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Liban - Éclairage

L’absence d’entente sur la loi électorale complique la formation du gouvernement

Depuis mercredi, la scène politique est entièrement concentrée sur les débats au Parlement. D’ailleurs, le grand absent de la journée parlementaire de mercredi dernier à Aïn el-Tiné était bien le Premier ministre désigné, Tammam Salam, qui est pourtant un député. C’est dire qu’en réalité, le véritable souci de la classe politique tourne actuellement autour des élections et de la loi électorale, et non du gouvernement. On en revient ainsi à ce que disaient le 8 Mars et le CPL, à savoir que le sort du gouvernement dépend de celui des élections. En effet, s’il y a une entente sur une nouvelle loi électorale et une visibilité pour la tenue des élections, le 8 Mars et ses alliés pourraient être plus coulants dans la composition du nouveau cabinet, sachant que celui-ci a une mission très précise, celle d’organiser des élections. Mais si une telle entente fait défaut et que l’on se dirige soit vers une prorogation du mandat du Parlement, soit vers le renflouement de la loi de 1960 dans un bras de fer politique, le 8 Mars et ses alliés tenteront de faire partie du nouveau gouvernement de façon effective, c’est-à-dire via l’obtention du tiers de blocage. Sinon, ils chercheront à entraver la formation du gouvernement pour en rester à la gestion des affaires courantes par le gouvernement Mikati.


En effet, la dernière visite de Walid Joumblatt en Arabie saoudite et ce qui en a filtré n’étaient pas de nature à rassurer le camp du 8 Mars et en particulier le Hezbollah, qui a eu le sentiment d’être spécifiquement visé. L’Arabie saoudite, rappellent les sources proches du 8 Mars, avait demandé à ses interlocuteurs libanais d’accélérer le processus de formation du gouvernement en respectant toutefois deux conditions : pas de représentation directe du Hezbollah au sein du gouvernement et pas d’octroi du tiers de blocage au 8 Mars et à ses alliés. Le Premier ministre désigné Tammam Salam, ajoutent-ils, avait alors multiplié les contacts avec deux formules : la première de 24 ministres, divisés sur la base des trois tiers : 8 ministres au 14 Mars, 8 ministres au 8 Mars et à ses alliés, et 8 ministres aux centristes (le président Sleiman, le Premier ministre Salam et Walid Joumblatt), et en cas de refus du 8 Mars, Tammam Salam a songé à une formule de 14 ministres, tous des personnalités « non provocantes » et pas trop politiques. Dans la foulée, il avait mis au point un système de rotation des portefeuilles, donnant par exemple les Finances aux chiites et les Affaires étrangères et la Défense aux maronites, alors que l’Intérieur devrait revenir aux grecs-orthodoxes, etc. Tammam Salam était encouragé dans sa démarche par le chef de l’État qui le poussait à annoncer son équipe, quitte à devoir former un gouvernement sans le 8 Mars et le CPL.


La riposte de ces derniers ne s’est pas fait attendre. Le 8 Mars et le CPL ont envoyé des messages très clairs dans lesquels ils exprimaient leur refus de la formule des trois tiers, se demandant pourquoi ceux qui représentent 48 % des sièges parlementaires n’obtiennent qu’un tiers des membres du gouvernement, alors que ceux qui ont moins que 20 % des sièges parlementaires obtiennent le tiers des sièges gouvernementaux. Le président de la Chambre avait même été encore plus loin, se demandant comment Tammam Salam peut être considéré comme centriste, alors que sa candidature a été annoncée par le 14 Mars et qu’il affirme lui-même être membre de cette coalition. Berry avait même lancé devant ses visiteurs que c’est lui le véritable centriste, puisqu’il avait accepté de renoncer à un ministre chiite pour faciliter la formation du gouvernement Mikati, tout comme c’est lui qui avait trouvé la formule pour assurer le versement de la part du Liban dans le financement du TSL, et c’est encore lui qui a convaincu ses alliés de nommer à leur tour Tammam Salam. En même temps, pour Berry, il serait dommage pour Tammam Salam, qui a obtenu presque l’unanimité des voix parlementaires pour sa désignation, provoquant ainsi un choc positif dans le pays, de brader cet acquis en se lançant dans la formation d’un gouvernement sans le 8 Mars et le CPL. D’autant que Salam appartient à une famille sunnite connue pour sa modération et son ouverture, son père Saëb ayant lancé plusieurs slogans devenus la marque spécifique du Liban. Pour mémoire, rappelons que c’est Saëb Salam qui est à l’origine du fameux « Ni vainqueur ni vaincu », « Un Liban et non deux », et encore « L’entente et la compréhension »...


