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Liban

Joumblatt à Aïn el-Tiné : Berry n’engagera le processus de vote au Parlement que sur base d’une loi mixte

Le président des FL a reçu hier à Meerab le député Nohad Machnouk. Photo Aldo Ayoub

Le leader du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, a pratiquement enterré hier le projet de loi du Rassemblement orthodoxe, auquel le courant aouniste reste fermement attaché, en dépit de la forte opposition qu’il suscite dans divers milieux locaux.


Au terme d’une réunion nocturne qu’il a tenue à Aïn el-Tiné, résidence du président de la Chambre, avec le chef du législatif, Nabih Berry, en présence du ministre des Affaires sociales, Waël Bou Faour (PSP), et du ministre de la Santé, Ali Hassan Khalil (mouvement « Amal »), M. Joumblatt a déclaré : « Je résumerai les discussions utiles et constructives (avec M. Berry) en quelques mots que M. Berry m’avait déjà dits et qu’il m’a répétés (hier soir). Il n’engagera le processus de vote (de la nouvelle loi électorale) et il ne s’engagera sur la voie de la loi électorale que sur base d’une formule consensuelle. Vous m’excuserez si je ne maîtrise pas les termes exacts. Cela signifie que nous ne nous engagerons dans les élections que sur base d’une loi consensuelle, c’est-à-dire que nous devons trouver ensemble, avec toutes les parties, une loi électorale mixte combinant la proportionnelle et le système majoritaire. Cela nous permettra de sortir de l’antagonisme entre la loi de 1960 et le projet orthodoxe. »


Auparavant dans la journée, le leader du PSP avait reçu une délégation des personnalités chrétiennes indépendantes du 14 Mars, conduite par le député Boutros Harb, avec qui il avait discuté des tractations en cours en vue d’aboutir à une formule de réforme électorale qui puisse obtenir l’aval du plus large éventail possible de factions politiques.
Dans ce cadre, le député Ahmad Fatfat, membre du bloc parlementaire du courant du Futur, avait indiqué dans la journée d’hier (avant l’entretien nocturne Berry-Joumblatt, à Aïn el-Tiné) que « sur le plan technique, nous avons achevé l’élaboration de la formule de loi électorale mise au point par le courant du Futur et le Parti socialiste progressiste ». « Il reste encore quelques retouches à faire, et il faut maintenant laisser la place aux négociations politiques, a déclaré M. Fatfat. Il revient au chef du Front de lutte nationale, M. Joumblatt, de convaincre les autres factions de cette formule. À cette fin, il rendra visite au président de la Chambre Nabih Berry afin de discuter avec lui de cette formule consensuelle. »


En réponse à une question, M. Fatfat a indiqué que le cas de la circonscription de Baabda sera réglé dans le cadre des tractations politiques entreprises à cet égard. Il a qualifié par ailleurs de peu « rigoureuses » les informations selon lesquelles la formule concoctée par le courant du Futur et le PSP prévoit une formule fondée sur l’élection de 70 pour cent de députés selon le mode majoritaire et 30 pour cent selon le mode proportionnel. M. Fatfat a enfin indiqué que le courant du Futur maintient des « contacts permanents » sur ce plan avec ses alliés du 14 Mars (les Kataëb, les Forces libanaises, le PNL et les personnalités chrétiennes indépendantes).


Cette indication a été confirmée par le député Nouhad Machnouk, également membre du bloc du courant du Futur, qui a souligné que « le dialogue est en cours avec les Forces libanaises, les Kataëb et le Parti socialiste progressiste au sujet de la loi électorale ». « Le dialogue s’oriente vers l’élaboration d’une loi électorale qui assure la stabilité », a affirmé M. Machnouk qui a été reçu hier à Meerab par le leader des Forces libanaises, Samir Geagea, avec qui il a discuté, à l’évidence, du dossier électoral.

La commission de supervision des élections
 Il convient d’indiquer dans ce contexte qu’à l’occasion de sa rencontre hebdomadaire du mercredi avec les députés, à Aïn el-Tiné, le chef du législatif a indiqué que si la commission de supervision des élections, prévue par la loi actuelle, n’était pas formée, cela aurait pour conséquence de rendre caduque la loi électorale de 1960, actuellement en vigueur. Notons à ce sujet que les ministres du courant aouniste et du Hezbollah font obstruction à la formation de la commission en question.
Le point de vue exprimé par M. Berry à ce propos n’est pas partagé par le président de la commission parlementaire de l’Administration et de la Justice, le député Robert Ghanem, qui a affirmé hier que la loi de 1960 reste en vigueur. « Tant qu’une nouvelle loi n’a pas été approuvée, abolissant la loi de 1960, celle-ci reste en vigueur, qu’on le veuille ou non », a-t-il souligné.
En tout état de cause, le député Ammar Houri (courant du Futur) a indiqué hier que les discussions entre les forces du 14 Mars et M. Walid Joumblatt sont axées sur trois paramètres : l’élaboration d’une formule mixte combinant le système majoritaire et la proportionnelle ; le règlement du problème des appréhensions chrétiennes sans pour autant créer d’autres appréhensions ; la nécessité de prendre en considération les équilibres politiques, en ce sens qu’il faudrait maintenir un « flou constructif » de manière à éviter d’aboutir à une loi électorale qui ferait pencher la balance en faveur d’un camp contre l’autre, le but étant de permettre en définitive aux électeurs de trancher la bataille électorale. « Sur base de ces trois facteurs, nous avons progressé sur la voie d’un dénominateur commun », a précisé M. Houri qui s’est déclaré optimiste quant à la possibilité d’aboutir sous peu à une formule électorale acceptable.

Aoun et les « armes » du 14 Mars
 Cette atmosphère d’optimisme prudent, et relatif, est toutefois battue en brèche par le chef du Courant patriotique libre, Michel Aoun, qui accusé le 14 Mars de chercher à torpiller l’échéance électorale. « Les forces du 14 Mars se sont disloquées, a notamment affirmé le général Aoun. Le 14 Mars est dans une position de faiblesse. Ils ont des éléments armés et ils peuvent à n’importe quel moment provoquer un incident sécuritaire ou insister pour que le scrutin ait lieu sur base de l’ancienne loi. Cela pourrait torpiller les élections », a-t-il estimé.
Le camp du 8 Mars, rappelle-ton, a vivement critiqué la convocation du collège électoral par le président Michel Sleiman et le Premier ministre Nagib Mikati. Des déclarations ont été faites hier à ce sujet par les ministres Mohammad Fneich et Hussein Hajj Hassan (Hezbollah).


Reste à signaler sur ce plan que le ministre de l’Intérieur, Marwan Charbel, a réaffirmé hier que si un consensus n’est pas trouvé au sujet du projet de loi électorale, « il n’y aura pas d’élections ». M. Charbel a fait état en outre d’études selon lesquelles la loi de 1960 actuellement en vigueur n’était valable qu’une seule fois. « Je vais m’assurer de cette question », a-t-il précisé.

 

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