De gauche à droite, MM. Bou Habib, Safadi et Belhaj au cours de la signature de l’accord hier matin.
« C’est un projet pilote que nous avons décidé de mener au Liban, le premier du genre pour la Banque mondiale (BM) dans la région », a indiqué hier le directeur régional de la BM au Liban, Ferid Belhaj, au cours d’un entretien privé au siège de l’institution avec quatre journalistes.
Plus tôt dans la matinée, M. Belhaj officialisait ce projet en signant, conjointement avec le ministre des Finances, Mohammad Safadi, et le directeur général de Kafalat, Khater Bou Habib, l’accord pour un prêt de 30 millions de dollars assuré par la BM pour soutenir les petites et moyennes entreprises (PME) innovantes dans le pays et les aider à se développer.
M. Belhaj explique comment, il y a plusieurs mois, la BM a reçu une requête de la part de l’État libanais, lui demandant de financer un programme pour répondre aux difficultés rencontrées par les PME au Liban.
« Le secteur bancaire libanais est réputé pour sa résilience malgré les différentes crises et l’importance de ses liquidités, et les grandes entreprises dans des secteurs productifs n’ont aucune difficulté à se financer, a affirmé le directeur de la BM. Cependant, avec la crise, les banques deviennent méfiantes et acceptent de moins en moins l’octroi de prêts à de petits entrepreneurs ou start-up, car elles considèrent que les risques sont trop élevés, a-t-il expliqué. Et pourtant, selon de nombreuses études, ce sont paradoxalement ces petites et moyennes entreprises innovantes qui peuvent redynamiser l’économie et créer, par un effet domino, des centaines et des milliers d’emplois. Le Liban a un capital humain exceptionnel et les jeunes entrepreneurs doivent être davantage encouragés, car nous sommes convaincus qu’ils pourraient devenir un exemple de réussite pour toute la région », a-t-il ajouté.
(Lire aussi: « Il faut que le secteur privé tire profit des crises régionales » )
« Nous accordons une grande importance à la transparence et le modèle de partenariat public-privé (PPP) est parfaitement adapté à ce type de programme », a pour sa part souligné Randa Akeel, l’économiste en charge du projet à la BM. Les 30 millions de dollars seront versés au ministère des Finances, qui lui-même les versera à Kafalat qui assure la gestion technique du projet. Un fonds pour PME sera ainsi créé et divisé en trois parties : 5 millions de dollars dédiés aux subventions, bourses et formations pour l’élaboration des entreprises en devenir, et 25 millions de dollars d’investissements dans les actions des PME.
Pour le ministre des Finances, ce projet est d’une grande importance « car il ne se contente pas de financer les PME, il permet un investissement durable dans le capital de ces entreprises ».
« Notre objectif est d’accompagner les PME ou les jeunes entrepreneurs ayant des idées innovantes tout au long de leur projet, jusqu’à ce qu’ils puissent attirer de grands investisseurs et assurer leur viabilité sur le marché », a expliqué de son côté M. Belhaj.
Un comité d’investissement indépendant, mis en place par Kafalat, veillera au bon déroulement du projet en lançant les appels à candidature et en assurant le suivi des PME sélectionnées. « Ce projet est prévu sur une dizaine d’années et le prêt accordé l’a été aux taux les plus favorables, remboursables sur 17 ans avec une période de grâce de six ans », a indiqué Mme Akeel.
Tout est donc aujourd’hui en place pour lancer le projet qui a été approuvé en Conseil des ministres, ou presque... Il reste à attendre son adoption finale au Parlement, mais ça c’est une autre histoire.
Pour mémoire
Prêt de 20 millions de dollars de Sanad à Bank Audi pour soutenir les PME
Liban : Les PME, un potentiel significatif et un développement freiné par les obstacles