
Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, prononce un discours retransmis en direct lors d'un rassemblement dans la banlieue sud de Beyrouth, le 13 mai 2024. REUTERS/Mohamed Azakir
Le secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah a appelé lundi à ouvrir l'accès à la mer aux Syriens qui souhaitent quitter le Liban. Ses propos interviennent à la veille d'une réunion du Parlement consacrée à l'examen du don européen d'un milliard d'euros à Beyrouth afin de soutenir l'économie du pays, ses forces de sécurité et lutter contre l'émigration illégale vers les côtes européennes.
« Nous n'avons jamais dit qu'il fallait obliger les Syriens à monter dans un bateau pour fuir ! Mais permettez-leur de quitter légalement, en adoptant une loi nationale qui dirait : la mer est ouverte ! Partez, vous avez le droit ! » a plaidé le dirigeant chiite dans un discours prononcé au cours d'une cérémonie annuelle en hommage à Moustapha Badreddine, ancien chef militaire du Hezbollah en Syrie, tué en 2016 près de Damas. « Si l'on fait cela, ce n'est plus un milliard que nous donnera l'UE. C'est 20 milliards, 30... » a-t-il encore estimé. Depuis l'annonce du don européen, une grande partie de la classe politique libanaise a dénoncé ce paquet d'aide comme étant une tentative de « soudoyer » le Liban afin qu'il accepte la présence des migrants et réfugiés syriens sur son territoire.
« Voilà la solution : parlez à la Syrie et à son gouvernement, et faites pression sur les États-Unis et l'Europe par l'ouverture d'un accès libre à la mer ! » a poursuivi le chef du Hezbollah, appelant à la suppression de la loi César qui impose des sanctions sévères contre quiconque soutient le régime Assad. Avant d'ajouter : « Les aides que vous donnez aux Syriens au Liban, octroyez-les leur en Syrie ! » Il a aussi souligné que « si l'on demandait à un Syrien de retourner dans son pays, il ne voudra pas (...) parce qu'ici il a des aides, des garanties, des offres d'emploi en cascade ! » Le numéro un du parti chiite a dans ce cadre précisé que ceux qui ne veulent pas du rapatriement des déplacés sont « ceux qui profitent financièrement de la présence des Syriens », pointant du doigt les « ONG financées par les États-Unis et l'Europe ».
La séance parlementaire de mercredi
Hassan Nasrallah a estimé que la séance parlementaire de mercredi à laquelle le chef du législatif Nabih Berry a convoqué « est une occasion de régler cette question ». « Pour une fois, on a trouvé un consensus libanais autour de cette question », s'est félicité Hassan Nasrallah. « Tout le monde sait que ceux qui sont responsables en premier lieu de ce sujet ce sont les États-Unis et l'Europe », a-t-il ajouté, rappelant avoir « traité avec le président syrien Bachar el-Assad du retour des habitants syriens dans la région de Qousseir. « Nous avons garanti un retour dans de bonnes conditions. Mais ce sont les associations au Liban qui ont empêché leur retour, celles qui sont financées par les puissances étrangères ! » a-t-il poursuivi.
Mikati répond à ses détracteurs
Plus tôt dans la journée, le Premier ministre sortant Nagib Mikati avait répondu à ceux qui le critiquaient pour sa gestion du dossier des migrants et réfugiés syriens au Liban, assurant qu'il donnera plus de détails sur la question au cours de la séance parlementaire de mercredi.
« La poursuite des campagnes à l'encontre du gouvernement sur la question des déplacés syriens est une méthode qui vise à masquer la réalité pour servir des objectifs populistes et paralyser son travail », a-t-il déclaré dans un communiqué repris par l'Agence nationale d'information (ANI, officielle). « Nous assurons que nous allons continuer notre travail et appliquer nos décisions (...) Nous en parlerons en détail pendant la séance parlementaire de mercredi. (...) Il faudra travailler en parallèle avec nos partenaires locaux et étrangers, dans les pays arabes et à l'international », a-t-il souligné.
De son côté, le député Michel Moawad a affirmé que le Bloc du renouveau, qui regroupe aussi Achraf Rifi, Fouad Makhzoumi et Adib Abdel Massih, ne discutera pas lors de la séance de mercredi du « don (européen) mais de la complicité du gouvernement dans le dossier des réfugiés syriens ». « Nous sommes en faveur d'un rapatriement sûr des Syriens », a-t-il ajouté, appelant à « expulser ceux qui sont en situation irrégulière ». L'élu a enfin estimé qu'il faudrait « encourager les migrants à rentrer et non pas financer leur présence au Liban ».
Nasrallah par ci, Nasrallah par là, on en a rien à cirer de ce qu’il pense ou dit. Nous voulons qu’il cesse ses actions mortifères pour notre pays afin d’éviter que notre sort ne ressemble à celui de tous les autres peuples qu’il ne cesse de prétendre défendre leur cause.
12 h 33, le 14 mai 2024