi été célébrées au Akkar. Par ailleurs, le commandement de l’armée a fait part hier du décès du soldat Taleb Hassan Mama qui a succombé lors des événements de Saïda.

Ces événements continuent d’ailleurs d’occuper les milieux politiques qui se veulent unanimes dans leur soutien à l’armée. Le député Mohammad Kabbani a déclaré, au terme de sa visite au palais présidentiel de Baabda, que les derniers incidents de Saïda avaient démontré que « le courant du Futur soutenait l’État et l’armée, seuls garants de la paix et de la sécurité des citoyens ». Il a appelé l’institution militaire à étendre la politique de fermeté sur l’ensemble du territoire libanais et à en finir avec les groupes armés à Saïda et dans toutes les régions sans exception. Le Amid du Bloc national, Carlos Eddé, a salué pour sa part le courage de l’armée, estimant qu’« elle devrait aussi protéger les citoyens contre les attaques du Hezbollah, comme celles du 7 mai 2008 ». Le rôle de l’armée a été valorisé par le patriarche Grégoire III Lahham et le député Nidal Tohmé. Le député du courant du Futur Samir Jisr a enfin jugé que le phénomène Ahmad el-Assir est venu en réaction à la prolifération des armes sur le terrain, appelant à régler les causes à l’origine d’un tel phénomène.