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À La Une - Éclairage

Les enlèvements en tout genre se multiplient en Syrie

Les rapts, menés aussi bien par les rebelles que par les partisans du régime, sont perpétrés pour des motifs confessionnels, politiques ou purement financiers.

Déjà traumatisés par un conflit meurtrier, les Syriens vivent désormais dans la peur croissante des enlèvements, perpétrés pour des motifs confessionnels, politiques ou crapuleux. Dimitar Dilkoff/AFP

Les Syriens, déjà traumatisés par un conflit meurtrier, vivent désormais dans la peur croissante des enlèvements, perpétrés pour des motifs confessionnels, politiques ou purement financiers. Mardi, le gouvernement syrien a proposé l’amnistie à ceux qui, dans un délai de 15 jours, libéreraient les personnes enlevées qu’ils détiennent, sous peine d’être condamnés aux travaux forcés à perpétuité. Mais ils risquent la peine de mort en cas de meurtre ou d’agressions sexuelles sur leur otage, selon le décret gouvernemental.

 

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Avec le début de la révolte contre le régime de Bachar el-Assad il y a deux ans, les rapts, menés aussi bien par les rebelles que par les partisans du régime, n’épargnent aucune région et touchent civils et combattants des deux côtés. Des milliers d’opposants sont ainsi portés disparus, généralement enlevés par les forces gouvernementales ou les partisans du régime. « Le nombre de sympathisants de l’opposition qui ont disparu est incroyablement élevé », assure Lama Fakih, chercheuse à Human Rights Watch (HRW) pour la Syrie et le Liban. Mais, précise-t-elle, « ce n’est pas une pratique qui n’existe que d’un seul côté ». Des militants reconnaissent que les rebelles sont aussi impliqués dans les enlèvements à la recherche de rançons pour financer leur combat. « Nous condamnons les enlèvements sous toutes leurs formes et quels que soient les prétextes utilisés pour les justifier », a déclaré Ahmad el-Khatib, de la Commission générale de la révolution syrienne, un réseau de militants. Rami Abdel Rahmane, directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), fait état de l’émergence de « bandes organisées ». « Il y a des seigneurs de la guerre qui profitent de l’insécurité qui ravage le pays », dit-il.

 

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Les minorités religieuses, comme les chrétiens, sont également visées « car elles sont considérées comme des partisans du gouvernement », estime Mme Fakih. Un Syrien chrétien de 37 ans explique ainsi, sous couvert d’anonymat, avoir été enlevé, en même temps que deux autres personnes, par des membres de la brigade rebelle islamiste « en raison de notre appartenance au PSNS (Parti socialiste national syrien) », un parti prorégime. « Un de nous trois a été tué et nous avons été libérés après plusieurs semaines dans le cadre d’un échange de prisonniers », a-t-il dit. Ses geôliers, affirme-t-il, l’ont contraint à étudier le Coran et l’ont soumis « à des tortures physiques et psychologiques ». Mme Fakih recense également des « enlèvements de représailles, parfois entre voisins, où l’on enlève une personne dans le but de l’échanger contre quelqu’un d’autre », quel que soit le motif à l’origine du rapt.

 

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Dans un pays dirigé par un autocrate mais qui était un havre de sécurité avant la guerre, ce sont surtout les enlèvements crapuleux qui sont devenus monnaie courante, comme en témoigne Rizkallah M., un homme d’affaires et industriel syrien à Damas. « Quand quelqu’un est connu pour être riche, il est tout de suite repéré et enlevé. S’engagent ensuite des négociations entre la famille et les ravisseurs (...) sur la somme à payer. » Face à cette menace, certains modifient leurs habitudes. « Certains hommes d’affaires ou membres des professions libérales circulent avec des gardes du corps, mais le plus souvent dans des voitures ordinaires, laissant leurs véhicules de luxe au garage », poursuit l’industriel. « On fait également attention à notre tenue vestimentaire », confie cet homme d’affaires, qui ajoute : « On vit en reclus, réduisant les sorties au minimum. »
© AFP

 

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