Hollande à Jacques Saadé : « Votre réussite est le symbole des relations exceptionnelles entre la France et le Liban »

Belle revanche pour Jacques Saadé à qui des esprits chagrins prédisaient le naufrage et que certains fâcheux estimaient fini. Après une pénible série d’épreuves, le fondateur et président du groupe CMA-CGM a remis sa société sur pied et mené avec brio l’un des événements économiques les plus importants de ces dernières années en France : l’inauguration à Marseille du porte-conteneur Jules Verne, en présence du président de la République française.
Le Jules Verne est loin d’être un bateau ordinaire. Plus grand porte-conteneurs au monde, sillonnant les sept mers, battant pavillon français, innovant en matière d’environnement, il porte le nom d’un écrivain visionnaire et passionné de voyages. Ce navire d’exception méritait une inauguration d’exception et le président François Hollande a jugé la circonstance suffisamment importante pour se déplacer en personne, ce qui n’est pas si courant. En effet, la dernière fois qu’un président de la République avait inauguré un bateau, c’était le Général de Gaulle en 1960, pour le lancement du paquebot France.

C’est donc sous un soleil radieux, à même le port de Marseille, au pied du « géant des mers » que s’est déroulée cette extraordinaire cérémonie.

Côté français, François Hollande était accompagné par la ministre chargée des Handicapés et de l’Exclusion Marie-Arlette Carlotti, le ministre chargé des Transports, de la Pêche et de la Mer Frédéric Cuvillier ainsi que le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin. On notait aussi la présence du sénateur et ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, du président du conseil régional de Provence Côte-d’Azur, Michel Vauzelle, du député de Marseille d’origine libanaise Henri Gebrail, du député européen Jean Roetta et d’un certain nombre d’officiels de la région des Bouches-du-Rhône.
De prestigieuses personnalités libanaises s’étaient également déplacées pour l’occasion. Les organisateurs espéraient la présence du président Michel Sleiman, mais celui-ci s’était fait représenter par le ministre du Travail, Sélim Jreissati. On notait aussi la présence du ministre de l’Information Walid Daouk, des députés Marwan Hamadé et Michel Pharaon, des anciens ministres Adnane Kassar et Jihad Azour, de la consule générale du Liban à Marseille Hala Keyrouz et de l’ambassadeur Khalil Karam, délégué permanent du Liban auprès de l’Unesco.

Les festivités ont commencé en musique avec la chorale des Petits chanteurs de la Major, ensemble d’une quarantaine d’enfants qui offrent aux présents un charmant florilège de chansons françaises harmonisées à plusieurs voix. Alors que leur prestation est en cours, François Hollande fait son entrée avec naturel et simplicité.

Puis vient le moment des discours. Celui de Jacques Saadé, président de CMA-CGM, et celui, en réponse, de François Hollande. Jacques Saadé commence par exprimer ses chaleureux remerciements au président français, qui s’est déplacé personnellement pour ce moment important. Puis il résume le parcours étonnant et exemplaire de la société CMA-CGM qui, en 2013, fête ses 35 ans. Arrivé en famille en 1978 à Marseille pour fuir les combats qui font rage au Liban, Jacques Saadé ne sait pas s’il y passera quelques semaines ou quelques mois. Trente-cinq ans après, non seulement il y est encore, mais comme premier armateur français et premier employeur privé de la ville de Marseille. Jacques Saadé évoque les principales étapes de ce fulgurant parcours, l’acquisition de la CGM par ce qui n’était au départ que la CMA, les premiers échanges avec la Chine, l’élargissement de la flotte, l’ouverture de nouvelles routes maritimes vers l’Océanie, l’Afrique, l’Amérique du Sud. Puis il parle de l’importance de la présence familiale à ses côtés. En effet, Jacques Saadé est entouré, pour diriger la société, de ses trois enfants, Tanya, Rodolphe et Jacques Junior ainsi que de son beau-frère Farid Salem qui œuvre inlassablement dans la discrétion et la modestie.

Prenant ensuite la parole, François Hollande exprime sa joie d’être présent à ce moment exceptionnel pour Marseille et pour la France, mettant l’accent sur les « relations exceptionnelles entre le Liban et la France », dont la réussite de Jacques Saadé est l’un des symboles. Pour lui, le porte-conteneurs Jules Verne est un « fleuron de la flotte commerciale française », et il note avec satisfaction que les conteneurs sont rangés sur le pont d’après les couleurs de la République, bleu, blanc et rouge. Puis il précise avec humour que le Jules Verne est « plus haut que la tour Eiffel » et qu’en volume « il peut contenir la cathédrale Notre- Dame de Paris ».

François Hollande poursuit en disant que « ce moment est en fait le résultat d’une double réussite, celle personnelle de Jacques Saadé et de sa famille qui ne se sont jamais coupés de leurs racines libanaises, et celle du groupe CMA-CGM qui est présent dans le monde entier ». Le président évoque aussi la Tour Saadé, siège du groupe et œuvre de l’architecte Zaha Hadid. Ce bâtiment est devenu « le symbole de Marseille ».
Il évoque alors son désir de voir facilités les liens entre les différents moyens de transport en France, son souhait de « combler le retard de la France » en matière de conteneurs et la part d’émotion, d’imaginaire et d’aventure qui s’attachent toujours à l’image des navires. Pour clore sur une note humoristique, François Hollande lance : « Nous sommes tous sur le même bateau. »
C’est à ce moment-là que se déroule véritablement l’inauguration du bateau. Pendant que le président français coupe le ruban tricolore qui retient la bouteille de champagne qui ira se fracasser sur la coque du navire, la soprano Marie-Louise Duthoit entonne la Marseillaise d’une voix pure et cristalline, envoyant à l’assemblée déjà très émue une décharge d’émotion supplémentaire. Les vivats éclatent et des confettis bleus et blancs (les couleurs de la société), pleuvent alors abondamment sur les présents.

Au-delà de l’histoire personnelle d’une réussite économique et commerciale et de la détermination opiniâtre d’un homme, la saga de la CMA-CGM, symbolise aussi, à l’heure de la mondialisation, le dialogue des cultures et les échanges entre les peuples.

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