Réfugiés syriens : Bou Faour prépare une réponse aux accusations de l’ambassadeur Ali

Le ministre des Affaires sociales Waël Bou Faour a révélé hier son intention d’adresser une réponse à l’ambassadeur de Syrie Ali Abdel Karim Ali concernant ses accusations de discrimination dans la distribution des aides aux réfugiés syriens.
« J’ai préparé une lettre pour répondre au mémo qui a été envoyé au ministre des Affaires étrangères, à ce sujet », a indiqué M. Bou Faour dans un entretien avec le quotidien libanais al-Joumhouriya.
Dans sa lettre adressée au chef de la diplomatie libanaise, M. Abdel Karim Ali s’était plaint de la « discrimination » dont le ministre libanais des Affaires sociales aurait fait preuve, selon lui, dans la distribution des aides aux réfugiés syriens, au bénéfice de groupes salafistes.
Cette lettre a suscité de vives réactions de la part de M. Bou Faour et du président de la République Michel Sleiman qui a remis à sa place jeudi l’ambassadeur de Syrie et rappelé à ses devoirs le ministre des Affaires étrangères, Adnane Mansour.
Ce dernier ne s’est toujours pas prononcé sur cette affaire qui le concerne pourtant directement, puisque c’est au palais Bustros que l’ambassadeur syrien a transmis son mémo, avant que le chef de la diplomatie ne prenne l’initiative de le transmettre au ministère des Affaires sociales. Le ministre Mansour s’est contenté hier de s’exprimer en termes généraux sur la situation des réfugiés, affirmant que ces derniers « constituent sans aucun doute un lourd fardeau pour le Liban ». Cette déclaration s’inscrit dans l’esprit des propos fort contestés du ministre Gebran Bassil, qui avait estimé que « les Syriens prennent la place des Libanais » et appelé à la fermeture des passages frontaliers. Réaffirmant en outre l’importance de la politique de distanciation adoptée par le Liban à l’égard de la crise syrienne, le ministre Mansour a ajouté que « si les violences se poursuivent à ce rythme, la crise syrienne aura un impact non seulement sur la souveraineté de la Syrie, mais aussi sur les pays voisins ». Selon lui, la « guerre » en Syrie pourrait menacer la paix dans toute la région. Cette vision rejoint nettement les récents propos de l’ambassadeur syrien sur « la complémentarité qui fonde la sécurité régionale ».

Mikati, entre aide humanitaire et mutisme diplomatique
Notons que selon les chiffres du Haut-Commissariat de l’ONU pour les Réfugiés (HCR) publiés hier, le nombre de réfugiés syriens officiellement enregistrés au Liban est de 170 637, sur plus d’un demi-million de réfugiés enregistrés dans la région (Turquie, Jordanie, Irak, Afrique du Nord et Liban). L’assistance aux réfugiés au Liban mobilise les bailleurs de fonds et la société civile depuis des mois.
Le Premier ministre a reçu hier dans ce cadre le coordinateur régional des opérations d’urgence en Syrie et dans les États avoisinants, affiliées au Programme alimentaire mondial (PAM), Mohannad Hadi. L’entretien a porté sur « les moyens de faciliter l’usage des réserves alimentaires au Liban, au bénéfice des réfugiés », comme l’a expliqué M. Hadi. Notons que le mutisme du Premier ministre sur la polémique avec l’ambassadeur de Syrie a été critiqué par des activistes de la société civile, qui ont observé un sit-in hier devant le sérail de Tripoli pour dénoncer « les empiètements criants de l’ambassadeur Ali ».
Il convient de noter que l’association caritative islamique al-Abrar, en coopération avec l’association Islah à Bahreïn, a fait don de matelas, de couvertures et d’oreillers pour les Syriens réfugiés dans le village de Rfid à Rachaya (Békaa-Ouest).

Aux frontières...
Signalons enfin que les deux ressortissants syriens enlevés il y a quelques jours dans la Békaa ont été relâchés hier. Ils avaient été enlevés dans le village de Ham par une partie non identifiée, alors qu’ils se dirigeaient vers le village frontalier de Tfeil. Des sources sécuritaires citées par le site d’informations nowlebanon ont estimé fort probable que leur remise en liberté soit liée au paiement d’une rançon par les proches des victimes, d’autant que les mêmes sources affirment ne pas être intervenues dans l’affaire. Par ailleurs, un Syrien blessé a été transporté hier à l’hôpital Serhal à Jebb Jennine (Békaa-Ouest).

Pour mémoire: