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Nos Lecteurs ont la Parole

Quelle marmelade !

Par Lina SINNO
En anglais l’expression est aussi sympa qu’expressive, « traffic jam » en langage familier. Le mot « bouchon » est lui aussi assez parlant. Il me fait penser à une bouteille de champagne dont on fait sauter le bouchon et donc, dans notre contexte, décongestionner le trafic.
Que ce soit une appellation ou une autre, le problème demeure le même : des nerfs qui s’usent au rythme du bidon d’essence, des klaxons qui jurent aussi fort que les automobilistes, bref tout ce qu’il faut pour arriver à destination échevelé, les nerfs en pelote, en nage l’été – tout le monde ne tolère pas la clim – ou trempé l’hiver par les flaques causées par notre éternel problème d’égouts, Monsieur le ministre des Travaux publics et du Transport, salut !
Je vous propose, avec en exergue notre trafic monstrueux, quelques scénarios insolites, tirés pourtant de notre vécu, de tout genre de situations que vous êtes susceptibles de vivre au quotidien sur nos routes. Puisque j’ai évoqué plus haut le champagne, commençons, si vous le voulez bien, par le cas fêtes de fin d’année.
Saoulant, le cas Nouvel An :
Cotillons et confettis achetés in extremis pour les enfants et pour les adultes qui le sont restés, le coiffeur pour un coup de peigne, les dernières retouches d’un make up, le pain aux figues auquel l’on n’avait pas pensé plus tôt, bref le caprice de ces dames qui encombrent le trafic, sans parler plus tard des jeunes en boîte qui, survoltés, ne tiennent pas en place et s’en vont pour la tournée des grands ducs jusqu’au petit matin, car c’est à qui aura veillé le plus longtemps.
Bancal, le cas bateau :
En France, on appelle « bateau » les endroits où il est interdit de stationner. Comme le citoyen comprend vite, la municipalité a dû couler des blocs de béton pour empêcher les voitures de parquer ou de grimper sur les trottoirs. Mais bateau ou paquebot, le Libanais trouve moyen de se ranger en double file, provoquant une sorte de goulot d’étranglement.
Cavalier, le cas autobus :
Dans les pays civilisés, on prend le bus sous un porche où numéros et horaires sont affichés. Et si, en montant, le passager a une seconde de retard, intransigeant, le chauffeur ferme les portières. Il faut voir ici comment on hèle l’autobus à tout moment, on y monte de n’importe où, sous l’œil amusé du chauffeur qui se permet de siffloter sur une musique tonitruante.
Antiromance, le cas Saint-Valentin :
Un conseil : tracer votre itinéraire à l’avance de façon à ne prendre aucune rue semée, c’est le cas de le dire, de fleuristes. Autre conseil au passage, achetez à votre Valentine des roses la veille, car le jour venu elles seront cotées en bourse.
Classe, le cas voiturier :
Ces fashion-victims qui, avant de quitter leur voitures de prix, ne se gênent pas pour arranger leur rouge à lèvres dans le rétroviseur, puis sans même réaliser qu’elle ont barrée le passage, jettent langoureusement du haut de leurs talons aiguilles les clés au voiturier sans même daigner lui dire un gentil mot. Yayyy ce que ça fait plouc de parler à la populace !
Barbant, le cas Sukleen :
Dans les pays qui se respectent, le camion à benne passe à des heures raisonnables. Fantaisiste, Sukleen passe à toutes les heures de la journée et ne se gêne aucunement de faire attendre une file interminable derrière lui, dégageant des odeurs écœurantes.
Ingrat, le cas contresens :
Je défie celui qui dira n’être jamais allé à contresens ! Comme par hasard, l’on se permet de sermonner celui qui vient à contresens pour que, deux bifurcations plus loin, on s’engage sans état d’âme dans un sens interdit, accompagné d’un « mais tout le monde le fait ! »
Bluffeur, le cas ambulance :
Manque d’éthique pour ces ambulances qui branchent leurs sirènes à fond la caisse alors qu’elles ne transportent aucun malade. De quoi être la risée du SAMU ou du 911.
Clair-obscur, le cas éclairage :
Est-ce permis ? En conduisant de nuit à tâtons, sur la plupart des autoroutes que de fois vous êtes-vous retrouvé « jouant » à chambre noire en plein tunnel et puis une fois sorti au soleil vous voyez les poteaux lumineux, brillant de mille feux en plein jour. Trop, c’est trop ! !
Hystérisant, le cas mobylettes :
Et alors, ces motos qui poussent partout comme des champignons pendant que vous conduisez et qui se mettent à slalomer entre les voitures alors qu’il est impossible de les repérer dans votre rétroviseur ? Combien de fois avez-vous évité de justesse de tuer ces gamins sur ces horribles engins ?
Hérissant, le cas des hommes politiques :
Vous conduisez tranquillement, fredonnant un de vos tubes préférés, et voilà qu’une sirène agressive se met à hurler, que des Harley Davidson vous chopent, vous ordonnant de vous ranger de côté et que passe un convoi de grosses voitures aux vitres opaques qui vous traumatisent, réponse à cette question obsédante : mais où va l’argent du peuple ?...
Grave des graves, le cas agent de la circulation :
Des voitures qui font du sur-place, des klaxons qui vocifèrent, des chauffeurs qui sortent de leurs voitures avec de grands gestes, au milieu d’un agent imperturbable. Aurait-il des boules Quiès ? Accoudé nonchalamment au poteau, il discute avec son copain du carrefour d’à côté qui lui aussi a quitté son poste. Quant aux pénalités tellement ressassées sur le port de la ceinture de sécurité et l’usage du portable, rien à fiche, lui ! Puisque lui-même parle sur son portable tout en tirant sur sa cigarette. Un p’tit café peut-être, Môôôôôôsieur l’agent ?
En anglais l’expression est aussi sympa qu’expressive, « traffic jam » en langage familier. Le mot « bouchon » est lui aussi assez parlant. Il me fait penser à une bouteille de champagne dont on fait sauter le bouchon et donc, dans notre contexte, décongestionner le trafic. Que ce soit une appellation ou une autre, le problème demeure le même : des nerfs qui s’usent au rythme...

commentaires (1)

L'humour, le style, le sens de l'observation....Bref un vrai regal! Bravo Lina!

Jihad Mouracadeh

11 h 05, le 15 novembre 2011

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Commentaires (1)

  • L'humour, le style, le sens de l'observation....Bref un vrai regal! Bravo Lina!

    Jihad Mouracadeh

    11 h 05, le 15 novembre 2011

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