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À La Une - Révolte

Tractations tous azimuts avec la Russie sur la Syrie

Obama et Cameron veulent « accroître la pression » sur Assad ; l’armée du régime prend le contrôle de trois nouveaux villages près de Qousseir.

L’armée syrienne a pris le contrôle de trois nouveaux villages dans la région centrale de Qousseir, hier. HRW a par ailleurs appelé la rébellion à empêcher ses combattants de commettre des atrocités, après la mise en ligne d’une vidéo montrant un homme faisant mine de croquer le cœur d’un soldat. Joseph Eid/AFP

Le président américain Barack Obama et le Premier ministre britannique David Cameron ont indiqué hier être décidés à « accroître la pression » sur Bachar el-Assad. « Ensemble, nous allons poursuivre nos efforts pour accroître la pression sur le régime, pour fournir de l’aide humanitaire aux Syriens souffrant du conflit, pour renforcer l’aile modérée de l’opposition et nous préparer à une Syrie démocratique sans Bachar el-Assad », a ainsi affirmé M. Obama lors d’une conférence de presse.


Trois jours après avoir rencontré le président russe Vladimir Poutine, M. Cameron a remarqué que « l’histoire de la Syrie est en train d’être écrite avec le sang de son peuple, et cela se déroule sous nos yeux ». Le Premier ministre, à l’issue d’un entretien de plus d’une heure avec M. Obama à la Maison-Blanche, a relevé que la Russie et les États-Unis s’étaient mis d’accord la semaine dernière sur l’idée de relancer le processus dit « de Genève » pour obtenir une transition politique en Syrie. Cette conférence internationale de paix pourrait finalement avoir lieu début juin, a fait d’ailleurs savoir le département d’État américain.


« Les difficultés restent énormes, mais nous disposons d’une fenêtre avant que les pires craintes ne deviennent réalité », a ajouté M. Cameron. M. Obama a poursuivi dans cette ligne en exhortant Moscou à faire évoluer sa position. « En tant que leader sur la scène internationale, la Russie a un intérêt et également l’obligation d’essayer de résoudre ce problème d’une façon qui peut aboutir au genre de résultat que nous souhaitons tous à long terme », a-t-il insisté.

 

 

(Lire aussi : Des experts doutent d'un terrain d'entente entre Washington et Moscou)

 


Bibi et Ban
En plein ballet diplomatique pour tenter de régler un conflit qui déborde déjà des frontières syriennes, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu se rendra aujourd’hui en Russie pour tenter d’empêcher Moscou de vendre des missiles sol-air S-300 promis à Damas. Les analystes étaient partagés hier sur les effets de cette menace russe et sur sa mise en œuvre. « Dans la logique des choses, après deux frappes de l’armée de l’air israélienne en Syrie, Netanyahu va avoir du mal à dissuader le président russe de livrer des armes de défense », a estimé Boris Dolgov, de l’Institut russe des études orientales. Mais pour Viktor Kremeniouk, de l’Institut USA-Canada de Moscou, Benjamin Netanyahu, en soulevant la question des missiles, « avertit indirectement qu’Israël détruira ces S-300 quand ils seront livrés et qu’on commencera à les assembler ».


Le ministère russe des Affaires étrangères a annoncé dans la soirée que le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon était lui aussi attendu en Russie, du 16 au 19 mai.
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, allié de Washington, sera de son côté reçu jeudi par M. Obama à la Maison-Blanche.
Le gouvernement suédois a, quant à lui, annoncé la venue du secrétaire d’État américain John Kerry à Stockholm aujourd’hui pour y discuter entre autres de la Syrie.
La Coalition de l’opposition syrienne a pour sa part annoncé qu’elle discuterait de la proposition russo-américaine le 23 mai. D’ici là, elle consulte ses alliés régionaux, notamment l’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie, a annoncé hier son chef par intérim, Georges Sabra. Lors de la réunion du 23 à Istanbul, elle doit aussi en principe élire son nouveau président, après la démission d’Ahmad Moaz al-Khatib.

 

(Lire aussi : Dans l'Est syrien, le trafic de pétrole prospère sur le chaos)


Reyhanli et F-16
Concernant toujours la Turquie, Damas juge Ankara, en particulier son Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, qu’elle qualifie de « meurtrier », seul responsable du double attentat à la voiture piégée commis samedi dans la ville turque de Reyhanli. Cité hier par la chaîne de télévision russe RT, le ministre syrien de l’Information a en outre démenti toute implication du régime de Bachar el-Assad dans cet attentat qui a fait 50 morts, selon le dernier bilan.
En soulignant les risques de son soutien aux rebelles syriens, l’attentat de Reyhanli a contraint la Turquie à presser de plus belle la communauté internationale à agir contre le régime de Damas. Sur un ton très martial, le gouvernement turc a indiqué qu’il ne tolérerait aucun « risque terroriste » de la part de son voisin du Sud, alors qu’il accueille sur son sol quelque 400 000 Syriens.
Restée silencieuse jusqu’à présent, la Russie a condamné hier les attentats et a demandé une enquête minutieuse sur ce crime « barbare ».


Dans ce contexte de vives tensions, un chasseur F-16 de l’aviation turque s’est écrasé dans une localité du sud-est de la Turquie, proche de la frontière syrienne. « La communication radio a été coupée vers 14h15 avec un chasseur de type F-16 en mission sur les monts Amanos », selon un communiqué de l’état-major des armées. Juste avant cette interruption, le pilote de l’appareil a indiqué être sur le point de s’éjecter, a précisé ce communiqué. Le gouverneur de la province d’Osmaniye, Celalettin Cerrah, a souligné que le F-16 s’était écrasé dans la localité de Yarpuz. Les causes du crash n’ont pas été précisées, une source militaire a cependant estimé qu’il s’agissait sans doute d’un accident.

Humanitaires
Alors que les combats ne connaissent aucun répit entre soldats et rebelles, la Commission européenne a prévenu qu’à moins d’un règlement politique « très prochain, la communauté humanitaire ne pourra simplement plus faire face à l’ampleur sans précédent des besoins ». Affirmant avoir atteint « le point de rupture », elle a annoncé une aide « supplémentaire de 65 millions d’euros » pour venir en aide aux réfugiés et déplacés.


Pour répondre à une « catastrophe humanitaire majeure » en Syrie, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a décidé pour sa part d’augmenter l’assistance qu’il apporte à la population avec un budget plus que doublé pour 2013. Le CICR a ainsi lancé un appel à ses donateurs en vue de réunir 65 millions de dollars supplémentaires.
Sur le terrain, l’armée syrienne a pris le contrôle de trois nouveaux villages dans la région centrale de Qousseir, coupant ainsi les renforts destinés aux rebelles assiégés dans la ville éponyme. « L’attaque a commencé ce matin contre les villages de Dumaïna el-Gharbiya, al-Haydariya et Ich al-Warwar, qui ont été pris à l’issue de trois heures de combat », a précisé un officier sous le couvert de l’anonymat. La prise de ces villages situés entre Homs et Qousseir est importante, « car elle coupe les renforts aux hommes armés (insurgés) retranchés dans Qousseir », selon l’officier. Au moins 26 personnes auraient péri hier.


Enfin, un journaliste indépendant allemand, Armin Wertz, est emprisonné depuis plus d’une semaine à Alep, a affirmé hier le quotidien berlinois Tagesspiegel, un de ses employeurs occasionnels.

 

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