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Liban - La situation

Une force tampon au centre pour absorber les chocs et réduire la polarisation

« C’est le début d’une phase de gestion de la crise. » C’est en ces termes qu’une source informée qualifie la période à venir qui, selon elle, risque de durer un certain temps. Au moins jusqu’aux élections américaines en tous les cas, plus précisément jusqu’au fameux discours sur l’état de l’Union, au cours duquel le nouveau président sera appelé à expliquer son programme à venir, soit en janvier 2013.

Certes, la campagne réclamant la démission du gouvernement se poursuivra, ce qui signifie que les tentes de la contestation – plantées au centre-ville de Beyrouth et à Tripoli – ne seront pas levées de sitôt, si l’on en croit les organisateurs.

 

Hier, le rassemblement des forces de l’opposition devant le domicile du Premier ministre Nagib Mikati a été l’occasion pour réitérer l’appel lancé au chef du gouvernement pour qu’il rende son tablier. C’est toutefois le père du général Wissam el-Hassan, invité par les forces du 14 Mars au sit-in de Tripoli, qui a créé la surprise lorsqu’il a refusé, dans un entretien télévisé, de faire assumer au chef du gouvernement la responsabilité de l’assassinat de son fils.

 

On le sait désormais : l’opposition sait pertinemment ce qu’elle ne veut plus – le gouvernement actuel – mais semble encore indécise quant à la formule de rechange, à savoir à quel type de gouvernement elle aspire (un gouvernement neutre, de technocrates ou d’union nationale), devra-t-il être formé avec ou sans Nagib Mikati, sinon avec qui comme Premier ministre ? Bref, autant de questions qui rendent pour l’heure la tâche du chef de l’État encore plus difficile.

Du côté de Baabda, on persiste et signe : « Il est hors de question que le gouvernement démissionne durant une période aussi délicate qui ne peut même pas tolérer un gouvernement d’expédition des affaires courantes. » On assure également dans les milieux du palais que le chef de l’État reste religieusement attaché au dialogue comme unique moyen de résolution de la crise, n’en déplaise à ceux qui parlent de divorce. Ces mêmes sources affirment d’ailleurs que les forces du 14 Mars ont commis une erreur tactique « car elles auraient dû entourer le président immédiatement après la tragédie d’Achrafieh, et se tenir à ses côtés durant une épreuve aussi difficile et aussi dangereuse pour le pays ».

 

(Lire aussi : Attentat d’Achrafieh : le FBI a terminé son enquête)

 

Ceci dit, le chef de l’État n’est pas aussi seul qu’on le croit dans ses efforts de replâtrage de la nation. En effet, soutient une source proche de Baabda, celui-ci peut désormais compter sur un nouveau noyau « centriste » qui s’est formé autour de lui et que l’attentat d’Achrafieh a achevé de consolider. Il en va ainsi de l’appui inconditionnel exprimé au président par le leader druze Walid Joumblatt, dont les prises de position jeudi dernier, lors d’un entretien télévisé, « étaient on ne peut plus claires » sur l’attitude que son bloc prendra dans les prochains jours. Il en est de même pour le chef du gouvernement, que les dernières circonstances ont poussé à se réclamer une fois de plus d’un centrisme pur et dur dont il se prévalait déjà et auquel il doit plus que jamais recourir aujourd’hui s’il veut véritablement préserver le pays des risques du volcan syrien. Il est également question du président du Parlement, Nabih Berry, qui peut être compté lui aussi dans la mouvance modérée. On parle même de l’ancien chef de l’État, Amine Gemayel, qui viendrait rejoindre le cortège du centre, non sans avoir tenté au préalable de faire la médiation auprès de certaines figures du 14 Mars, en vue d’un éventuel règlement. Le chef de l’État aurait également reçu, au cours des derniers jours, les assurances de soutien de la part des instances économiques, avec à leur tête l’ancien ministre Adnane Kassar, prêt à le conforter dans ses efforts visant à préserver la stabilité dans le pays.

 

(Lire aussi : Geagea : De quelle union nationale nous parle-t-on lorsque des gens se font tuer et que d’autres tuent ?)

 

C’est donc au centre, et nulle part ailleurs, que se dessine le nouveau front qui sera chargé de mener le gouvernail dans un sens comme dans un autre au cours des prochains jours, sous le thème de la déclaration de Baabda, et donc de la « neutralité ». Un front qu’une source proche du Sérail qualifie à bon escient de « force tampon », considérée d’autant plus nécessaire que la polarisation politique et confessionnelle « a achevé de diviser les Libanais et d’exacerber les tensions à outrance. Elle servira surtout à absorber les chocs en provenance d’un camp ou de l’autre ».