Saisissant au vol le message, Walid Joumblatt s’est donc rendu in extremis en Arabie saoudite où il s’est entretenu avec le chef des SR, l’émir Bandar ben Sultan. Joumblatt a convaincu son interlocuteur de donner une chance aux contacts et à l’entente sur une formule gouvernementale en reportant l’annonce du gouvernement dit du fait accompli. Joumblatt pensait en effet que s’il y avait une entente au Parlement sur une nouvelle loi électorale et sur la tenue des élections, la formation du gouvernement deviendrait plus facile. Mais depuis mercredi, il est de plus en plus clair que l’entente sur une nouvelle loi a peu de chances de se réaliser. Il reste donc deux options : soit le renflouement de la loi de 1960, avec éventuellement quelques amendements, soit l’entente sur une prorogation du mandat du Parlement. Mais dans les deux cas, les tiraillements au sujet de la formation du gouvernement recommenceront de plus belle, car le 8 Mars et le CPL exigeront de nouveau le tiers de blocage ou en tout cas un neuvième ministre à mi-chemin entre eux et les « centristes », alors que les pressions saoudiennes et internes pour former une équipe dite du fait accompli deviendront plus pesantes. La mission de Tammam Salam se complique de jour en jour, car il est facile en théorie de former un gouvernement sans le 8 Mars et le CPL, mais avec tous les problèmes auxquels doit faire face actuellement le Liban, il s’agit d’une aventure aux risques non mesurés.

 

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commentaires (4)

Il est clair que les amis du régime syrien cherchent une victoire au Liban, quelqu elle soit....et au Diable l intérêt national...c est parti pour encore et encore des conneries politiciennes ...stériles

CBG

12 h 28, le 17 mai 2013

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Commentaires (4)

  • Il est clair que les amis du régime syrien cherchent une victoire au Liban, quelqu elle soit....et au Diable l intérêt national...c est parti pour encore et encore des conneries politiciennes ...stériles

    CBG

    12 h 28, le 17 mai 2013

  • Il faut être idiot pour croire que comme ça, parceque la bensaoudie le décide, on peut agir comme bon vous semble, mais on est pas en "démocratie " bensaoudique mr bandar ben machin, vous ne pouvez pas décider pour nous autres, libanais parce que vous n'êtes pas coutumiers de nos coutumes, on empêche pas les femmes de conduire chez nous, on ne fouette pas en public chez nous, ni ne coupe des mains, on infantilise pas la femme en lui collant un tuteur pour tous ses déplacements, mais on a rien à voir avec vous, vous pouvez filer du fric à qui bon vous semble, arroser les fleuves libanais de tous vos billets de banque mal acquis, mais cela ne vous donne pas le droit d'exiger quoi que se soit, allez le faire en Europe et même pas vous n'oserez pas vous mêler de leur politique, mais chez nous c'est get out of our buseness, compris.Il faudra lui envoyer cet article de Scarlett ,juste pour qu'ils sachent qu'on les a démasqué à ces "malins".

    Jaber Kamel

    11 h 00, le 17 mai 2013

  • ben oui...

    GEDEON Christian

    08 h 02, le 17 mai 2013

  • JE RÉSUME : LES MÊMES TÉNORS, SUIVISTES ET ACCOLYTES, AVEC VOTRE PERMISSION MADAME HADDAD, AU SERVICE DE CENTRES ÉTRANGERS RÉGIONAUX, CHEFS DIVINS, CAPORAUX "OU LIFRATA", COMPLIQUENT, COMME D'HABITUDE ET TOUJOURS, ET LA LOI ELECTORALE ET LA FORMATION DE GOUVERNEMENT... ET TOUT CE QUI PEUT MENER A L'ETAT FORT... CELA DIT TOUT ! N'EST-CE PAS ? Bonne Journée !

    SAKR LOUBNAN

    07 h 19, le 17 mai 2013

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