« Cette première phase devrait permettre de réhabiliter les vieilles centrales, de réduire les pertes techniques et commerciales grâce à un meilleur système de distribution et de collecte, d’améliorer l’efficacité de l’EDL par le biais de réformes structurelles, et enfin de mettre en place un environnement propice et attractif pour les investisseurs privés », indique à cet égard Hedi Larbi, directeur régional de la Banque mondiale (BM), dont les équipes ont contribué à l’élaboration de la feuille de route énergétique.
Selon l’économiste Louis Hobeika, les raisons du blocage étaient purement politiques et ne remettaient nullement en cause les fondements mêmes du plan qui devrait aider à augmenter la productivité de plusieurs secteurs, notamment le tourisme, l’industrie, l’agriculture, et booster à terme les investissements étrangers. Un avis partagé par M. Larbi : « Sur le plan technique ce plan se tient. Il est le fruit de longues années de travail et d’études de différents experts », explique-t-il.
Outre les avantages pour l’économie nationale, lourdement pénalisée aujourd’hui par un déficit énergétique croissant, le plan se propose également de mettre fin à l’hémorragie financière encourue par le Trésor public. Celui-ci transfère chaque année l’équivalent de quelque 10 % du budget de l’État pour couvrir le déficit de l’EDL. Sur les six premiers mois de 2011, ces transferts ont en effet totalisé 684 millions de dollars, après avoir atteint 1,2 milliard de dollars en 2010 et culminé à plus de 1,5 milliard de dollars en 2008 et en 2009. Inutile de rappeler que cette situation ne fait qu’aggraver l’état des finances publiques, qui souffrent déjà d’un service de la dette pesant à hauteur de près du tiers du budget. Le porte-monnaie des citoyens s’en voit également affecté. En plus des 700 millions de dollars qu’ils déboursent chaque année à l’EDL, les Libanais règlent quelque 1,7 milliard de dollars aux propriétaires de générateurs électriques, selon le ministère de l’Énergie.
C’est pourquoi l’annonce faite hier redonne espoir à toute la population libanaise, lasse de constater la dégradation du secteur, année après année, car un an et trois mois après l’adoption de ce plan « historique », aucune réforme concrète et déterminante n’avait encore été lancée. « Il ne faut pas toutefois crier victoire trop tôt, car comme n’importe quel plan, sa qualité sera jugée dans son application et sa mise en œuvre », conclut le directeur régional de la Banque mondiale.