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Nos Lecteurs ont la Parole

I - Amères désillusions au sein d’une communauté

Par Sagi SINNO
Après maintes tractations autour de la loi électorale, le résultat des courses est actuellement le suivant : une proposition de loi en voie d’adoption (loi Frezli) et deux morts. Si la coalition du 14 Mars est une victime collatérale de cette proposition de loi, l’accord de Taëf en reste la principale victime. Et dans les deux cas, une communauté se sent particulièrement visée : la communauté sunnite.

I. La mort du 14 Mars
Il s’est avéré que certaines alliances dispensent du besoin d’avoir des ennemis. Un des alliés finit parfois par découvrir, à sa grande déception, qu’en réalité ses adversaires sont ceux qu’il croyait être ses alliés les plus proches. Alors qu’ils rassurent incessamment le courant du Futur de leur alliance indéfectible au sein du 14 Mars, les partis Kataëb et Forces libanaises ont voté en faveur de l’adoption d’une proposition de loi électorale qui est complètement défavorable à leur supposé allié et qui l’isole politiquement. La déception face à ce vote surprenant est proportionnelle à l’espoir immense d’unité que suscitait une alliance comme le 14 Mars, ainsi qu’au grand nombre de sacrifices humains qui ont été l’œuvre commune de toutes les composantes du 14 Mars et qui sont en train d’être dissipés pour quelques sièges en plus ou en moins au Parlement. Ce comportement politique est bien étonnant, d’autant plus qu’il provient de la part des mêmes partis qui critiquent souvent le leader Walid Joumblatt pour ses positions politiques jugées instables. Au moins, ce dernier a mis fin clairement et sans équivoque à son alliance au sein du 14 Mars, et cela avant de prendre des positions qui vont à l’encontre des intérêts des forces du 14 Mars en général et du courant du Futur en particulier (la participation au dernier gouvernement formé sous l’œil bienveillant des chemises noires, sur fond de chute du gouvernement Hariri).
D’ailleurs, dans tout ce tableau bien sombre qui se dessine avec cette proposition de loi dite orthodoxe, c’est la position adoptée par le Parti socialiste progressiste qui reste la seule note d’espoir aux yeux des partisans du courant du Futur. L’opposition du PSP à cette proposition de loi semble être une question de principe qui dépasse les simples calculs électoralistes de circonstance (qui montrent que la proposition de loi Frezli ne lui est pas favorable), une opposition motivée par le refus impératif de prendre partie à un pacte illégal sur la succession future d’un pays gravement blessé. En langage confessionnel, la communauté druze, elle-même une minorité, a refusé de sombrer dans le « minoritarisme » et a préféré défendre le principe du vivre-ensemble (la diversité dans l’unité), consciente que le premier n’est qu’un catalyseur de scission et d’explosion de forces centripètes, alors que le second constitue un creuset qui canalise des forces centrifuges vers leur rencontre. Cela n’a rien d’étonnant ni de nouveau, avec ce refus les druzes (dans leur majorité) sont restés fidèles à leur histoire. Une telle position s’inscrit dans la droite ligne de Sultan Bacha el-Atrache et des révoltés du Djebel druze qui ont refusé de vivre dans un État qui a d’ailleurs été créé rien que pour eux par le mandat français, et qui ont préféré vivre dans une Syrie unie et multiconfessionnelle. Le même dilemme s’est répété au début de la guerre civile libanaise quand les druzes ont payé très cher leur refus de se joindre à l’alliance des minorités que le régime syrien tentait de leur imposer comme grand frère protecteur (assassinat de Kamal Joumblatt), et qu’ils ont fait le choix d’un Liban uni, indépendant et indivisible.
Le vote des partis chrétiens du 14 Mars en faveur de la proposition de loi Frezli a signé l’arrêt de mort du 14 Mars. Le vote par la majorité des forces parlementaires qui représentent la plupart des communautés libanaises en faveur de cette proposition de loi a, quant à lui, porté un coup fatal à l’accord de Taëf.
(à suivre)
Après maintes tractations autour de la loi électorale, le résultat des courses est actuellement le suivant : une proposition de loi en voie d’adoption (loi Frezli) et deux morts. Si la coalition du 14 Mars est une victime collatérale de cette proposition de loi, l’accord de Taëf en reste la principale victime. Et dans les deux cas, une communauté se sent particulièrement visée : la...

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