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Nos Lecteurs ont la Parole

Désarmés face aux armes

«Un parti politique dont les responsables incitent à
recourir à la violence ou proposent un projet politique
qui ne respecte pas les règles de la démocratie ne peut
se prévaloir de la protection de la convention.»
(Convention européenne des droits de l’homme)
Un voile de tristesse se déploie sur le Liban, qui depuis la fin de la guerre continue de lutter pour sa sauvegarde. On a beau vanter les avantages de notre société multiconfessionnelle, s’étendre sur la richesse des spécificités pluriculturelles, la variété des ethnies de même nationalité, l’évidence, elle, demeure toujours aussi dévastatrice. Une réalité à laquelle survit notre pays, dans laquelle vit notre peuple : la promiscuité avec les armes, ces armes qui cohabitent avec l’État et qui représentent un vrai casse-tête pour le gouvernement.
Il y a la théorie qui dit que s’il ne peut y avoir négociation avec la violence, il doit y avoir éradication. Au Liban, nous sommes et demeurerons au stade de la négociation. Il y a les armes légales de l’armée libanaise, elle-même assujettie au pouvoir exécutif du Conseil des ministres comme le stipule l’article 65 de la Constitution. La Grande Muette, quoique multiconfessionnelle, ne participe pas à la vie politique. Viennent en second les armes du Hezbollah, la milice chiite qui, selon le concept de la wilayet el- faqih, fait allégeance au juge suprême de la République islamique d’Iran, l’ayatollah Ali Khamenei. Suite à la libération du Sud, le Hezbollah fut autorisé à exister militairement en vertu d’un arrêté ministériel qui favorisa la trilogie État-armée-résistance, cette dernière n’étant pas légitimée par la Constitution. À l’encontre de ceux de l’armée, ses membres figurent dans le gouvernement et peuvent se présenter aux élections pour siéger au Parlement, faisant ainsi partie des pouvoirs exécutif et législatif. Le troisième volet définit l’arsenal illicite comprenant celui des Palestiniens, dont le président Mahmoud Abbas, lors de sa visite au Liban, en août 2011, avait critiqué cette présence. Je cite: «Nous ne voulons pas d’armes ni à l’intérieur ni en dehors des camps.» Il y a aussi les salafistes et les islamistes, les groupuscules d’el-Qaëda qui se battent dans le Nord, dont les stocks de munitions et les explosifs incitent le président de la République à vouloir statuer sur leur sort autour d’une table ronde.
Le Liban redevient la poudrière qui risque d’exploser à tout moment. Le dernier attentat criminel ayant causé la mort du chef des renseignements démontre le désir malsain d’introduire l’État dans le cercle vicieux des combats en Syrie
Au cours de l’histoire et jusqu’à notre époque, nombre de pays subirent la violence de forces occultes. C’est ainsi que l’Italie, dès le début du XIXe siècle, coexista avec la Cosa Nostra, la mafia sicilienne. À l’origine, ces «familles» pratiquèrent les attentats et les violences pour s’opposer à la tyrannie. Avec le temps, elles évoluèrent en mafia, optant pour les activités illégales, les intimidations et les crimes, éliminant toute personne qui s’opposait à leurs prérogatives. On cite l’exemple du célèbre juge Giovanni Falcone, qui avait consacré sa vie à la combattre, pour finir assassiné en 1992. En Espagne, l’ETA, mouvement de libération basque, qualifié d’organisation terroriste par l’Union européenne, avait été fondé en 1959 en tant que résistance à la dictature de Franco. Par la suite, la formation utilisa les attentats contre les civils pour se faire entendre. À son triste palmarès: 800 morts depuis le début de ses activités. Le Premier ministre socialiste José Luis Rodriguez Zapatero avait combattu l’ETA, la forçant à stopper les violences. C’est en octobre 2011 que l’organisation annonça la fin de son action armée, alors que le parti Batasuna, sa face politique, tentait de se présenter aux législatives. On refusa la participation d’une formation militaire au pouvoir législatif. Plus tard, la cour suprême espagnole et la cour constitutionnelle obtinrent la dissolution du parti conformément à la Convention des droits de l’homme.
Je conclus par une phrase de Zapatero, prononcée lors de l’arrêt de l’activité militaire terroriste: «Nous vivons aujourd’hui la légitime satisfaction de la victoire de la démocratie, de la loi et de la raison.»
Prions pour que le Liban puisse combattre et vaincre les armes, sur son territoire, par la légalité de la loi.

Molly SELWAN
Un voile de tristesse se déploie sur le Liban, qui depuis la fin de la guerre continue de lutter pour sa sauvegarde. On a beau vanter les avantages de notre société multiconfessionnelle, s’étendre sur la richesse des spécificités pluriculturelles, la variété des ethnies de même nationalité, l’évidence, elle, demeure toujours aussi dévastatrice. Une réalité à laquelle survit...
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