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À La Une - Révolte

Syrie : l'UE lève partiellement l'embargo pétrolier "pour aider la population"

George Sabra, nommé président par intérim de l'opposition.

Des rebelles syriens lors d'une opération d'infiltration dans le quartier de Salaheddine à Alep, le 21 avril 2013. REUTERS/Malek Al Shemali

L'Union européenne a envoyé lundi un signe de soutien à l'opposition syrienne en autorisant les importations de pétrole des zones qu'elle contrôle, tandis que le débat sur l'opportunité de lui livrer des armes se poursuit.


Réunis à Luxembourg, les ministres européens des Affaires étrangères ont partiellement levé l'embargo pétrolier appliqué depuis septembre 2011 à l'encontre de la Syrie. Les ministres ont jugé "nécessaire" d'"introduire des dérogations" aux sanctions dans le but d'"aider la population civile syrienne, en particulier en réponse aux problèmes humanitaires (...) et pour rétablir une activité économique normale", ont-ils indiqué dans les conclusions de leur réunion.
"Nous répondons ainsi aux critiques de l'opposition et de la population, qui affirment être plus affectées par les sanctions internationales que le régime" de Bachar el-Assad, a expliqué un haut responsable de l'UE.
"Nous voulons aider à la reconstruction économique" des zones contrôlées par l'opposition "afin que la population se rende compte qu'il existe une véritable solution alternative au régime d'Assad", a souligné le chef de la diplomatie allemande, Guido Westerwelle.


L'UE va ainsi lever les restrictions sur les ventes d'équipements pétroliers et sur les investissements dans ce secteur, à condition qu'ils ne bénéficient pas au régime. Les sociétés intéressées par l'importation de brut ou par des investissements devront demander l'autorisation de leur gouvernement, qui tentera d'obtenir des garanties de la Coalition de l'opposition.


Car les Européens s'inquiètent aussi de la réalité du contrôle des champs pétrolifères les plus importants par les différents mouvements rebelles. Ceux de Deir Ezzor (est) et d'Hassaka (nord-est) seraient en majorité aux mains des insurgés, en particulier du Front Al-Nosra, affilié à el-Qaëda, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).


"Il ne faut pas s'attendre à ce que les nouvelles mesures aient un impact rapide", a prévenu un responsable de l'UE, reconnaissant la "complexité" de leur mise en oeuvre.

Depuis le début de la révolte en mars 2011, la production pétrolière syrienne a été pratiquement divisée par trois, tombant à 130.000 barils par jour en mars, soit à peine plus de 0,1% du total mondial, selon les dernières évaluations de l'Agence internationale de l'énergie (AIE).

 

(Eclairage : Les enlèvements en tout genre se multiplient en Syrie)



Avec les mesures décidées lundi, les Européens suivent la même ligne prudente que les Etats-Unis, qui ont annoncé samedi un doublement de leur aide directe à l'opposition. Malgré les appels insistants de la Coalition, Européens comme Américains hésitent à fournir des armes lourdes qui permettraient aux rebelles de lutter contre les attaques aériennes de Damas.
Au sein de l'UE, Londres et Paris restent isolés sur cette question, qui doit être réglée d'ici au 1er juin, date à laquelle doit être reconduit, ou amendé, le régime de sanctions visant la Syrie. Toutefois, si "un ou deux pays veulent livrer des armes", l'Allemagne semble désormais disposée à "ne pas s'opposer" à cela, a déclaré lundi M. Westerwelle, tout en soulignant de nouveau le risque qu'elles "tombent entre de mauvaises mains".

 

 

Georges Sabra président par intérim de l'opposition
Aux yeux de plusieurs ministres européens, ces craintes sont renforcées par l'état de division de l'opposition. Le chef de la diplomatie belge, Didier Reynders, a jugé "très inquiétante" la démission annoncée dimanche de son chef, Ahmed Moaz al-Khatib. Il faut "continuer à demander à l'opposition d'être plus organisée, plus inclusive", a-t-il ajouté.

 

Lundi, George Sabra a été désigné président par intérim de l'opposition, a annoncé lundi le Conseil national syrien (CNS). "George Sabra a été chargé du poste de président de la Coalition jusqu'à l'élection du nouveau président", indique dans un communiqué le CNS, principale composante de la Coalition qui regroupe la majorité des opposants au régime. La prochaine élection du chef de la Coalition, tenue tous les six mois selon le règlement intérieur, se tiendra le 10 ou 11 mai prochain.

 

(Portrait : George Sabra, un dur à la tête de l'opposition syrienne)

 

M. Sabra, un chrétien de 66 ans, a été jusqu'à présent le chef du CNS, noyau dur de la Coalition. Vétéran de l'opposition, c'est un ancien instituteur communiste qui a passé de longues années en prison et dans la clandestinité.

Opposant de longue date du régime de Hafez el-Assad puis de son fils Bachar qui lui a succédé en 2000, il quitte clandestinement la Syrie au début de 2012 dans le but de contribuer à structurer l'opposition.

"Abou Chadi", comme le surnomment ses partisans, du nom de son fils aîné, est populaire, tant chez les militants de base qu'au sein de la direction du CNS, pour son intransigeance, refusant tout compromis avec le régime. Il s'était opposé à M. Khatib quand ce dernier avait proposé en janvier d'ouvrir des discussions avec le régime.

 

Sur le terrain, l'armée syrienne a marqué des points ces derniers jours sur deux fronts stratégiques : dans la région de Damas et dans celle de Homs, frontalière du Liban, qui relie la capitale au littoral.
Elle a pris dimanche le "contrôle total" du village de Jdeidet al-Fadl, localité située au sud-ouest de Damas, où l'OSDH a pu identifier au moins 101 personnes (10 femmes, 3 enfants et 88 hommes dont 24 rebelles) tuées dans des bombardements. Lundi, les Etats-Unis ont affirmé être "atterrés" par les informations "affreuses" faisant état d'un nouveau "massacre" attribué aux forces du régime syrien à Jdeidet al-Fadl, selon le porte-parole de la Maison Blanche, Jay Carney.

Selon l'OSDH, des combattants d'élite du Hezbollah libanais, allié indéfectible du régime syrien, mènent par ailleurs la bataille contre les rebelles dans la région de Qousseir, frontalière du Liban. Cette implication du parti chiite dans les combats à Homs est une "déclaration de guerre", a estimé lundi Georges Sabra.

 

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