Rue Huvelin

Film vérité, réalisé par Mounir Maasri, d’après un scénario de Maroun Nassar, Rue Huvelin a réussi à capturer et révéler la réalité du mouvement estudiantin des années 1997 à 2004, opposé à l’occupation syrienne du Liban.
La vérité n’y est presque jamais forcée, elle se révèle aux spectateurs, elle surgit d’elle-même, découvrant la réalité de ce mouvement, comme une petite flamme fragile mais inextinguible allumée dans un campus universitaire et qui allait se propager un 14 mars 2005, et enflammer la conscience endormie d’un peuple jusqu’alors résigné.
Les aînés de ces étudiants (ceux de la fin des années 80 et du début des années 90) avaient alors accepté et digéré leur défaite, convaincus de la vanité de leurs efforts et sacrifices, sanctionnés par une débâcle qui avait donné raison à tous ceux qui le leur avaient prédit, gardant un regard distant, complaisant et nostalgique sur un mouvement qui n’était plus le leur, et qu’ils pensaient voué lui aussi à l’échec.
Rue Huvelin est un film sans « sursignifications », rembourrages, remplissages, effets littéraires ou artistiques. Il a réussi à décaper tout ce qui a pu se superposer au réel, laissant à vif la vérité nue, forte et brûlante d’une contestation obstinée et tenace.
Attaché à la littéralité des événements, ce film quasi documentaire mérite d’être salué comme l’un des meilleurs films du cinéma libanais. Le jeu des acteurs, sobre et pudique, ne se sert pas des lourdes ficelles du mélo pour exprimer des émotions, il mérite lui aussi d’être salué.
La petite flamme qui brûlait alors rue Huvelin est bien celle qui est à l’origine de l’incendie qui continue à se propager aujourd’hui jusqu’aux rues de Damas.

Tony ABOUDIB