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Lifestyle - Société

Avant l’exil, les Philippines à « l’école des domestiques »

Enseignantes ou secrétaires, célibataires ou mères de famille, poussées par la pauvreté, des milliers de jeunes femmes apprennent les tâches ménagères dans l’espoir d’une vie meilleure à l’étranger.

Les « écoles de domestiques » ont fleuri à Manille depuis 2005, lorsque le gouvernement a rendu obligatoire une formation aux tâches ménagères pour les candidates à l’expatriation. Photos Noël Celis/AFP

Enseignantes ou secrétaires, célibataires ou mères de famille, des dizaines de milliers de Philippines poussées par la pauvreté retournent à l’école dans l’espoir de décrocher un diplôme de domestique qui leur servira de sésame pour travailler à l’étranger. « Nous devons connaître les différents modèles d’aspirateurs et de systèmes d’air conditionné et savoir les nettoyer : les climatiseurs fenêtre, les climatiseurs boîte et les climatiseurs réversibles », explique Cherry Pie Antaban dans les locaux de « Domestic Duties 101 », un centre de formation à Manille.
Ces « écoles de domestiques » ont fleuri dans la capitale philippine depuis 2005, lorsque le gouvernement a rendu obligatoire une formation aux tâches ménagères pour les candidates à l’expatriation. Plus de 96 000 d’entre elles ont quitté l’archipel en 2010, la plus grosse cohorte de travailleurs émigrés philippins après les marins de commerce.
Cherry Pie Antaban, 30 ans, espère trouver un emploi à Singapour, dans un foyer aisé où elle fera la cuisine, la vaisselle, les courses, le ménage, la lessive, le repassage, s’occupera des enfants s’il y en a, pour quelque 400 dollars mensuels (297 euros), près de six fois son salaire d’aide ménagère dans son pays. Un pécule qui fera vivre sa mère et sa petite sœur, serveuse à 2,70 dollars US par jour. « Elles ont besoin de mon soutien », dit-elle.
Les jeunes femmes apprennent à cuisiner des plats chinois, dresser la table selon les usages à Doha ou Nicosie, lustrer un parquet, faire briller les carreaux, préparer un lit et y disposer savamment les coussins. « Ce n’est pas pour vous punir. Nous faisons cela pour que votre employeur n’ait pas de raisons de s’énerver contre vous », justifie une formatrice, Charibel Barrios, devant des étudiantes à quatre pattes, affairées à nettoyer un sol. Les épreuves s’apparentent à un cursus d’ingénieur pour certaines d’entre elles, nées dans une pauvreté extrême, tôt déscolarisées, et qui découvrent avec angoisse le programmateur d’une machine à laver. « Séparez le blanc de la couleur. Faites très attention. Ne vous hâtez pas, et surtout ne les mélangez pas », insiste Charibel Barrios. « Ces femmes viennent de régions rurales pauvres et elles ne sont pas habituées aux appareils électroménagers », avance Lenny Carreon, responsable de centres à Manille, ajoutant : « Mais la formation accroît leurs compétences et leur confiance en elles. Elles deviennent plus compétitives. »
De nombreuses impétrantes portent toutefois un regard très différent sur leur parcours. À 25 ans, Janet Quiron a dû abandonner son métier d’enseignante qui ne lui rapportait que 5 200 pesos (120 dollars) par mois. « C’est malheureux de devoir travailler comme domestique quand on a un diplôme universitaire. Mais je pense à ma famille. Grâce à moi, mon frère et ma sœur peuvent aller à l’école », raisonne-t-elle. Après avoir travaillé deux ans en Libye, Annaliza Ambrocio, une ancienne secrétaire de 38 ans, est elle aussi en chemin pour Hong Kong. Là-bas, les « domestic helpers » bénéficient d’un jour de congé hebdomadaire, un salaire minimum garanti (330 euros par mois, plus le gîte et le couvert) et des congés maladie. Plus une semaine de vacances : à ce compte, Annaliza sait que son fils grandira sans elle. « C’est triste de le quitter encore une fois. Je lui ai dit de ne pas pleurer et que quand je reviendrai, je pourrai lui acheter ce qu’il veut », confie-t-elle, le regard embué.
(Source : AFP)
Enseignantes ou secrétaires, célibataires ou mères de famille, des dizaines de milliers de Philippines poussées par la pauvreté retournent à l’école dans l’espoir de décrocher un diplôme de domestique qui leur servira de sésame pour travailler à l’étranger. « Nous devons connaître les différents modèles d’aspirateurs et de systèmes d’air conditionné et savoir les...

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