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Nos Lecteurs ont la Parole

Mieux que le projet orthodoxe

Par Antoine EL-DAHDAH
Pour la protection des minorités, il est difficile de renchérir sur le projet orthodoxe. Ses avantages clairs, nets et précis sont évidents. Il y a cependant des inconvénients majeurs, qui relèvent du domaine des bases de la République.
1- Liberté : le citoyen n’a pas la liberté de voter pour tout candidat de sa région géographique.
2- Égalité : même à l’intérieur de chacune des deux grandes confessions, le citoyen ne dispose pas du même nombre de voix que son concitoyen ; certains votent pour un candidat, d’autres pour 20 candidats.
3- Fraternité : deux citoyens d’un même village sont totalement étrangers l’un à l’autre dans leurs choix politiques.
Il est possible, cependant, de conserver les avantages du projet orthodoxe sans déroger aux principes de la République démocratique. Dans le même contexte que ce projet offre au peuple, ou même dans n’importe quel autre découpage électoral, il s’agira de n’accorder à chaque citoyen qu’un seul droit de vote, et de lui laisser la liberté de porter son choix sur un seul candidat. C’est ce que, dans la langue de Shakespeare, on appelle « one man one vote ». Inutile de l’obliger à voter pour un orthodoxe, alors que c’est sa préférence initiale ; mais s’il veut voter pour un druze ou un grec-catholique, pourquoi l’en priver ?
Avant d’induire le lecteur en erreur, nous l’informons très vite que le système « one man one vote » comporterait chez nous une lacune profonde qui le rend impraticable : il ne peut s’appliquer que dans les pays où les partis sont fortement structurés, des partis qui se sont formés traditionnellement dans la stabilité, qui comblent les vœux de leurs citoyens et qui excluent l’éligibilité de ceux qui ne sont pas affiliés à l’un d’entre eux.
Il est nécessaire actuellement au Liban de progresser vers des mesures originales et énergiques pour éviter de se diriger vers des solutions violentes. Il faut aussi faire preuve d’imagination ! Selon une nouvelle Constitution, il n’existerait au Liban que trois partis politiques : le parti rouge, le parti blanc et le parti vert. Chaque citoyen est libre de s’affilier au parti qu’il désire, tout en ayant la possibilité de changer de parti lorsque cela lui plaît. Dans chaque parti, un groupe consultatif est formé de tous les députés anciens ou présents, affiliés à ce parti, qui se réunissent dans un délai à préciser, pour élire un directoire formé de 14 membres. Le président de ce directoire est automatiquement désigné comme étant le plus âgé parmi les présidents de la République, du Parlement ou du gouvernement affiliés à chaque parti ; il n’a pas droit au vote. Chaque parti est appelé à se doter d’un statut et d’un programme général.
La nouvelle Constitution doit comporter un découpage électoral géographique permanent et immuable. La Chambre des députés pourra statuer sur le nombre des députés, les délais, les procédures, etc. Il ne faut pas oublier que la notion de caza, dans le découpage électoral, revêt une importance traditionnelle irremplaçable. Unité géographique créée par l’Empire ottoman, elle a traversé les siècles et perduré dans nos mœurs au point de nous voir nous enorgueillir de notre appartenance au caza plutôt qu’au mohafazat ou même au pays. Nul ne s’inquiète aux États-Unis d’appartenir au Massachusetts plutôt qu’au Texas ; alors pourquoi pas le Zahrani au lieu du Chouf ? Seuls de pareils projets peuvent servir de prélude à l’abolition du confessionnalisme politique.

L’ambassadeur
Antoine EL-DAHDAH
www.arabic-grammar.com
Pour la protection des minorités, il est difficile de renchérir sur le projet orthodoxe. Ses avantages clairs, nets et précis sont évidents. Il y a cependant des inconvénients majeurs, qui relèvent du domaine des bases de la République.1- Liberté : le citoyen n’a pas la liberté de voter pour tout candidat de sa région géographique.2- Égalité : même à l’intérieur de chacune...

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