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Liban - Frontière

De nombreuses zones d’ombre entourent le drame de Tell Kalakh

Beyrouth demande le rapatriement des corps de Libanais tués en Syrie. Damas accepte sous conditions. Des parents réclament une enquête sur leur endoctrinement et les circonstances de leur mort.
Le ministre libanais des Affaires étrangères Adnane Mansour a demandé lundi aux autorités syriennes le rapatriement des corps des Libanais tués vendredi dernier en Syrie aux côtés des rebelles.
Le ministre a présenté cette requête à l’ambassadeur de Syrie au Liban, Ali Abdel Karim Ali, qui a annoncé, dans un communiqué, que le gouvernement de son pays « étudiera cette demande, pour des raisons humanitaires, et déterminera prochainement, avec le concours de M. Mansour, les modalités de son règlement ».
Vendredi, entre 17 et 21 jeunes sunnites libanais, selon les sources, ainsi qu’un Palestinien, partis le matin même de Tripoli, avaient péri à Tell Kalakh, une ville syrienne frontalière où ils étaient venus combattre l’armée régulière syrienne.
Une source au sein des services de sécurité libanais avait indiqué que « les jeunes gens, passés en Syrie pour combattre avec les rebelles, étaient tombés dans une embuscade et avaient été tués dans la province de Homs », frontalière du Liban. Cette source avait précisé que 14 corps avaient été amenés par les troupes gouvernementales dans un hôpital syrien.

Les parents réclament une enquête
Meurtris par la nouvelle de la mort de leurs fils, des parents de Tripoli ont demandé qu’une enquête soit ouverte au sujet de la partie qui les a endoctrinés et envoyés à la mort.
Le père de l’une des victimes, Khodr Alameddine (20 ans), étudiant en première année de la faculté des lettres de l’Université libanaise, s’est confié hier au quotidien al-Chark el-Awsat pour dire que son épouse et lui-même ignorent tout de l’identité du groupe qui a pu endoctriner leur fils.
Le père du jeune « martyr », Moustapha Alameddine, a affirmé qu’il avait reconnu son fils à la blouse jaune qu’il portait, sur des images des corps sans vie diffusées par la télévision syrienne. « Mon fils a quitté la maison mercredi à 15 heures, sans rien dire de ses intentions. Nous l’avons cherché jusqu’à vendredi, quand on nous a appris qu’il a été tué en Syrie », a-t-il souligné.
« Il se rendait à des mosquées dont les imams tenaient des discours modérés, a ajouté le père, mais dernièrement, il avait commencé à parler plus souvent du jihad, et nous avions demandé à des dignitaires religieux de le ramener à des sentiments plus modérés. »
Moustapha Alameddine a affirmé qu’il ne connaissait pas le groupe qui avait endoctriné son fils, ni aucun de ses compagnons tués. « Nous demandons à l’État d’enquêter à ce sujet et de déterminer les circonstances de ce départ fatidique vers la Syrie. Nous voulons savoir qui endoctrine nos enfants, se joue de leur jeune intelligence et les entraîne à la mort », a-t-il conclu.
Le père de Khodr Alameddine a enfin affirmé se méfier de toutes les actions de protestations organisées après la mort de son fils et de ses camarades. Il a dénoncé l’exploitation de leur mort à des fins politiques.

