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À La Une - La situation

Syrie, télécoms, élections... : les désaccords s’amoncellent

La classe politique invitée à « renforcer le climat pacifique » à l’occasion de la saison des fêtes.

Nagib Mikati entouré de Samir Mokbel (à g.) et de Marwan Charbel, hier au cours du Conseil des ministres.  Photo Dalati et Nohra

Au départ, ce devait être un de ces Conseils des ministres en tous points technique, pépère, sans véritables aspérités politiques ou politiciennes. Il en fut autrement de la réunion de cinq heures tenue hier sous l’égide du Premier ministre, Nagib Mikati, au Grand Sérail.


Quatre gros titres ayant de fortes implications polémiques dominaient les discussions, parfois amères : de l’affaire Okab Sakr à la menace pesant sur la tenue des élections législatives en juin prochain, en passant par le regain de l’éternelle querelle sur les données téléphoniques et la nouvelle dégradation de l’état de la sécurité à Tripoli à la suite de la tragédie de Tall Kalakh, tout concourait à renvoyer au second plan un appel lancé par le chef du gouvernement à l’adresse de l’ensemble de la classe politique. Celle-ci a été instamment invitée à « renforcer le climat pacifique et stopper les escalades politiques et médiatiques » à l’occasion de la saison des fêtes afin de permettre une relance de l’activité.


L’affaire Sakr d’abord : répondant aux interrogations des journalistes à l’issue de la réunion du Conseil des ministres, le titulaire de l’Information, Walid Daouk, s’est contenté de dire, de façon plutôt sibylline, que « certains ministres ont exprimé leur opinion » à ce sujet, qu’« aucune décision n’a été prise » et, surtout, que « les points de vue étaient divergents ».
On apprenait par la suite que lorsque la question des enregistrements mettant en cause le député de Zahlé dans une affaire de soutien actif à la rébellion syrienne a été soulevée à la table du Conseil des ministres, le tableau a été à peu près le suivant : les ministres du bloc du Changement et de la Réforme et celui du PSNS, Ali Kanso, rivalisaient d’ardeur pour obtenir que M. Sakr et son camp soient lynchés politiquement (et judiciairement) sur la place publique pour cette intolérable atteinte au principe sacro-saint de « la tenue à l’écart » du Liban vis-à-vis des événements de Syrie.
Les ministres d’Amal se contentaient, pour leur part, de mettre l’accent sur le processus judiciaire à suivre. Quant à ceux du Hezbollah, ils se taisaient. Et pour cause : leur patron faisait hier encore l’éloge de l’implication de son parti dans un soutien, actif lui aussi, au... régime syrien. Quant aux ministres joumblattistes, ils se sont également murés dans le silence, mais certainement pas pour les mêmes raisons. En ce qui les concerne, ce devait être probablement par réserve « centriste ».
Au final, quelqu’un a relevé qu’on ne pouvait pas, logiquement, faire trop de tapage autour du cas Sakr si l’on ne veut pas que le cas Hassan Nasrallah subisse le même sort. Prudence donc...


C’est à la même prudence qu’en début de séance, le Premier ministre exhortait ses compatriotes tripolitains et les Libanais en général à la suite de l’affaire des jeunes salafistes tripolitains tués à Tall Kalakh après avoir franchi la frontière pour prêter main-forte aux rebelles syriens. Mais l’appel est resté vain : quelques heures plus tard, il y avait déjà trois morts et plus de dix blessés par les tirs sur la ligne de front qui sépare les quartiers sunnite et alaouite de Tripoli.


Encore plus sibyllines furent les indications données par M. Daouk au sujet de la nouvelle querelle sur les données téléphoniques, opposant d’une part le ministre des Télécoms, Nicolas Sehnaoui, au ministère de l’Intérieur et aux FSI et, d’autre part, le même M. Sehnaoui au 14 Mars.
« Le ministre concerné a exposé la question en Conseil des ministres. Il sera procédé à l’investigation de ses propos », a déclaré le ministre de l’Information.
Le ministre des Télécoms et son mentor, le général Michel Aoun, qui s’est exprimé hier sur ce sujet, se posent en défenseurs des libertés et refusent donc d’accéder à la nouvelle demande des SR des FSI d’obtenir les données de base concernant les accès aux réseaux sociaux. L’apparence des choses leur donne naturellement raison : que les mots de passe de tout un chacun circulent librement d’un policier à l’autre est absolument inacceptable.


Cependant, dans un pays où l’enjeu politique majeur se résume depuis des années à rien de moins qu’un face-à-face entre une classe politique et des assassins, on devrait peut-être songer à appliquer le dicton selon lequel il faudrait parfois aux grands maux les grands remèdes.


Reste le dossier électoral. C’est, semble-t-il, le sujet qui a suscité le plus d’amertume hier en Conseil des ministres. La petite phrase glissée par le ministre de l’Intérieur, Marwan Charbel, au quotidien al-Akhbar, confirmant qu’avec ou sans réforme électorale, le scrutin législatif devra avoir lieu le 9 juin prochain, a suscité l’ire du Hezbollah et de ses alliés, apparemment désireux de maintenir le suspense sur cette échéance.


Les ministres du Hezb n’ont pas manqué d’en réprimander M. Charbel pendant qu’à l’extérieur du Conseil des ministres, le général Michel Aoun affirmait publiquement qu’avec ou sans élections, il n’y aurait guère de vide au niveau du pouvoir. L’allusion est on ne peut plus claire : étant donné les pronostics en cas de maintien de la loi de 1960, désastreux pour lui, que nul ne s’étonne si le 8 Mars trouve avant juin le « bon » prétexte pour tenter d’obtenir l’ajournement du scrutin.

 

 

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