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Nos Lecteurs ont la Parole

Oui à la communauté chiite, pilier de l’équation de 1943

Par Salim F. DAHDAH
Le temps n’est-il pas venu d’« appeler un chat un chat » et d’arrêter de se laisser entraîner dans cette spirale du mensonge, de la rouerie et de la peur que le Hezbollah impose effrontément à toute une nation par la force de ses armes, sa démographie et ses moyens matériels généreusement financés par une puissance étrangère ?
Mais avant d’aller plus loin dans un descriptif de la situation qui prévaut actuellement sur le terrain, il serait bon de rappeler que le Liban a vécu depuis 1943 trois confrontations intercommunautaires : la première,sunnito- chrétienne, en 1958 ; la seconde islamo-chrétienne en 1975, la troisième sunnito-chiite en cours depuis 2005. Les résultats des deux premières ont confirmé clairement qu’aucune de ces deux communautés n’a pu et ne pourra diriger chacune exclusivement le pays et que l’équation établie par la sigha a été et restera, tant qu’elle existera, la seule garante de l’identité nationale et de la perduration de toutes les composantes du tissu sociopolitique au sein de la nation. Qu’en sera-t-il de l’étape en cours, c’est-à-dire la troisième : est-ce que le Liban sera épargné et restera-t-il le réceptacle multicommunautaire tel que déterminé par sa formule constitutionnelle de 1943 et confirmée par le document de Taëf ? Assisterons-nous uniquement à une correction et à une actualisation des besoins, des limites et du rôle impartis à chacun des partenaires sociaux dans la nouvelle géopolitique nationale et régionale, où s’acheminera-t-on vers une dislocation et un changement fondamental de cette identité spécifique et originale, qui a été un exemple unique de tolérance intercommunautaire, d’ouverture et d’immunité contre les influences étrangères et les tentations de tous genres ?
Tout ce qui se passe depuis 1982, année de la formation du Hezbollah, est très significatif. Avant de le qualifier de parti de résistance contre l’ennemi, il faudrait plutôt y voir l’expression du réveil d’une communauté, les chiites du Liban, décrits par eux-mêmes à l’époque comme la frange sociale et communautaire des « opprimés » du pays. La constitution de ce parti a été d’ailleurs largement encouragée par le « Vatican » du chiisme de l’époque, à savoir l’Iran, qui a décidé de profiter de l’occasion pour implanter la wilayat al-faqih sur les bords de la Méditerranée et élargir son influence par rapport au chiisme arabe de Jabal Amel, et cela en créant une base communautaire militarisée dont l’objectif à court et moyen terme était tout d’abord la restructuration sociale et sécuritaire du chiisme libanais et son extension ensuite sur tout le territoire national. L’occasion pour réussir cette incursion, et plus tard son implantation, a consisté à former des combattants pour défendre une cause noble, à savoir la « Résistance contre Israël ». Mais rien n’aurait pu, là aussi, être concrétisé sans le financement énorme de la République islamique d’Iran mis à la disposition du Hezb durant bientôt ses trente années d’activités.
Comment, après ce bref tableau des tenants et aboutissants de toute l’action continue et systématique de ce parti à ce jour, peut-on imaginer que ses dirigeants puissent accepter avec tout l’arsenal qu’ils possèdent de se dessaisir de tous leurs acquis de guerre et de tutelle où d’interrompre leurs pratiques factuelles quotidiennes à la limite de la légalité ?
Comment vont-ils pouvoir réintégrer et respecter l’État des institutions alors qu’ils vivent, depuis la naissance du parti, en marge de la République et de ses institutions et qu’ils procèdent à la construction de leurs propres structures (sécuritaire, militaire, renseignements généraux, financières, télécommunications, médias, éducation, etc.) sans même tenir compte de celles existantes au niveau national ? Comment vont-ils se plier à une justice nationale qui ne s’aventure même pas à les poursuivre et à les appréhender, car elle n’a pas les moyens humains, logistiques et surtout politiques de le faire ? Ils sont intouchables à son niveau et à ce titre se réclament d’elle pour se soustraire à la justice internationale du TSL ?
Malgré ce sombre descriptif, et peut-être à cause de lui, nous nous devons de rappeler haut et court à l’aimable attention de messieurs les présidents de la République et du Conseil, que l’État n’appartient qu’à son peuple et non à quelques partis où dirigeants aventureux, en quête de pouvoir et de mainmise organisée sur la nation. De grâce arrêtez, avant qu’il ne soit trop tard, de plier devant les exactions et les menaces de ce parti tentaculaire et indécent qui n’a plus de garde-fous ! Les infrastructures de l’État, elles aussi, sont devenues malheureusement des « éponges » à essorer. Votre devoir est donc d’agir clairement et sans ambiguïté, et à vos côtés, tous les citoyens indépendants et honnêtes. Tous ensemble vous avez l’obligation, conformément aux lois de la République, de vous opposer démocratiquement mais fermement et systématiquement à ce glissement inquiétant qui consiste à transformer, de facto et quelques fois manu militari, les espaces géographiques privés et publics de ce pays en propriétés privées dudit parti, et à secouer verbalement où même physiquement, du haut de leur grandeur, tous ceux qui osent exprimer des avis contraires aux leurs. Même leurs propres alliés sont quelque part manipulés et utilisés, bon gré mal gré, comme « chairs à canon » face aux opposants à leur politique de noyautage et de dilution de l’État et de ses institutions. Toutes ses attitudes risquent d’entraîner le pays vers des horizons incontrôlables et détonants, car ils touchent de plein fouet un bouquet de qualités de vie que seul le Liban offre depuis plus d’un demi-siècle à ses habitants et à tous les citoyens du monde arabe. Nous n’en rappellerons que les plus importantes d’entre elles : les libertés, la démocratie, la justice, la tolérance, la stabilité, la paix civile, l’indépendance et la souveraineté nationale.
En conclusion, nous nous adresserons à nos frères chiites libanais et nous leur dirons que maintenant qu’ils ont obtenu le rééquilibrage de leur propre statut au sein de la nation, il serait temps d’envisager, non sans quelques sacrifices, la fin de leur conflit qui dure depuis 2005, avec nos frères sunnites, et leur retour d’enfant prodigue dans leur seule famille qui est celle de la République du Cèdre, pour en redevenir très vite un des piliers essentiels de sa sigha, mettant ainsi un terme aux confrontations intercommunautaires qui ont failli bouleverser irrévocablement le panorama constitutionnel original libanais et en veillant à le défendre et à le respecter pour assurer sa pérennité et son message.
Le temps n’est-il pas venu d’« appeler un chat un chat » et d’arrêter de se laisser entraîner dans cette spirale du mensonge, de la rouerie et de la peur que le Hezbollah impose effrontément à toute une nation par la force de ses armes, sa démographie et ses moyens matériels généreusement financés par une puissance étrangère ? Mais avant d’aller plus loin dans un descriptif...
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