Sauvegardons nos institutions

Qui essaie d’impliquer le Liban dans les événements visant à changer les régimes dans les pays environnants ? La réponse à cette question n’est pas évidente car nous ne pouvons savoir exactement qui est derrière tous ces événements. Peut-être que des parties sont impliquées dans un pays mais pas dans l’autre ; peut-être qu’il s’agit de la même partie partout. Difficile à dire. Mais ce dont on est sûr, c’est que les intégristes sont sur notre sol et nous veulent du mal. Notre ennemi est désigné et il ne faut pas se tromper de cible.

La main du diable est partout. Elle se déplace du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, et essaie par tous les moyens de déstabiliser le pays en fomentant des troubles pour surfer sur cette vague qui sera le cheval de Troie à partir duquel le Liban devrait être abattu.

Jouer sur nos différences et sur notre diversité a toujours été le meilleur « atout » de nos ennemis. Nous sommes toujours tombés dans le panneau et nous en avons payé le prix. Est-ce par manque de confiance les uns dans les autres ? Nous voyons que chaque fois qu’il y a un incident à caractère confessionnel, la partie visée par l’incident pense que les autres veulent sa perte et donc entre dans le cycle de la violence.

Il n’y a que le dialogue pour éloigner ce risque de dérapage. Le dialogue est comme le téléphone rouge qui a été le fusible pour éviter une guerre nucléaire durant la guerre froide entre l’Union soviétique et les États-Unis. Le dialogue seul peut nous sauver de ce qui se trame contre nous. Le dialogue, et le réflexe d’appeler « l’autre » pour s’enquérir de tout incident suspecté de viser la stabilité nationale.

La confiance est la base même de la stabilité. Garder confiance, c’est penser toujours que « l’autre est innocent jusqu’à preuve du contraire ». Garder confiance, c’est aussi s’opposer les uns aux autres avec des mots qui vont au but mais qui ne blessent pas et qui ne donnent pas à l’autre l’impression d’être menacé dans son existence, dans son intégrité, dans ses droits.

Attiser la haine confessionnelle, c’est construire brique par brique un mur entre les communautés, un mur dans les esprits et les cœurs. Celui qui attise la haine confessionnelle est justement celui qui pousse vers la confrontation entre les communautés en vue de détruire le Liban et de s’installer à la place de tous. Que les politiciens le sachent, que l’establishment soit prévenu : c’est leur place qui est en jeu, c’est notre existence qui est menacée.
J’invite ceux qui ne veulent pas tomber sous le joug de ce groupe d’un autre âge à préserver nos institutions en les consolidant. Et qu’ils ne confondent surtout pas opposition pour affaiblir le gouvernement et opposition pour affaiblir les institutions. Que la majorité de son côté ne confonde pas la priorité de défendre le gouvernement et la défense des institutions, car la confusion pourrait être fatale si elle s’établit.

Dans cette période cruciale, nos institutions doivent être protégées par des remparts solides, imprenables, fortifiés par la confiance et les intérêts communs de vivre tous ensemble sur une terre de liberté.

Joseph W. ZOGHBI