L’ingérence libanaise en Syrie inquiète les milieux diplomatiques

L’implication de plus en plus marquée des parties libanaises dans la crise syrienne, que ce soit auprès du régime de Bachar el-Assad ou de l’opposition syrienne, a suscité des mises en garde sérieuses formulées par l’ambassadrice d’une grande nation qui a récemment prévenu les responsables libanais des répercussions négatives qu’une telle ingérence pourrait avoir sur le Liban.
À la lumière des récents développements sur la scène syrienne et de l’occultation de plus en plus flagrante de la politique de distanciation par rapport à la guerre en Syrie, longtemps prônée par le gouvernement libanais, la diplomate a tenu à transmettre à ses interlocuteurs l’inquiétude de son gouvernement à l’égard de l’escalade verbale que suscite de plus en plus la crise syrienne au Liban, et des préparatifs militaires en vue d’une participation libanaise plus grande aux combats menés en Syrie, notamment dans le cadre d’une future « résistance armée » annoncée dans le Golan.
L’ambassadrice a d’ailleurs exprimé son étonnement suite à la réaction d’un responsable local en vue qui, évoquant la participation de groupes libanais aux combats en Syrie, a tout simplement reconnu que l’État est incapable d’empêcher ses citoyens d’aller combattre, et ce en dépit des mises en garde de la diplomate qui a alerté le responsable en question sur l’éventualité d’une riposte israélienne qui viserait des cibles propres au groupuscule prenant part aux affrontements dans le pays voisin.
L’ambassadrice a fait remarquer par ailleurs que les récentes informations indiquent que l’accord américano-russe concernant la Syrie se trouve dans une impasse pour plusieurs raisons : la première porte sur le différend américano-russe portant sur la présence ou non du président Bachar el-Assad au sein du gouvernement transitoire convenu dans le cadre de l’accord de Genève, le secrétaire d’État, John Kerry, ayant proclamé à partir de Rome que Washington souhaitait clairement que Bachar el-Assad soit écarté.
Le deuxième point d’achoppement est relatif à la représentation de l’opposition à la table de dialogue, les États-Unis étant en faveur de l’opposition qui se trouve en exil, alors que le régime insiste pour une représentation de l’intérieur.
Autre point de divergence, le fait que Moscou ait rejeté l’appel de Washington l’invitant à ne pas remettre les missiles promis à la Syrie, et enfin l’annonce par l’ambassadeur US en Syrie, Robert Ford, de sa réunion avec l’opposition et le fait qu’il ait accompagné un convoi d’aides américaines alimentaires et médicales à la frontière syro-turque.
La diplomate US a également confié qu’un nouveau développement survenu ces derniers jours ne manquera pas d’affecter un peu plus le rapprochement américano-russe autour du dossier syrien, celui de l’explosion survenue dans la région turque de Reyhanli, surtout après que les services de renseignements turcs eurent découvert que des citoyens syriens étaient derrière l’attentat, qui a fait 43 morts et une centaine de blessés.
La diplomate US est ainsi revenue sur la problématique libanaise, se disant surprise de voir les responsables libanais complètement ignorer les forces politiques qui se bousculent à la porte de la Syrie pour aller combattre, sachant que des dizaines de milliers de réfugiés se bousculent dans l’autre sens pour venir s’abriter au Liban, le nombre des réfugiés syriens ayant déjà dépassé le million.