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À La Une - Syrie

Assad brandit le spectre d'une déstabilisation du Proche-Orient

Au moins 15 morts dont plusieurs enfants dans un bombardement à Alep en Syrie

Le centre de Homs dévasté par les bombardements de l'armée syrienne. Photo AFP

Le président syrien Bachar el-Assad, en proie à un soulèvement populaire entré dans sa troisième année, estime qu'une victoire des rebelles risquerait de déstabiliser l'ensemble du Proche-Orient pour plusieurs décennies dans une interview accordée à la presse turque.

 

Répondant aux rumeurs de menaces d'assassinat qui courent depuis deux semaines, Bachar el-Assad affirme qu'il vit à Damas comme à l'accoutumée et "non pas sur un navire de guerre russe ou en Iran" malgré l'avance des rebelles dans la banlieue de la capitale et les attaques de mortier sur le centre-ville.

 

"Si les troubles en Syrie débouchent sur la partition du pays, ou si les forces terroristes prennent le contrôle (...), cela fera inévitablement tache d'huile sur les pays voisins et engendrera un effet domino à travers tout le Proche-Orient et au-delà", déclare le président syrien dans un entretien à la télévision turque.

L'agitation, insiste-t-il, s'étendra "à l'est, à l'ouest, au nord et au sud. Cela débouchera sur une situation d'instabilité pour des années et peut-être même pour des décennies", ajoute le chef de l'Etat dans l'interview, mise en ligne par la présidence syrienne.

 

(Reportage: Oum Abed : de l’hôpital militaire au chevet des rebelles)

 

Le "raïs" ne fait que réaffirmer sa position qui consiste à dire que la Syrie et la région tout autour se préparent un avenir difficile s'il vient à être déchu. Ses adversaires font valoir que sa détermination à conserver le pouvoir à tout prix a déjà plongé la pays dans le chaos.

 

Selon les Nations unies, le conflit syrien a fait au moins 70.000 morts depuis ses débuts, en mars 2011. Certains jours, le nombre de morts atteint 200, selon les groupes qui suivent le dossier de près.

Plus d'un million de personnes ont fui le pays et, selon le Croissant-Rouge syrien, le nombre de déplacés à l'intérieur des frontières frôle les quatre millions.

 

Sang syrien

L'élément communautaire du soulèvement - les insurgés sont surtout des musulmans sunnites qui se battent contre la minorité alaouite au pouvoir - crée des tensions dans les pays voisins, notamment au Liban et en Irak.

 

Tout en accusant ses opposants de brandir des "mots d'ordre communautaires", Bachar el-Assad estime que ce conflit devenu une guerre civile met finalement aux prises "les forces et les Etats qui veulent ramener leurs peuples dans le passé et les Etats qui veulent projeter leurs peuples vers un avenir prospère."

Il semble faire référence à l'Arabie saoudite et au Qatar, deux monarchies absolues qui ont participé à l'armement de l'insurrection.

 

(Lire aussi: Ballet diplomatique en avril et mai à la Maison-Blanche sur le dossier syrien)

 

Dans l'interview, M. Assad accuse le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan de recruter des combattants grâce aux financements fournis par le Qatar et met en garde son ex-allié.

"La Turquie sera brûlée par le feu syrien. Malheureusement, il ne voit pas cette réalité", déclare Bachar el-Assad. Pour lui, Recep Tayyip Erdogan "n'a pas prononcé une seule parole honnête depuis le début de la crise en Syrie."

 

Le président syrien condamne aussi la Ligue arabe, qui a suspendu la Syrie et a invité le mois dernier les dirigeants de l'opposition Moaz al Khatib et Ghassan Hitto à assister à un sommet à sa place.

"La Ligue arabe elle-même manque de légitimité", dit-il. "C'est une organisation qui représente les Etats arabes et non le peuple arabe. Elle manque de légitimité depuis longtemps parce que ces Etats arabes eux-mêmes (...) ne représentent pas la volonté des peuples arabes."

 

Les pays occidentaux, favorables en général à l'opposition syrienne, sont également critiqués.

"La France et la Grande-Bretagne ont commis des massacres en Libye avec le soutien et la couverture des Etats-Unis. Le gouvernement turc a du sang syrien jusqu'aux genoux. Est-ce que ces Etats se préoccupent vraiment du sang syrien ?"

 

Alep bombardée

Sur le terrain, la violence faisait toujours rage samedi en Syrie. Au moins 15 personnes, dont neuf enfants, ont péri dans un bombardement de l'armée de l'air sur le quartier kurde de cheikh Maqsoud dans la ville d'Alep (nord), selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

L'ONG précise que le secteur visé était sous le contrôle du Parti de l'union démocratique (PYD), l'aile syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, turc kurde).

 

Plusieurs heures après le raid, les milices du PYD ont attaqué un barrage de l'armée à l'entrée sud de Cheikh Maqsoud, tuant cinq soldats, a ajouté l'OSDH, qui s'appuie sur un vaste réseau de militants et de sources médicales civiles et militaires.

"Il s'agit d'un acte de vengeance après le raid", a commenté Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH.

 

Le raid aérien est intervenu après plusieurs jours d'intenses combats dans cette zone entre rebelles et soldats, auxquels ont participé des combattants kurdes du PYD qui disent défendre leur secteur.

 

 

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Quand le rêve devient le MAÎTRE !

SAKR LEBNAN

06 h 38, le 07 avril 2013

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  • Quand le rêve devient le MAÎTRE !

    SAKR LEBNAN

    06 h 38, le 07 avril 2013

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