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À La Une - Parlement

Exit le projet orthodoxe, toutes les autres options sont ouvertes

La séance parlementaire qui était prévue hier pour trancher le débat sur la loi électorale a été reportée à vendredi, ce qui a sonné le glas du projet dit « orthodoxe », surtout après l’accord 14 Mars-PSP sur une formule mixte.

En dépit des mesures de sécurité exceptionnelles, annonciatrices des grands jours parlementaires, le petit cercle des habitués du Parlement savait que la séance tant attendue n’aurait pas lieu. Preuve en est que le service d’ordre du Parlement n’avait pas pris la peine d’ouvrir l’hémicycle aux journalistes. Ceux-ci sont donc restés enfermés entre le hall d’entrée et la petite salle de presse où, très vite, les conférences ont commencé à se succéder, sans parler des apartés dans les petits coins et le couloir. Le second indice est venu de la visite rapide du Premier ministre chargé des affaires courantes Négib Mikati qui a précisé être là pour s’entretenir avec le président de la Chambre. Il est reparti au bout d’une demi-heure, ayant déjà obtenu la confirmation que la séance n’aurait pas lieu.


Faute d’activité de fond, les journalistes ont dû se contenter du petit spectacle, les députés des Forces libanaises, des Kataëb et surtout du courant du Futur circulant en groupes serrés autour de la star du moment. Pour les FL, il s’agissait de Georges Adwan qui tentait d’expliquer la position des Forces libanaises concernant le projet orthodoxe, auquel elles ont porté le coup de grâce. Les Kataëb, eux, entouraient Samy Gemayel qui précisait que son parti ne pouvait pas accepter le projet présenté par les Forces libanaises en accord avec le courant du Futur et le PSP, ayant de sérieuses réserves à son sujet. Quant aux députés du courant du Futur, ils ne quittaient pas d’une semelle le chef du bloc, Fouad Siniora, qui se préparait à une rencontre avec le président de la Chambre. Lequel était déjà réuni avec les députés du bloc du Changement et de la Réforme et leur chef Michel Aoun, le chef des Marada Sleimane Frangié, l’émir Talal Arslane et les députés du Hezbollah.


Les discussions allaient bon train car il s’agissait de préparer l’étape de l’après-projet orthodoxe, puisqu’avec la défection des Forces libanaises, il est devenu clair que toute séance plénière ayant pour ordre du jour le vote du projet orthodoxe n’aurait pas de quorum, les députés Kataëb, le 8 Mars et le bloc du Changement et de la Réforme ne pouvant pas aligner plus de 63 députés. C’est ainsi que Nabih Berry a proposé de remettre en selle la sous-commission parlementaire qu’il présiderait cette fois en lui soumettant de nouvelles idées, dans l’espoir d’aboutir à une entente. Cette sous-commission a tenu une réunion hier et poursuivra ses travaux aujourd’hui.


Vendredi soir, une nouvelle séance plénière devrait se tenir soit pour entériner l’accord, soit pour s’entendre sur une autre formule, ou encore pour préparer l’adoption d’une nouvelle suspension des délais du dépôt des candidatures, qui expirent dimanche. Sinon, si rien n’est fait, lundi les candidats pourront recommencer à présenter leur candidature sur la base de la loi de 1960. Ce qui est, en principe, un scénario refusé par de nombreuses parties, notamment les Forces libanaises. Georges Adwan l’a répété hier aux journalistes, sans toutefois répondre à la question de savoir si cette position pouvait changer comme ce fut le cas au sujet du projet orthodoxe.


La réunion de Berry avec les députés du 8 Mars et du CPL se prolongeant, les Forces libanaises, les Kataëb et le courant du Futur ont occupé la scène médiatique. Les députés des Forces libanaises et ceux du courant du Futur mettaient en avant les principaux points du projet sur lequel ils s’étaient entendus in extremis la veille, ajoutant qu’en présentant ce projet, ils ont quasiment sauvé l’unité nationale et préservé le pays d’une exacerbation des sentiments confessionnels. De son côté, Nabil de Freige estimait que l’essentiel, c’est que les élections se déroulent le plus tôt possible car leur report serait désastreux pour l’image du Liban à l’étranger. Au cours d’un entretien récent avec des représentants de la Banque mondiale, ceux-ci lui auraient clairement expliqué qu’aux yeux de la communauté internationale, rien ne justifie le report des échéances démocratiques. Jean Oghassabian s’est contenté de dire que la séance est reportée faute de quorum, et qu’il s’agit désormais de donner une ultime chance à un accord sur un projet.


Dans les coins du grand hall, les discussions allaient donc bon train, et les députés du 8 Mars venus en retard à la réunion expliquaient aux journalistes que le projet présenté par les FL était « une sorte de canular car il ne permettrait aux chrétiens d’élire en réalité que 36 députés sur 64, en l’occurrence 25 grâce au système proportionnel et 11 sur base du scrutin majoritaire ». « De plus, il comporterait des critères différents selon les circonscriptions, de manière à assurer une victoire éclatante pour le 14 Mars », affirmaient les députés du 8 Mars.


Une fois le 8 Mars sorti, ce fut au tour du bloc du Futur d’entrer chez M. Berry pour lui remettre officiellement le texte du nouveau projet. La réunion n’a pas duré plus que quelques minutes. Mais le général Michel Aoun n’a pas attendu qu’elle finisse pour tenir une conférence de presse au cours de laquelle il a rappelé que « ceux-là mêmes qui ont bradé les droits des chrétiens à Taëf ont récidivé en balayant le projet orthodoxe qui représentait une chance unique de redonner leurs droits aux chrétiens ». Selon lui, « cette attitude est encore plus grave que ce qui s’est passé à Taëf ».
Ce que Aoun a dit en quelques mots, ses députés l’ont expliqué en long et en large, n’ayant pas de mots assez durs pour qualifier l’attitude des FL. Abbas Hachem a ainsi rappelé qu’à Taëf, les FL et les députés chrétiens « ont assuré une couverture à une parité dans les textes, mais non dans les faits, puisqu’ils ont accepté que plus de soixante pour cent des députés chrétiens soient élus par des voix non chrétiennes ». Abbas Hachem a encore affirmé que le bloc du Changement et de la Réforme « ne fait pas de paris, mais des choix ».


Même son de cloche chez Hekmat Dib, le ministre Gaby Layoun et Nabil Nicolas. À quelques mètres d’eux, Georges Adwan s’évertuait à expliquer que les FL n’ont pas trahi. « Elles se sont contentées de trouver une issue à une impasse réelle », puisque, selon lui, Berry ne pouvait pas accepter la tenue d’une séance non respectueuse de l’esprit du pacte, à cause du boycott du courant du Futur et de Walid Joumblatt. Ali Fayad, de son côté, a qualifié les réunions de la sous-commission de concertations de la dernière chance, misant fortement sur « les idées nouvelles » que compte proposer le président de la Chambre.


La seule certitude, hier, était donc la mise à l’écart du projet orthodoxe, faute de quorum. Mais pour le reste, toutes les options sont encore ouvertes, alors que les positions des différentes parties chrétiennes, qui ont pu paraître se rapprocher sous la houlette de Bkerké, sont désormais plus opposées que jamais.

 

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