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À La Une - Syrie

L’ONU condamne Damas et reconnaît l'opposition

L’Assemblée générale reconnaît l’opposition comme un interlocuteur représentatif.

Une vue de la réunion de l’Assemblée générale de l’ONU hier. John Moore/Getty Images/AFP

L’Assemblée générale de l’ONU a condamné hier « l’escalade » des attaques menées par le régime syrien et a appelé à des négociations incluant la Coalition de l’opposition. Dans une résolution adoptée par 107 voix pour, 12 contre et 59 abstentions sur les 193 membres de l’ONU, l’Assemblée « se félicite de la création de la Coalition nationale » de l’opposition et la qualifie « d’interlocuteur effectif et représentatif nécessaire à une transition politique ». Elle « note » que la Coalition bénéficie d’une « large reconnaissance internationale » mais ne va pas jusqu’à la présenter comme seul représentant légitime, comme l’ont fait les pays de la Ligue arabe.


Cette résolution de sept pages condamne « l’escalade continue » des attaques de l’armée syrienne et ses « violations flagrantes et systématiques » des droits de l’homme. Elle appelle « toutes les parties à cesser immédiatement toute forme de violence, y compris les actes terroristes », et à participer à une « transition politique » basée sur la déclaration de Genève du 30 juin 2012, qui prévoit un gouvernement de transition. Selon la résolution, cette instance devrait assumer « des pouvoirs exécutifs complets », y compris ceux dévolus actuellement à la présidence et au gouvernement syriens. La résolution n’aborde cependant pas explicitement le sort de Bachar el-Assad. La résolution réclame un « soutien financier d’urgence » en faveur de pays comme la Jordanie, le Liban et la Turquie, qui accueillent des centaines de milliers de réfugiés syriens. L’Assemblée « exprime sa grave inquiétude » face à l’éventuelle utilisation d’armes chimiques dans le conflit mais elle ne se prononce pas sur l’utilisation effective par l’un ou l’autre camp. Elle demande au régime syrien de laisser enquêter librement sur place les experts de l’ONU, ce que Damas refuse pour l’instant. La résolution souligne les « graves dangers » d’un débordement du conflit. Elle « condamne fermement » les tirs de la Syrie vers ses voisins et demande à Damas de « respecter (leur) souveraineté ». Enfin, l’Assemblée « réaffirme son soutien » à la médiation de Lakhdar Brahimi, un temps démissionnaire.

 

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Cette résolution non contraignante, préparée notamment par le Qatar, un des principaux soutiens de l’opposition syrienne, a une portée symbolique. Elle a recueilli beaucoup moins de suffrages qu’un précédent texte de l’Assemblée sur la Syrie, adopté le 3 août 2012 par 133 voix pour, 12 contre et 31 abstentions. La Russie a voté contre, de même que la Chine, l’Iran, Cuba, la Corée du Nord et le Nicaragua. L’Argentine, le Brésil, l’Uruguay, l’Inde, l’Indonésie et plusieurs pays africains (Afrique du Sud, Togo, Guinée) se sont abstenus. Le représentant russe Alexander Pankin a vivement critiqué une résolution « partiale », affirmant qu’elle allait « encourager l’opposition à continuer de se battre » et compromettre les efforts américano-russes pour organiser une conférence internationale. La représentante américaine Rosemary DiCarlo a estimé au contraire que la résolution était « compatible avec (cette) initiative ». Pour l’ambassadeur français Gérard Araud, il s’agit d’un « texte modéré qui aidera les forces d’opposition à aller à la négociation ». L’ambassadeur syrien, Bachar Jaafari, a accusé « certains promoteurs du texte de ne pas vouloir un règlement du conflit mais un changement de régime » à Damas.

 

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« Diktat »...
Plus tôt en journée, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, avait appelé l’opposition syrienne à soutenir les efforts de Moscou et de Washington pour organiser une conférence internationale. « Il est important que tous les participants à la réunion expriment un soutien clair à l’initiative russo-américaine destinée à mettre en œuvre le communiqué de Genève », a déclaré M. Lavrov, cité par les agences russes. Il s’exprimait à Kiruna, en Suède, où a lieu une réunion du Conseil de l’Arctique, organisation intergouvernementale qui regroupe les pays riverains de l’Arctique. Également présent à cette réunion, le secrétaire d’État américain John Kerry a dit qu’il croyait, comme son homologue russe, que la conférence internationale pourrait être organisée comme prévu. « Nous sommes très optimistes », a-t-il dit. De son côté, l’opposition syrienne a convenu de se réunir le 23 mai à Istanbul pour discuter de cette initiative. Toutefois, Damas et ses alliés refusent tout « diktat » imposé dans la perspective de cette conférence de paix internationale, a affirmé le vice-ministre syrien des Affaires étrangères, Fayçal Moqdad, en référence notamment au départ du président Assad réclamé par l’opposition. M. Moqdad a renvoyé la balle aux parrains de l’opposition, notamment l’Arabie saoudite, la Turquie et le Qatar : « La réussite de toute conférence internationale (...) en vue de parvenir à une solution politique à la crise actuelle est liée à la bonne foi de ceux qui soutiennent le terrorisme (...). L’arrêt du terrorisme et de la violence est un facteur essentiel pour l’arrêt de la crise. »

Brève interruption d’Internet
Entre-temps sur le terrain, l’armée tentait de repousser un assaut des rebelles contre la prison centrale d’Alep, l’une des plus grandes du pays où sont détenus des milliers de personnes, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). À Damas, une personne a été tuée dans l’explosion d’une bombe magnétique fixée à une voiture sur la place ultra-sécurisée des Omeyyades, selon la même source. En outre, au moins quatre personnes ont été tuées dans des bombardements de l’armée sur le secteur du camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk, toujours selon l’OSDH. Et des combats avaient lieu dans les provinces de Damas, Hama et Homs, ainsi que celles d’Idleb et Deraa. Hier par ailleurs, la Russie a estimé qu’environ 200 de ses ressortissants musulmans se battent actuellement dans les rangs des insurgés en Syrie et craint qu’ils ne se lancent dans une campagne d’attentats à leur retour.


En outre, le réseau Internet a recommencé à fonctionner hier soir, selon une entreprise américaine de surveillance du trafic, et des habitants ont signalé le rétablissement des communications téléphoniques après une interruption de huit heures. Il s’agit de la sixième rupture de ce type affectant les communications en Syrie depuis le début du soulèvement populaire en mars 2011. Enfin, deux projectiles tirés de Syrie sont tombés dans un secteur du mont Hermon, point culminant du Golan occupé par Israël, sans faire de victime, selon l’armée israélienne.

 

Tribune

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