Ce centrisme renforcé reflète en outre la lassitude exprimée par « une opinion publique de plus en plus écœurée par les querelles intestines, particulièrement celles qui ont lieu depuis des années entre le camp du 8 et celui du 14 Mars ». Une source autorisée estime à près de 80 % le taux des Libanais qui seraient aujourd’hui désillusionnés, déçus et à la recherche de nouveaux horizons politiques.

 

Les efforts se concentrent donc pour l’instant sur la nécessité de poursuivre les consultations avec les différents pôles politiques, quitte à trouver un terrain d’entente sur lequel tabler pour voir si l’exécutif sera oui ou non remplacé dans un proche avenir.

 

De son côté, le conseiller du Premier ministre, Khaldoun Charif, assure à L’Orient-Le Jour que le Premier ministre a été très clair concernant la question relative à sa démission. « M. Mikati ne refuse aucunement son départ du gouvernement, à condition que le changement voulu soit pour le mieux et non pour le pire. » Une chose est certaine, dit-il, c’est que les forces du 14 Mars ne peuvent à elles seules former un gouvernement. Par conséquent, elles doivent indiscutablement être prêtes à dialoguer avec l’autre partie pour parvenir à s’entendre sur une formule viable.

Et M. Charif d’inviter l’ensemble des Libanais à tabler sur les positions affichées par Nagib Mikati, notamment lorsqu’il s’est engagé à pardonner sans aucune hésitation à ceux qui lui ont porté tort, préférant insister sur la nécessité d’ouvrir un dialogue direct avec lui et avec le chef de l’État.

 

En dépit de ces turbulences, la vie continue. C’est à une séance normale du Conseil des ministres qu’il faudra donc s’attendre mercredi prochain, en attendant que se décantent les grands problèmes politiques. À l’ordre du jour : les nominations diplomatiques.

« C’est le début d’une phase de gestion de la crise. » C’est en ces termes qu’une source informée qualifie la période à venir qui, selon elle, risque de durer un certain temps. Au moins jusqu’aux élections américaines en tous les cas, plus précisément jusqu’au fameux discours sur l’état de l’Union, au cours duquel le nouveau président sera appelé à expliquer son...

commentaires (2)

L'Avocat du Diable : Dans le contexte actuel des choses, je pense qu'ils font bien, ils se font brûler pour ne pas laisser le Pays brûler... Ainsi doivent être actuellement, et pour le moment, et jusqu'à avis contraire, les choses. Et je signe : L'Avocat du Diable.

SAKR LEBNAN

13 h 41, le 29 octobre 2012

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Commentaires (2)

  • L'Avocat du Diable : Dans le contexte actuel des choses, je pense qu'ils font bien, ils se font brûler pour ne pas laisser le Pays brûler... Ainsi doivent être actuellement, et pour le moment, et jusqu'à avis contraire, les choses. Et je signe : L'Avocat du Diable.

    SAKR LEBNAN

    13 h 41, le 29 octobre 2012

  • Nagîîbb Mîkkâtéhhh, toujours prêt à enduire de pommade les roués Syros-libanais retors pour conserver de "bons! rapports" qu’on ne leur dispute pourtant que pour la forme ; s’y est collé. "Mon message est tout simple: Merci la Distanciation" a-t-il cru bon de proférer, après la dernière rétractation dans la balade "baassyrienne" qui l’a déjà baladé ! Et sans pouffer d’éructer : "C’est un bon jour pour sœur-syrie ; un bon jour pour ce Kottor-libanais." ! Mais de quoi fallait-il remercier ces "baassdiots" ? D’avoir été de ces vigoureux versatiles de ce Voisinage Vaseux, violents et variables ; ces girouettes mal graissées et malfamées qui agitent leurs étendards bruns et noirs? Ou d’avoir Trahi Hariri et l'avoir rejeter, après un marchandage rance "assadiquo-fakîhàRien" garni de bazardage affligeant "hamidïyéhàRien" nauséabond ! Devinez…. Sans compter un bon paquet de Toumânes "Perc(s)és" pour leurs multiples sous sous-fifres larbins dévoués. A l'opposé, ce dont on aurait pu les remercier, est d’avoir avec impudence montré à ces bourrés de "Malsanité" leur véritables visages d'acné dévastés. A eux, qui sont "résistanciels et/ou centrés" quand ça peut leur rapporter. Quand ils peuvent rejeter sur Le 14 Cédraie tout ce qui pourrait virer genre dangerosité, en attendant de piteusement se réfugier dès la 1ère raclée dans les pans de ce même manteau Perc(s)é du sectarisme "walïyo-nusayrîsé".

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    07 h 46, le 29 octobre 2012

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