Le Hezbollah impliqué ?
Rumeurs et indications impossibles à vérifier se sont multipliées hier, au sujet des circonstances dans lesquelles les jeunes combattants libanais ont été tués.
Selon le quotidien koweïtien as-Siassa, des indicateurs du Hezbollah infiltrés dans les rangs jihadistes à Tripoli seraient à l’origine de la fuite qui a permis l’interception du groupe de Libanais se rendant en Syrie. L’homme aurait ainsi alerté son parti qui, à son tour, aurait alerté les renseignements syriens.
Un autre quotidien koweïtien, al-Anba’, a affirmé pour sa part que c’est un élément du groupuscule islamiste Fateh el-Islam, précédemment emprisonné au Liban et retourné durant son séjour en prison, qui aurait « donné » le groupe de jihadistes libanais.
Pour sa part, citant des informations qui lui sont parvenues de l’intérieur syrien, le député Khaled Daher (courant du Futur) a affirmé que ce sont les renseignements de l’armée de l’air syrienne qui ont tendu aux combattants libanais l’embuscade qui leur a coûté la vie, précisant que les combattants qui n’ont pas été tués ont été emprisonnés et emmenés à Damas.
« L’enthousiasme de ces jeunes fait honneur à leurs parents », a affirmé le parlementaire, précisant que leur motivation se renforce quand ils apprennent que le Hezbollah est engagé aux côtés du régime syrien et des gardiens de la révolution iranienne, dans la répression féroce du peuple syrien et la protection du régime Assad.

Tortures
Le frère de l’une des victimes, Jihad Hage Dib, a assuré pour sa part que les jeunes Libanais ont été arrêtés vivants, mais que le régime syrien les abat au fur et à mesure de leur interrogatoire, après les avoir torturés. L’homme a tiré ses conclusions de certaines images diffusées par la télévision syrienne, à partir de Tell Kalakh. Ainsi, il a avancé que l’un des jeunes prisonniers, Youssef Abou Arida, avait pu joindre sa sœur au téléphone, affirmant que « les chabab sont vivants », mais que sa voix tremblait au téléphone et laissait penser qu’il était battu. « Hier, a-t-il ajouté, son cadavre est apparu à la télévision. »
Selon l’homme, les jeunes combattants n’ont même pas eu le temps de franchir la frontière syrienne. « La nouvelle de leur rassemblement, qui a duré une demi-heure, et de leur départ s’est sue à Baal Mohsen, a-t-il dit, et des combattants des éléments de la “ brigade el-Assad ” les ont pris en filature, les interceptant avant Tell Kalakh. » « Ils étaient sans armes et parmi eux figuraient des secouristes, a-t-il précisé. Quatre des jeunes combattants ont été tués, dont Bilal el-Ghoul. Les autres ont été arrêtés et livrés aux renseignements syriens. »
Le ministre libanais des Affaires étrangères Adnane Mansour a demandé lundi aux autorités syriennes le rapatriement des corps des Libanais tués vendredi dernier en Syrie aux côtés des rebelles.Le ministre a présenté cette requête à l’ambassadeur de Syrie au Liban, Ali Abdel Karim Ali, qui a annoncé, dans un communiqué, que le gouvernement de son pays « étudiera cette...

commentaires (2)

c'est beau de critiquer le Hezbollah d'envoyer des combattants, et quand il y a des morts c'est des critiques, mais quand c'est des salafistes, on parle d'honneur. tout le monde sait qu'il y a des combattants salafistes étrangers depuis le début de la guerre, et il faut que ceux qui disent que c'est la faute au Hezbollah et au gouvernement syrien, si il y a ces salafistes, arrêtent de se voiler les yeux, leur politique c'est la Syrie et après le Liban

Talaat Dominique

07 h 02, le 05 décembre 2012

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Commentaires (2)

  • c'est beau de critiquer le Hezbollah d'envoyer des combattants, et quand il y a des morts c'est des critiques, mais quand c'est des salafistes, on parle d'honneur. tout le monde sait qu'il y a des combattants salafistes étrangers depuis le début de la guerre, et il faut que ceux qui disent que c'est la faute au Hezbollah et au gouvernement syrien, si il y a ces salafistes, arrêtent de se voiler les yeux, leur politique c'est la Syrie et après le Liban

    Talaat Dominique

    07 h 02, le 05 décembre 2012

  • Voilà la différence avec le Hezbollah: ce dernier n'a pas besoin d'une intervention de l'Etat pour récupérer les cadavres de ses combattants tués en Syrie!

    Georges MELKI

    03 h 10, le 05 décembre 2012

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